Nicolas de Blégny, dans Les Secrets concernant la beauté et la santé (1639), recommande l'application d'onguents capables d'estomper les effets subversifs de la petite vérole :
"Prenez lard de porc mâle bien gras, sperme de baleine et d'avoine [...]. Prenez vinaigre blanc et urine d'une jeune personne qui ne boive que du vin. Ajoutez fleur de rose [...]. Prenez guimauve, oignons de lys blanc dans une demy livre d'urine d'une fille de neuf à dix ans [...]".
Un siècle plus tard, le docteur Hecquet préconise le recours à une crème d'étrange composition : "Prenez des limaçons avec leur coquille, la quantité que vous voudrez. Pilez-les avec parties égales de sucre candi. Il s'en fait un baume qui est excellent pour effacer les taches de la petite vérole".
Fort prisés par d'autres médecins, la salive de jouvenceau à jeun ou le gras de cadavre complètent la panoplie peu ragoûtante du parfait variolé. Mais en sous-œuvre, le délabrement demeure.
Médicalisée en Europe à partir de 1721, l'inoculation de la variole, ou petite vérole artificielle, faisait de longue date l'objet d'une pratique empirique et populaire en Afrique, en Asie et dans certaines régions rurales d'Europe. On avait en effet remarqué que la variole ne frappait jamais deux fois le même individu. La contracter au plus vite et au moment opportun, lorsqu'elle sévissait sous sa forme la plus bénigne, c'était déjà domestiquer le mal. Par ailleurs, l'inoculation de quelques gouttes de pus variolique dans un sujet réceptif provoquait l'éclosion d'une variole le plus souvent bénigne alors que la contagion atmosphérique attaquait l'organisme dans ses profondeurs, causant des ravages souvent mortels.
L'Algérie de Pétain, Pierre Darmon