L'auteur rêvait de travailler dans le cinéma, et avait choisi ses études pour accomplir ce rêve. Mais les aléas de la vie, notamment la guerre dans son Liban natal, en ont décidé autrement. Toufik se retrouve à Paris comme chauffeur de taxi, seulement pour quelque mois, pense-t-il d'abord. Il prend goût à ce métier, et le provisoire se prolonge.
Dans une cinquantaine de courts récits, l'auteur nous fait partager autant de rencontres et d'aventures de quelques courses qui l'ont marqué. Il y apparaît comme un chauffeur attentionné, qui aime les autres et ne juge pas hâtivement.
Ses récits sont cependant très décevants, tant ce qui a pu le marquer semble d'une grande banalité.
Son véhicule a pris feu, soit.
Il a transporté Guy Marchand et ils ont papoté ensemble, soit. Je n'aime pas ce chanteur ni le jazz qu'il vante, et suis un peu jeune pour bien connaître ses prestations d'acteur. En outre, même si j'en avais été un grand admirateur, la banale conversation qu'il eut un soir avec un chauffeur de taxi n'aurait eu aucun intérêt.
Les échanges de l'auteur avec des personnalités politiques transportées ou les portraits qu'il dresse d'elles, plus intéressants, ne m'ont guère surpris. Harlem Désir, et Rama Yade, méprisants et imbus d'eux-mêmes ce n'est pas un scoop ; la guéguerre entre les 'fillonnistes' et les 'copéistes' non plus, même si elle permet à l'auteur d'exprimer son sens de l'humour.
J'ai lu des témoignages de professionnels exerçant d'autres métiers qui m'ont beaucoup plus intéressé et amusé : ceux d'un médecin légiste, d'un infirmier, d'un gynécologue, d'un salarié d'une entreprise de pompes funèbres... Peut-être ces dernières professions amènent-elles ceux qui les exercent à être plus proches de leurs clients que celle de chauffeur de taxi, et par suite à en tirer des anecdotes plus originales et plus révélatrices de la nature humaine.
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Au début des années 80, Toufik Abou-Haydar a quitté son Liban natal pour faire des études de Droit à Paris, qu'il a vite abandonnées pour s'orienter vers le cinéma. En attendant de réaliser son rêve et de faire carrière comme scénariste, il a pris un boulot de taxi. Une solution transitoire, un job alimentaire... qu'il occupe finalement depuis trente ans, tout en écrivant des poèmes, des chroniques.
Dans ce premier recueil qu'il publie, il évoque justement ce métier, ses journées de onze heures, ses nuits, ses déambulations dans Paris au son de FIP-radio et de Franck Sinatra, ses pauses lecture entre deux courses, ses clients, leurs échanges.
Le témoignage est honnête, un peu naïf, parfois un brin mesquin - l'auteur n'hésite pas à balancer sur tel ou tel people mal embouché. Mais toujours agréable à lire, quoi qu'il en soit.
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L'auteur est chauffeur de taxi à Paris depuis 25 ans et a la goût de la littérature ; toujours un livre dans sa boite à gant pour les attentes. Dans ce recueil, il relate quelques rencontres marquantes et anecdotes émouvantes ou amusantes survenues dans son activité de taxi. Un recueil plutôt agréable à lire. Quelques unes sont très intéressantes et racontées avec beaucoup d'humanité et de tendresse. En revanche, j'ai regretté l'abondance des anecdotes concernant les "people". En 25 ans, il en a certainement transporté un certain nombre et a du entendre des conversations instructives. Mais elles sont, souvent, les moins intéressantes et se limitent parfois à souligner que tel ou telle s'est comporté de façon malpoli(e) ou au contraire très amicale. Personnellement, la vie des "people" ne m'intéresse absolument pas. de plus, raconter que tel ou tel personne a eu tel comportement ce jour-là , peut laisser penser que ce comportement est significatif chez elle, alors qu'elle était peut être simplement malade, de très mauvaise humeur ou très préoccupée, people ou pas.
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Merci pour ces balades quotidiennes, nocturnes comme diurnes, avec des descriptions profondes de variées des réalités humaines - fugaces et transparences, telles qu'elles se dévoilent au contact des serviteurs d'un temps. L'humain est convaincu de ne rien risquer ni jouer dans la relation... temporaire comme hypothétiquement unique. L'auteur transmet, avec douceur et justesse, ces instants de vie aussi légers que prégnants. Agréable.
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- Tu sais, je vais avoir du mal à faire ce métier, c'est trop de contraintes.
- T'es un petit nouveau ?
- Je compte juste faire le job pendant six mois, un an, à tout casser.
- On a tous dit ça, mon pote. Mais quand tu tombes dans le taxi parisien, soit tu te dégonfles et tu te barres dans les premiers jours, soit tu y restes toute ta vie. Y a des trucs super dans ce boulot, t'es libre et c'est déjà ça.
(p. 14)
Retour ensuite à la case départ. Et c'est Harlem Désir qui grimpe à son tour. J'ai quelques réticences. Ce monsieur, comme à chaque fois que je le prends dans mon taxi et contrairement à ses camarades, ne me dit ni bonjour, ni s'il vous plait, ni merci, ni au revoir. Le stress de son travail, sans doute...
(p. 123)