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EAN : 9782070144648
512 pages
Gallimard (15/03/2018)
4.25/5   2 notes
Résumé :
John Dewey est l’un des philosophes majeurs du XXe siècle, et certainement l’un de ceux dont la pensée se conjugue le plus étroitement aux courants et aux transformations qui en ont marqué l’émergence et les évolutions. Ses premiers travaux datent de la fin du XIXe siècle (il est né en 1859) et c’est au XXe que sa pensée connaîtra ses plus amples développements (il est mort en 1952).
Pendant toutes ces années-là, Dewey fut aussi un observateur et un acteur pa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
J'avais lu quelque part que John Dewey (1859-1952) était un philosophe particulièrement important pour Barack Obama. Rien que ça, méritait d'y regarder de plus près, et puis au cours de cette lecture j'ai reconnu aussi des tonalités de la sociologie de Pierre Bourdieu, etc... En tous les cas, le pragmatisme de Dewey est d'une étonnante profondeur qui vaut le détour.
Partant d'une simple logique de pensée, l'enquête, ces écrits politiques éclairent un nombre incroyable de problèmes dans les domaines de l'économie, l'éducation, la culture, les relations internationales, le droit, la politique. Des problèmes aussi concrets que le chômage, le crack boursier, la prohibition, la dictature et la guerre bien sûr car ces essais se déroulent sur toute la période de l'entre-deux-guerres.
Il faudra se débarrasser du préjugé d'anti-américanisme qui associe pragmatisme et esprit mercantile. On peut juste dire que le pragmatisme est bien né aux États-Unis, du moins c'est le philosophe américain William James qui lui a donné son nom. Mais il est vain, même pour les patriotes américains, de chercher un esprit spécifiquement américain, sauf peut-être dans la persistance d'un esprit pionnier, en soulignant néanmoins que les ressources inexploitées sont plutôt humaines que matérielles, ce sont des millions de chômeurs.
Les écrits politiques de John Dewey sont animés par une foi démocrate, libérale, socialiste, mais il faut immédiatement faire attention aux mots. Dans cette période de l'entre-deux-guerres, Hitler sera élu démocratiquement, le socialisme désigne aussi bien le stalinisme, et le libéralisme est synonyme de capitalisme.
Historiquement, Dewey voit cette période comme une transition où l'on observe un désajustement entre des dispositions mentales anciennes et des conditions sociales nouvelles, le développement très rapide et concomitant de l'industrie, du commerce et de la science. Aucun de ces mots n'est un gros mot, mais il faut mener l'enquête. Et celle-ci est d'autant plus intéressante que cette transition aurait tendance à durer comme l'indique la mentalité néolibérale qui n'est apparemment qu'une persistance du libéralisme très classique de John Locke (XVIIème siècle).
La question de la liberté est centrale, et de là découlent les différentes conceptions du libéralisme.
Le libéralisme classique est une conception d'un droit de nature qui donne « une justesse intrinsèque, en ce qu'elle confère aux impulsions le droit de se traduire dans des actions directes » indépendamment de toute conséquence sur la vie sociale. Dans sa version économique, cela se manifeste par le déni des actions de régulation gouvernementale. La vie sociale n'est donc considérée que comme une opportunité à exploiter à des fins privées. Dans sa version politique, cela se manifeste par des monopoles de l'universel qui ne tiennent aucun compte de la réalité des chances d'accès à l'universel. John Dewey est rejoint par Pierre Bourdieu.
A chercher une conduite dans les antécédents, des lois de natures où doivent se dissoudre les individus, il s'en suit une indépendance entre la fin et les moyens. C'est de cette manière que s'insinuent dans les discours, les arguments justifiant la violence. C'est ainsi que le marxisme trouve la loi historique de la lutte des classes comme une fin en soi à la place de la démocratie qui reste à l'état de promesse. Dewey sera critiqué pour avoir analysé sous le même angle, la doctrine communiste et « le monde UN de Hitler » ou la généalogie du nazisme.
« La liberté comme fin ne peut être atteinte que par la liberté comme moyen...Il est devenu extrêmement clair que le mode de vie démocratique nous engage à un effort incessant pour abattre les obstacles que sont les inégalités de classe, de chance, de race, de couleur et de nationalité, qui rendent les êtres humains étrangers les uns aux autres ».
Dewey précise qu'il n'est pas communiste, mais il est socialiste et libéral. Libéral au sens de la recherche d'un « individualisme nouveau » dans un monde industriel dont il faut accepter le caractère de plus en plus « incorporé » ou globalisé. Libéral veut dire partisan du choix éclairé et de la puissance d'agir dans cette nouvelle individualité, qui ne peut jouir de cette puissance que s'il elle agit en accord avec le tout, retrouvant ici le pragmatisme de Spinoza.
