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Vie de Mizuki tome 3 sur 3
EAN : 9782360810666
493 pages
Editions Cornélius (13/02/2014)
4.31/5   29 notes
Résumé :
L'Apprenti, troisième et dernier volume de Vie de Mizuki, l'autobiographie-fleuve du maître du manga, est enfin disponible! Nous y retrouvons Shigeru Mizuki, jeune marié et toujours à cours d'argent, courant à droite à gauche pour tenter de décrocher un contrat ou de récupérer les quelques yens qu'un éditeur en faillite a omis de lui régler.
Puis viennent les premiers succès et la naissance du studio Mizuki ; le rythme y est infernal et pour répondre aux comm... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Nous y arrivons : L'Apprenti est le troisième et dernier tome de la monumentale Vie de Mizuki, autobiographie en BD du grand mangaka Mizuki Shigeru. Un sacré boulot… le premier tome, L'Enfant, m'avait collé une immense baffe : indépendamment, c'était un chef-d'oeuvre. le deuxième tome, le Survivant, m'avait sans doute un petit peu moins parlé, bizarrement car les événements qu'il narre, horribles, sont la meilleure occasion de l'ensemble de mêler la grande et la petite histoire, au travers d'un vécu très légitimement traumatique – cela restait une excellente BD, toutefois. Et L'Apprenti ? J'avais lu pas mal de retours le situant encore un cran en dessous, même si toujours plus que recommandable… Après avoir tourné la dernière page, je ne suis pas vraiment de cet avis : c'est au moins au niveau du tome 2.



Finalement, c'est à se demander si l'expérience tellement terrible de la Deuxième Guerre mondiale, avec ce qu'elle implique tout à la fois d'intimité et de distance, dans le cadre plus global d'une évocation très détaillée, très documentaire, parfois, des horreurs du conflit, expérience par nature au coeur de cette BD autobiographique, n'était donc pas celle qui s'accommodait le moins bien d'un traitement manga ? Ce qui à la fois tombe sous le sens... et ne veut rien dire. C'est peut-être un peu bête de présenter les choses ainsi – et cela nécessiterait du moins quelques développements supplémentaires ; mais à vrai dire je ne sais pas comment gérer cet aspect… le rapport de Mizuki lui-même à ce qu'il raconte prohibe forcément toute critique qui se prétendrait « objective », ici.



Mais les épisodes antérieurs et postérieurs à la guerre bénéficient bien d'une relative légèreté, même s'il y a des moments très durs malgré tout. Surtout dans le premier tome, je suppose – avec le déluge de baffes ; ce troisième volume ne manque cependant pas de notes plus graves, fournissant son arrière-plan historique – ce qui inclut le tremblement de terre de Kobe, ou les attentats au gaz sarin par la secte Aum Shinrikyô, d'ailleurs contemporains ; mais Mizuki évoque aussi les Jeux Olympiques de Tôkyô, la « fin supposée » de l'hégémonie du PLD, etc. Cette relative légèreté autorise peut-être une lecture plus sereine – là où les séquences militaires, cauchemardesques, demandent davantage à être « digérées ». En fait, je tends à croire qu'il serait pertinent d'y revenir un de ces jours, maintenant que j'ai lu l'ensemble…



La gravité n'est donc pas absente de ce troisième tome, mais le ton demeure plus léger, oui – sans surprise : la situation précaire des mangakas comporte son lot de moments pénibles, mais qu'il est difficile de mettre sur le même plan que le cauchemar de la guerre de l'Asie-Pacifique, ses millions de morts ou la perte d'un bras… Mais, surtout, ce troisième tome a recours à une temporalité plus flexible que le tome 2, qui se montrait parfois extrêmement pointilleux dans l'évocation du déroulé de la guerre, presque jour par jour parfois : cette fois, mécanisme certes initié dans les dernières séquences du tome précédent, les ellipses sont nombreuses, et parfois très longues – car, si l'on débute en gros là où le tome 2 s'était arrêté, approximativement vers 1960, la BD s'achève dans les premières années du XXIe siècle (la dernière date explicitement citée est 2001, la BD est parue en 2005).



