J'avais découvert cette bande dessinée il y a quelques années, avec le premier tome, Trish Trash, rollergirl sur Mars. Et il a fallu attendre l'été 2019 pour que la suite sorte enfin. Non pas avec un deuxième puis un troisième tome mais en un volume unique, une intégrale. Je n'ai appris cette sortie qu'au tout début de cette année et je me suis empressée de l'acheter. Cela a été pour moi l'occasion de relire ce que je connaissais déjà afin de mieux me replonger dans l'histoire.
Trish est une Martiate, une humaine de 15 ans vivant sur la planète Mars, chez son oncle et sa tante. Les colons doivent faire face à de nombreuses difficultés : les menaçants indigènes, trouver de l'eau, rembourser de lourds prêts, etc. Heureusement, comme les Romains avaient les jeux, les Martiates en ont également, et notamment un sport qui fait fureur : le hoverderby, une version futuriste du roller derby. Trish rêve un jour de pouvoir intégrer l'équipe locale mais elle doit attendre sa majorité ; en attendant, elle travaille aux champs. Et voilà qu'un jour, elle tombe sur un indigène très affaibli. le fait est que, quand les Martiates parlent de ces êtres, c'est parce qu'ils détruisent des installations humaines, ou encore parce qu'ils auraient l'aspect d'un insecte humanoïde – de quoi donner des cauchemars. Seulement, Trish, qui n'est pas dénuée d'empathie, voit bien que si elle n'aide pas l'indigène, il va mourir. Alors elle l'aide et le cache.
Rollergirl sur Mars aborde de nombreux sujets tels que l'amitié (un grand classique), la lutte des classes, le racisme (ici, envers les Martien·nes), l'appropriation des terres par les colons, etc. Cela fait beaucoup de sujets pour seulement deux-cents pages et pourtant, ils sont tous bien évoqués, à défaut de pouvoir être traités de façon aboutie – nous ne sommes pas dans un essai mais dans une bande dessinée, et son but premier est de nous divertir.
Si l'histoire ne manque pas de messages, elle ne manque pas non plus de nous faire traverser nombre de sentiments, qu'il s'agisse de la joie, de la peur, de la colère… Car c'est aussi ça, le talent des auteur·rices de BD : en peu de pages, en peu de cases, nous dire et nous faire ressentir beaucoup. C'est ce que
Jessica Abel réussit à faire ici avec Rollergirl sur Mars.
Je tiens également à saluer la grande diversité des personnages : que ce soit leur couleur de peau, leur poids, leur orientation sexuelle, etc., il y a beaucoup de corps et d'individus très différent·es les un·es des autres. Aussi, il y en a qui sont peu appréciables et pour qui je me suis finalement prise de sympathie ; les héroïnes (et héros, mais il y a peu d'hommes) de cette bande dessinée ne m'ont pas laissée indifférente et je les ai trouvé bien travaillées, avec leur complexité, leur sensibilité et évoluant au fil des planches, cela même pour les personnages secondaires.
Alors oui, c'est une chouette bande dessinée mais je tiens à vous prévenir : il y a un point sur lequel nous n'avons pas de réponse (ou plutôt si, mais je doute que ce soit la vérité), de même que la fin est ouverte – et je sais qu'il y en a parmi vous qui déteste ça. Pour ma part, les fins ouvertes, je les apprécie si elles sont bien faites. Concernant Rollergirl sur Mars, j'étais un peu déçue que cela se termine si vite, qu'on ne sache pas la suite des événements même si je peux les deviner. C'est en partie dû au fait que j'ai apprécié les personnages et que j'aurais aimé quelques pages supplémentaires avec eux. Toutefois, c'est une bonne fin, très satisfaisante et dont la grande réussite est que j'ai ressenti la joie du groupe d'héroïnes. Malgré les difficultés et les injustices, elles sont là, ensemble, et elles se soutiennent.
Je vous recommande donc Rollergirl sur Mars, une BD qui n'est peut-être pas parfaite mais qui m'a apporté beaucoup de plaisir de lecture, avec de l'aventure, des émotions… et qui a en plus la bonne idée de nous proposer de la diversité dans ses personnages (et cela n'est pas très fréquent, d'où le fait que je le souligne).
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