Le socialisme qui est décrit dans ces pages en disant à peine son nom est profondément pragmatique. L'égalité des chances ne se limite pas à fournir des écoles. La liberté de pensée, l'esprit d'enquête c'est-à-dire la logique pragmatique, doit y être enseignée très tôt. On parle d'éducation et de politique culturelle. C'est ça la démocratie, à la base de la vie sociale, et non pas uniquement figée dans des institutions et dans un droit de vote, ou encore dans une promesse dont les dictateurs pourraient tirer le pouvoir émotionnel afin de précipiter un peuple dans la violence (violence qui ne se limite pas seulement à la répression ouverte).
Mais Il faudra bien que les conditions économiques changent dans le sens de l'intérêt commun, nous dit l'auteur. Autrement dit, « il faut affranchir le commerce de ce qui le rend captif des intérêts privés ». Très bien, mais tout cela doit se traduire en acte et je n'ai qu'une petite idée de la portée de ses écrits. Mais je dois dire que je suis assez touché par la justesse de ses réfutations notamment sur la scène internationale vis à vis de ses contemporains, Bertrand Russell (son anti-américanisme), Trotski (réponse à « Leur morale et la nôtre »), H.G Wells (son Etat-monde), Goebbels et Hitler, etc..
Le pragmatisme en appelle plus à l'intelligence qu'à la volonté, cette même intelligence qui est à l'oeuvre dans l'industrie, le commerce et la science. La logique d'enquête, c'est l'esprit scientifique appliqué spécifiquement aux sciences sociales. Ces écrits politiques ne livrent aucun système, juste un aperçu de la logique pragmatique à l'oeuvre sur des questions pratiques.
Le pragmatisme n'empêche pas « l'audace spéculative », mais il est opposé à l'idéalisme. Dans sa critique l'auteur débarrasse les différentes propositions philosophiques de toute « phraséologie impressionnante », ce qui rend ce livre heureusement assez abordable.
Parce qu'il faut répondre à des problèmes courants, la philosophie est l'étude des croyances courantes : la psychologie populaire, les doctrines sous-jacentes en politique, en économie, etc…
Je pense au genre de conception du monde, dont fait partie le darwinisme social, qui opère sous couvert de modernité, mais qui est en réalité en contradiction avec « L'origine des espèces » : voici pour l'intro de ma prochaine lecture de John Dewey, « L'influence de Darwin sur la philosophie ».
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
N’est-il pas possible que le mercantilisme de notre système économique représente une force de restriction beaucoup plus grande que de supposées déficiences mentales ou psychologiques inhérentes à la majorité de la population.
...
Il n’est pas suffisant que les personnes assistent aux concerts gratuits, qu’elles fréquentent le Metropolitan Museum pour y contempler des tableaux, ou les bibliothèques publiques pour y lire des livres et acquérir une culture artistique, tant que leur environnement immédiat ou celui avec lequel elles sont directement en contact les habitue à des expériences sordides et laides.
...
Ceux qui, économiquement parlant, jouissent des plus grandes possibilités culturelles deviennent insensibles à la laideur de l'environnement humain.
...
Il existe une multitude de petites choses qui sont nécessaires à notre quiétude et à nos plaisirs au quotidien. (On perd beaucoup à identifier la culture, au sens esthétique, aux beaux-arts exclusivement).
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La liberté comme fin ne peut être atteinte que par la liberté comme moyen.
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Vidéo de John Dewey
https://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=60511&motExact=0&motcle=&mode=AND
IDENTITÉS RELIGIEUSES ET MONDE COMMUN
Penser les idéaux, les attachements et la participation sociale avec John Dewey
Anne-Sophie Lamine
Logiques sociales
Le religieux est-il un risque pour l'intégration sociale ? Croire est-il un engagement qui ne laisse pas de place au doute ? le religieux est-il un phénomène social comme un autre ? Pour cerner les relations entre identités religieuses et monde commun, cet ouvrage s'appuie sur des enquêtes portant sur des croyants de diverses religions. Il en propose sur une analyse pragmatiste, inspirée du philosophe social et politique John Dewey. Cette approche prend en compte le rôle des émotions et des attachements dans la croyance et dans ses perceptions. L'ouvrage ouvre aussi des perspectives sur le passage à la radicalisation du croire.
Anne-Sophie Lamine est professeure de sociologie à l'Université de Strasbourg et intervenante dans des formations professionnelles sur le fait religieux et la radicalisation. Ses recherches portent sur la pluralité religieuse et en particulier sur l'islam en France. Elle s'intéresse à la fois à la religion ordinaire et aux formes de rigorisme et de radicalité. Elle est notamment l'auteure de la cohabitation des dieux. Pluralité religieuse et laïcité (PUF, 2004) et l'éditrice de Quand le religieux fait confl it : Désaccords, négociations ou arrangements (PUR, 2013)
Broché - format : 15,5 x 24 cm ISBN : 978-2-343-15263-9 ? 29 juin 2018 ? 242 pages
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