Ce qui a une autre conséquence. Ce troisième tome s'intitule L'Apprenti ? Mais Mizuki est bien loin de n'être qu'un apprenti tout du long – à moins bien sûr d'y associer un contenu métaphorique, ce qui se tiendrait, je suppose. Dans les premières pages, nous retrouvons notre mangaka, de moins en moins jeune (il a bien la quarantaine quand il commence à percer, ses collègues sont souvent bien moins âgés), et qui galère auprès des éditeurs de mangas, d'abord ceux du système des librairies de prêt, ensuite ceux des magazines. Mizuki s'étend (mais avec pertinence) sur sa situation très précaire, ni plus ni moins que celle de ses collègues cela dit : le travail acharné et qui paye mal, les commandes exigeantes qui ne sont finalement pas payées ni publiées, l'économie improbable de ces différents réseaux et l'absence d'une véritable protection juridique pour les forçats de la planche… À ce stade, Mizuki est encore L'Apprenti au sens le plus « strict ».



Mais ça ne dure pas éternellement : vers le milieu des années 1960, la situation de Mizuki change, car il se met à percer (notamment avec Kitaro le Repoussant). Sans transition aucune, l'apprenti mangaka devient le Maître Mizuki ! le travail, pourtant, à l'en croire, n'en est pas moins dur et aliénant : Mizuki doit toujours bosser autant – dans les années 1990 encore il s'en plaindra ! Mais, s'il ne souffre plus, heureusement, de la précarité de ses années de galère, il doit faire face à d'autres difficultés – essentiellement la responsabilité à l'égard de ses assistants. Parmi lesquels quelques noms « célèbres », du moins pour qui s'y connaît véritablement en mangas, ce qui n'est hélas pas mon cas – mais il y a beaucoup de développements intéressants sur l'histoire de la BD japonaise, ce qui va au-delà de l'évocation de ces seuls artistes : Mizuki parle de l'édition, des débuts de la revue Garo, ce genre de choses. Là encore, il me faudra y revenir quand j'aurai davantage de bagage… Quoi qu'il en soit, d'une certaine manière, les assistants font partie de la famille du Maître : durant ses années de galère, nous l'avons vu se marier, puis avoir des enfants… Sans s'y étendre, ce n'était pas le propos : en fait, on a vraiment l'impression que la situation de ses assistants le préoccupait bien davantage !



C'est que Mizuki, comme dans les deux premiers tomes, ne livre pas exactement un autoportrait flatteur. Avec sa famille tout particulièrement (sa femme surtout, nulle romance dans toute cette histoire), mais parfois aussi avec ses assistants, il se comporte régulièrement en vrai connard. Mais, en même temps, demeure cette idée marquante du tome 1 que cela tient peut-être avant tout à ce qu'il était totalement inadapté socialement : Mizuki n'est pas méchant, mais insouciant au point du manque d'empathie… Apparent ? C'est ainsi qu'il se décrit, mais c'est peut-être pour partie un biais : comment quelqu'un d'aussi dénué d'empathie pourrait-il livrer une oeuvre pareille ?



Cette ambivalence sera d'une certaine manière au coeur de la dernière partie de la BD. Car Maître Mizuki est désormais davantage en mesure de gérer son emploi du temps… Et il a la bougeotte. D'abord, il fait ce qu'il aurait dû faire depuis bien longtemps : il retourne, après plusieurs décennies, en Nouvelle-Guinée, d'abord accompagné de survivants japonais comme lui – des pages très fortes où l'on pèse tout le poids du traumatisme de la guerre ; mais il s'agissait surtout de retrouver la tribu qui lui avait sauvé la vie, sur la fin du conflit, alors qu'il se croyait condamné par la perte de son bras et par la malaria… Les liens persistent, les amis sont toujours là – et les voyages se multiplieront. Avec la tentation de fuir définitivement le Japon ?



