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EAN : 9788439730866
288 pages
Random House (01/01/1900)
4.5/5   1 notes
Résumé :
Présentation de l'éditeur
Nueva edición de Relatos reunidos de César Aira. Incluye tres relatos inéditos.

«Las historias de Aira parecen fragmentos de un infinito e interconectado universo en constante expansión.»
Patti Smith

Un genio de la botella de leche mágica que te ofrece elegir entre ser Picasso o tener un Picasso; un perro furioso que le ladra a un colectivo en marcha y un pasajero que recuerda algo que había creíd... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
« El Cerebro Musical » (2005, Eloisa Cartonera, 23 p.) republié et étendu (2013, Literatura Random House, 280 p.) est un essai la littérature et l'écriture de César Aira, non traduit en français, mais en anglais par Chris Andrew « The Musical Brain and other stories » (2005, New Other Directions, 351 p.). L'ensemble comprend une vingtaine d'histoires sur des excentriques, des monstres et des fous. La nouvelle qui donne le titre au recueil a été publiée pour la première fois dans la revue « The New Yorker » le 05/12/2011. César Aira et sa célèbre « fuga hacia adelante » ou fuite en avant vers l'inconnu. Il contient surtout un long essai sur Marcel Duchamp « Duchamp en Mexico » qui fait pendant à un article identique sur Picasso publié plus tard dans « The New Yorker », (11/08/2014).
« Evasión y otros ensayos » est un autre essai, en espagnol non traduit. Composé de cinq textes, « Evasión y otros ensayos » (2018, Literatura Random House, 001 edicion, 128 p.), est précédé de « Cuatro Ensayos » (2017, Random House Mondadori, 128 p.). Ils expriment globalement les fonctions littéraires de César Aira, au travers de ses lectures. Les thèmes fondamentaux pour l'auteur argentin comprennent la forme et le contenu de la narration, le processus de création et finalement sa vision de la fonction de la littérature. « L'écriture est une chose mentale, l'écriture est un métier »
Globalement « Evasion y otros ensayos » part de Robert Louis Stevenson et tente de donner des arguments en faveur de la fiction de divertissement. le premier essai traite de l'évasion littéraire, et loue l'agréable « inutilité » de la littérature dans « Discurso Breve » (Bref Discours). Ce dernier est un texte avec lequel il a ouvert le Festival de littérature de Berlin de 2016. Les essais de César Aira sont à la fois lumineux et percutants. La démarche littéraire proposée par Raymond Roussel, son référent dans l'avant-garde, « La clava unificada » (la clé unifiée) ou cet autre dans lequel il analyse le concept de "génie" à travers la figure de Salvador Dalí, un autre de ses grands modèles, complètent ce volume. C'est une compilation qui se termine par un autre essai sur le thème de l'essai.
Enfin « Cuatro Ensayos » (2017, Random House Mondadon, 128 p.) complète les idées se César Aira sur le même thème. Il comporte cinq essais « Evasion », qui expose des idées générales, prenant exemple sur Stevenson et la littérature d'évasion. Un texte plus court « Short Speech » (ou « La clava unificada ») délivré au festival de littérature de Berlin en 2016 sur Raymond Roussel, initialement publié dans « The New Yorker » et enfin sur Salvador Dali. « Taxol: precedido de Duchamp En Mexico y La Broma » (« Taxol », précédé de « Duchamp au Mexique », et « La Blague ») (1977, Simurg, 106 p.).

Enfin les interviews et textes dans les revues complètent cette compilation. C'est ainsi que « La Nueva Escritura » sur le blog de « Multiversos » (05/06/2022) est un texte essentiel su l'écriture de César Aria.
C'est sans compter les fragments qui sont parsemés dans ses romans et qui traitent de la même question. Il est également compliqué de rassembler ces textes, soit dans leur édition originale ou traduite. On pourra y ajouter l'excellente analyse de Eduardo Subirats « Linterna Magica Vanguardia Media y Cultura Tardomodernas » (1997, Ediciones Siruela Madrid, 243 p.).
Ce qu'il faut voir, et retenir, de cette revue, est la complexité, et surtout l'abondance des textes dans lesquels Aira parle de créativité et d'imagination. Tout d'abord, les différentes nouvelles alors rassemblées ne traitent pas toutes de l'écriture. Ou quelquefois, c'est en quelques lignes seulement, au détour de l'histoire. Il n'est pas facile de séparer ce qui est à qui et pour quoi. Ensuite la foultitude des textes, entre les originaux et les traductions, compilations et extraits. Ensuite, il n'y a pas moyen de se fier aux titres, qui souvent chez Aira ne reflètent pas vraiment ce qui sera la suite, ou le but de l'histoire. Alors, dans ce cas, on part beaucoup à l'aventure, avec des textes également très inégaux.

