Juste après avoir retiré le DVD
des vents contraires de mon lecteur, je me suis plongé dans le dernier roman en date d'
Olivier Adam, ces fameuses Lisières sorties à la rentrée littéraire de 2012 et que j'avais classé en tête des romans que je voulais lire à cette époque.
Finalement, je ne l'ai pas lu à sa sortie, mais j'ai profité de sa-rapide- publication en poche, chez J'ai Lu, pour me plonger avec avidité dans ce pavé de plus de 400 pages.
C'est d'ailleurs assez étrange comme sensation d'enchainer les Vents contraire (le film) et ces Lisières, vu que les noms des personnages sont les mêmes: là encore, le narrateur s'appelle Paul Steiner et il est écrivain, sa femme, est dans les deux livres infirmière et s'appelle Sarah, et ses deux enfants portent également le même prénom et sembler possèder des caractéristiques similaires.
Je savais qu'
Olivier Adam creusait un peu le même sillon dans ces romans, à l'image d'un
Philip Roth , mais cette continuité dans son travail ne m'avait jamais autant sauté aux yeux. En tout cas, cela a du me gener quelques lignes seulement, car ensuite, j'ai été totalement pris par ce livre et par la façon dont Adam mélange à ce point autofiction (ce Paul Steiner lui ressemble énormément sur plein de points), intrigue à rebondissements (il ya dans ce livre une noyade, des révélations familiales, des trahisons...) et réflexion intime et pertinente sur le retour aux sources .
Ces lisères sont sans doute- sur le papier et à la lecture- le roman le plus audacieux et le plus ample de son auteur, tant il peut -être appréhendé à différents degrès de lectures :
Olivier Adam mêle l'histoire personnelle d'
un homme expulsé de sa propre vie ( sa femme l'a quitté au début du roman et il voit peu ses enfants, à son grand désarroi) à l'histoire des classes moyennes aujourd'hui en France. Adam arrive à tisser cette histoire intime à ces réflexions sociologiques et poltiques avec un brio absolu.
Paul est paumé géographiquement, affectivement, socialement. Et ceux qui gravitent au fil de ses longs et passionnants chapitres ne sont pas plus solidement ancrés que lui dans la réalité quotidienne.
Ce constat est certes peu reluisant, mais en même temps il sonne terriblement juste. Sa fresque prend alors des accents de vérité incroyable, tout en portant un souffle romanesque parfois incroyable, alors même que son écriture n'a jamais été aussi sèche, débarassée des fioritures de ses débuts.
Adam ressasse toujours les thèmes qui lui sont propres, et qui ne sont pas forcément d'une grande gaeité ( la dépression, la recherche de sa place dans un monde vide, la difficulté d'être père, les hypocrisies du monde de l'édition), mais je me suis tellement reconnu dans certaines de ses pensées et dans la justesse de ses propos que c'est le plaisir de lecture qui est largement au bout.
Ce récit fait terriblement écho à nos histoires personnelles, même si l'on n'est ni romancier, ni issu de milieu ouvrier, ni séparé de sa femme et de ses gosses, et c'est tout l'immense talent d'Adam de nous donner cette impression là avec une jublitation permanente de lecture.
Oui, jubilation, car c'est vraiment le sentiment que l'on ressent en plongeant avec ce Paul dans les méandres de son passé, un plongeon certes douloureux (sa famille n'est pas des plus aimables-doux euphémisme) qui lui permettront peut-être de renaitre à la et à ce moment là, qu'importe l'enfance que l'on a eu, le récit ne peut que se faire écho à notre propre histoire, surtout si on a ( comme moi) un peu coupé avec ses racines familiales.
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