Car il y aura aussi bien d'autres voyages ! Au Mexique, au Bhoutan, en Australie… Ce qui motive ces excursions ? le désir fanatique d'en apprendre toujours davantage sur les yôkai ! Mizuki se présente comme quelqu'un qui croit sincèrement à ces créatures qu'il a contribué à populariser. Pour lui, il va de soi que les yôkai ne se trouvent pas qu'au Japon – il parcourt le monde en ethnographe, et ramène de ses voyages statuettes, masques, enregistrements sonores, qui l'immergent toujours un peu plus dans le monde des esprits…



Du lard ou du cochon, dans tous ces récits ? À l'étranger comme au Japon, les années plus sereines de Maître Mizuki, qui a pu remiser de côté la souffrance et la galère de la première moitié de sa vie, sont aussi et peut-être surtout l'occasion de raconter quantité de petites histoires souvent très drôles, et qui n'ont clairement pas grand-chose voire rien d'autobiographique : l'assurance garantissant l'accès au paradis (qui débouche sur une histoire de doppelgänger), la gestion rationnelle de l'adultère, les funérailles de son tigre de mère – mais aussi, donc, la possession par un yôkai affamé (la femme de notre auteur craignant qu'il ne la mange !), ou encore une excursion dans les pyramides aztèques après avoir dégusté des champignons… Tout cela est très drôle, oui – décousu, sans doute, la fin de la BD n'a peut-être pas la cohérence de ce qui précède, mais le résultat est très enthousiasmant, et tire le volume vers le haut. Jusqu'à ces dernières planches où l'auteur vieillissant sent la mort approcher, raison de plus de se renseigner sur les yôkai de par le monde...



Un troisième tome à la hauteur, donc – avec son ton spécifique, finalement. Même s'il y a des hauts et des bas sur les trois volumes, le fait demeure : Vie de Mizuki est une BD extraordinaire – et il me faudra lire sous peu d'autres oeuvres du grand mangaka Mizuki Shigeru.
Lien : http://nebalestuncon.over-bl..
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Un manga autobiographique en 3 tomes. Voilà un programme de lecture attirant et je ne fus pas déçue ; j'ai avalé ces 3 gros livres - à lire de droite à gauche - d'une seule traite ; il m'a donc semblé plus naturel de chroniquer de la même façon ces trois tomes : d'une seule traite.

Avant d'être un grand mangaka Sigheru Mizuki de son vrai nom Mura Sigheru fut un petit garçon curieux et vif, vivant dans le Japon semi-rural d'avant la guerre de quarante. Rizières, bord de mer sauvage, bol de riz, baguettes, respect des aînés et bagarres de garçons dans les rues, rythment le quotidien du petit Mura. Dans cet univers ce qui le marquera durablement ce sont les histoires que lui raconte nonnonbâ une sorte de mémé qui s'occupe de la maison et qui vit entourée de paranormal. Pour nonnonbâ chaque manifestation désagréable dans le réel (maladie, cauchemar, chute...) est le fait d'un Yokaï, une créature surnaturelle du folklore et l'imaginaire japonais. Un mélange d'esprit, démon, fantôme qui prend des apparences monstrueuses et qui demande pour disparaître des rituels ou des postures adaptées. Ces passages sont de délicieux moments de rêverie et de découverte pour le petit garçon. Adulte, il fera de ces esprits les personnages principaux de ses mangas, le plus célèbre sera Kitaro le repoussant.
Peu enclin à l'obéissance, il fera une scolarité plutôt calamiteuse et c'est désolant de constater à quel point aucun enseignant ne captera son talent. Pourtant, le jeune Shigeru continue sa voie dans le dessin, sans savoir vraiment ce qu'il en fera. Flegmatique il suit sa route sans anxiété aucune et étrangement fini toujours par s'en sortir.

1942, il a 20 ans, il est enrôlé dans l'armée impériale et est envoyé en Nouvelle Guinée à Rabaul. le sud ! Cela fera l'objet de multiples planches et c'est assez traumatisant. Les privations, la malaria, la violence des supérieurs -vraiment l'éducation à la japonaise n'a rien d'attirant, tout est transmis à l'aide de gifles et de punition, école, armée, entreprise même style détestable - et surtout la faim omniprésente seront son quotidien calamiteux. Sighéru échappera plusieurs fois à la mort de façon parfois ahurissante. Il y laissera toutefois un bras, le droit ! S'il ne s'étale pas sur ce fait, j'ai appris en farfouillant sur internet qu'il avait dû vraiment s'accrocher pour redessiner de la main gauche. Avec son seul bras, on le voit découper des Yokaïs, constituer de gros classeurs (300 à la fin de sa vie) et surtout faire du vélo pour se détendre. le plus étonnant de cette période est la proximité qu'il va nouer avec les « hommes de la forêt », une tribu locale qui le considère comme l'un des siens et qui lui offre un morceau de terre pour s'installer. Il les quittera à contre coeur à la fin de la guerre mais finira pas leur rendre visite plusieurs fois avant sa mort.

De retour de la guerre, il laisse la vie s'écouler mais ses parents ne l'entendent pas de la sorte et lui trouvent une épouse. Douce et docile, elle s'occupe de leur foyer alors qu'il gagne à peine de quoi vivre avec ses dessins. Si le succès tarde à venir, il arrive quand même. On découvre dans le dernier tome le début de cette forme de narration, l'émergence de maîtres du manga vivant souvent comme des « clochards célestes ». Et puis les années passant, le Sud tribal qu'il a connu en Nouvelle Guinée viendra le hanter à nouveau comme un paradis perdu au milieu de la folie des hommes. Les parents vieillissent et meurent, les frères reviennent eux-aussi de la guerre, les enfants grandissent et Sigheru devient une célébrité. le Japon quand à lui après des années de misère post-guerre, joue de ses habilités politiques, de sa rigueur morale, de sa solidité sociétale, pour devenir une puissance économique et culturelle à la fois redoutée et enviée.

A lire absolument.
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Déjà fini...
Je sais Shigéru, l'art est difficile et ta retraite amplement méritée, mais n'arrête jamais de dessiner!
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
— Êtes-vous satisfaits de votre vie ?
— Pas vraiment. Il manque toujours quelque chose...
— Je m'en doutais. Afin de compenser les malheurs de la vie présente par les plaisirs de la vie dans l'au-delà, nous avons créé l'assurance «L'Autre vie». Contre une ridicule petite cotisation... nous vous garantissons le bonheur après la mort. Nous avons déjà bien assez de choses à gérer au quotidien... Si vous y souscrivez ce mois-ci... vous bénéficierez d'une invitation dans l'au-delà.
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Nous vivons dans une société qui n'entretient que peu de rapports avec la nature. Pour nous, la mort n'est qu'un objet de frayeur. D'une certaine façon, nous enterrons dans notre cœur nos parents bien avant leur mort.
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Le 7 janvier 1989, à 6 heures 33, l'empereur est mort d'un cancer de l'intestin. Son règne avait duré 62 ans : c'est à l'heure actuelle le plus long de l'histoire du Japon.
Après la cérémonie Taiso au Parc impérial de Shinjuku, son cercueil fut enterré au cimetière de la ville de Hachioji.
Sa mort marquaIt la fin de l'ère Showa.
Ce fut le début de l'ère Heisei.
Je me sentais moi-même apaisé. Probablement parce que j'étais enfin libéré de cette colère que je ne pouvais exprimer de vive voix.
Toutes les horreurs de la guerre avaient été perpétrées au nom de l'empereur. Inconsciemment je lui en voulais terriblement, même si je savais bien que ce n'étais pas justifié.
A présent il était mort et ma colère avait disparu avec lui. J'ai toujours eu horreur qu'on me prive de liberté. Ça explique peut-être pourquoi ma rage ne s'était pas calmée avant.
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J'avais alors plusieurs passe-temps : bricoler des maquettes, collectionner des images, ou me promener dans les cimetières. Dans les environs de Chofu, il restait encore beaucoup de cimetières tombés dans l'oubli. Ils me semblaient habités par des présences mystérieuses et envoûtantes.
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- Je parle au nom de tous les morts. Vous ne pouvez pas imaginer à quel point c'est dur de passer de l'autre côté. Et vous, vous m'avez refilée à une étrangère, pour ne pas avoir à vous occuper de moi. Aucun de vous n'était là au moment de ma mort. C'est ce que je vous reproche.

- On fera plus attention la prochaine fois.
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Videos de Shigeru Mizuki (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Shigeru Mizuki
À l'occasion du Festival International de la Bande Dessinée 2022, Xavier Guilbert vous présente l'exposition "Shigeru Mizuki, contes d'une vie fantastique" aux éditions
Retrouvez les livres Shigeru Mizuki : https://www.mollat.com/Recherche/Auteur/0-196389/mizuki-shigeru
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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