Les thèmes fondamentaux pour l'auteur argentin comprennent la forme et le contenu de la narration, le processus de création et finalement sa vision de la fonction de la littérature. « L'écriture est une chose mentale, l'écriture est un métier ». En gros, ces essais donnent à méditer des impondérables et des intrigues bizarres et apparemment hors contexte, ainsi que des prises de conscience réfléchies et passionnées sur la réalité quotidienne.
Tout part de son enfance, telle qu'il la décrit dans « El Cerebro Musical » (Le Cerveau Musical). « Je devais avoir quatre ou cinq ans. C'était dans ma ville natale, Coronel Pringles, au début des années cinquante ». La famille va diner au restaurant. C'était un « luxueux restaurant de l'hôtel et on nous avait assis, raides et inconfortables, autour d'une table recouverte d'une nappe blanche et chargée de couverts en argent, de grands verres à vin et de plats en porcelaine à bords dorés ». Dans un certain décorum, donc. Et comme toujours chez Aira, on part dans une direction totalement imprévue, et indépendante de ce qu'il va présenter par la suite.
« Je me souviens du va-et-vient continuel des gens qui se levaient et portaient des caisses pleines de livres à une petite table comme un autel au fond de la pièce ». Sarita Subercaseaux, qui fut plus tard la première bibliothécaire en chef, ainsi que la directrice du lycée, collationnait les caisses de livres. « La boîte idéale aurait été celle dans laquelle tous les livres seraient différents ; le pire (et c'était le cas le plus fréquent), une boîte ne contenant que des exemplaires du même livre ». Ce décorum, l'importance des livres, l'interpellent. « J'inventais toujours des histoires et des machinations pour donner un sens à des choses que je ne comprenais pas, et je ne comprenais presque rien. Quoi qu'il en soit, d'où l'explication aurait-elle pu venir ? ». C'est donc de loin que remonte son sens de l'invention et de la création de schéma, grâce à sa boulimie de lecture. « J'étais le lecteur le plus vorace de Pringles ». Se renseignant sur ce qu'était devenue Sarita Subercaseaux, sa mère lui apprend que « Elle est morte avant ta naissance. Elle était déjà vieille quand j'étais une jeune fille ». L'irruption de l'irréel, pour ne pas dire du fantastique.
Par la suite, il y a un cirque à la Fellini avec des nains jumeaux en costumes noirs assortis (qui se retrouvent assassinés), un ancien bibliothécaire avec une ruche et un visage poudré de rose ainsi qu'une chrysalide tueuse qui pond des oeufs et à qui poussent des ailes. Sans parler du cerveau musical lui-même. Ce dernier émet par intermittence des sons pour des personnages arbitraires. C'est un peu comme les signaux d'une étoile en fin de vie.
Dans « Duchamp au Mexique », le narrateur décide d'acheter un livre d'art sur Duchamp lors d'un voyage à Mexico. Pas un livre sur un artiste mexicain mais plutôt un livre sur l'artiste surréaliste français qu'affectionne le narrateur. Et puis, cela lui parait une bonne occasion. Il fait donc l'emplette pour quatre-vingt-dix-neuf pesos. Un peu plus tard, une nouvelle occasion s'offre à lui. le même livre, mais à quatre-vingt-quatorze pesos. Puis une autre encore moins chère. Finalement, il achète dix livres, le dernier étant à 53 pesos. Presque moitié prix. S'ensuit entre chaque achat un calcul compliqué de ce qu'il a acheté, de l'argent qu'il a économisé à caque achat, et de la somme ainsi gagnée. C'est assez compliqué à suivre, on est dans du César Aira, mais il en résulte qu'en fin de compte, il calcule que pratiquement le premier livre qu'il a acheté ne lui a pratiquement rien couté, au vu des économies réalisées par la suite.
Toujours à propos de chiffres, il en tire un argument imparable, transformant les chiffres en images. « Passons aux chiffres, car avec eux il suffit de faire le schéma. Chacun de ceux qui écrivent un roman sur ce schéma prendra soin de mettre la chair et les larmes de l'imagination là où je mets le signe abstrait, le point par lequel la courbe se trace ou le volume se soutient. Là où il verra un cinq, il mettra un sourire, là où un neuf tirera dans le noir, là où un six aimera... Il saura extraire toutes les possibilités. Un quinze (le bruit de la pluie) pourrait être la somme de huit (un divorce) et de sept (une coupe de cheveux). Etc ». le calcul devient objet d'art.
« Picasso » nouvelle initialement publiée par « The New Yorker » (22/08/2014) sur 10 pages commence par un jeu de mots sur « Su Majestad, escoja » soit « Votre Majesté, choisissez », qui peut également être lu comme « Su Majestad es coja » signifiant « Votre Majesté est boiteuse ». le choix initial est quasi un dilemme digne de Hamlet interprété comme étant « avoir un Picasso ou être un Picasso ». César Aira s'explique. le narrateur, assis à un café, tient sous son bras une toile de Picasso. Il est à la terrasse du café d'un musée d'art, et réfléchit » à comment s'y prendre avec sa toile. « Au premier abord, c'était un chaos de figures disloquées, une superposition de lignes et de couleurs sauvages mais fondamentalement harmonieuses. Puis j'ai pris conscience des belles asymétries qui sautaient au spectateur, puis se cachaient, puis réapparaissaient ailleurs, puis se dissimulaient à nouveau ». Et en filigrane, César Aria pose le problème de la pauvreté. « Devenir Picasso » aurait signifié qu'il deviendrait immensément riche, une situation qui pourrait interférer avec sa tranquillité d'esprit. Il décide alors d'« avoir » un Picasso. Il réfléchit aussi sur la notion d'oeuvre d'imagination, en prenant exemple d'un paquet de cartes. « La reine, composée de tant de plans entrecroisés qu'elle semblait avoir été extraite d'un paquet de cartes pliées cent fois, réfutant l'idée que neuf est le nombre maximum de fois qu'un morceau de papier peut être plié en deux ». le passage entre les cartes à jouer et le nombre de pliage est un raccourci fortement écourté.
Parmi les autres textes de cet ouvrage, en plus de « Picasso » et de « El Cerebro musical », on trouve.
« Una Pared de Ladrillos » (Un Mur de Briques), c'est une nouvelle dans laquelle un jeune homme se souvient de son temps passé au cinéma et de son grand amour pour les classiques du cinéma, en particulier les thrillers d'Alfred Hitchcock
« Revista Atenea » (Athena Magazine) narre l'histoire d'un éditeur de magazine qui devient obsédé par l'apparence, faisant passer la conception et le formatage mathématique avant tout. Ceci par rapport à un objectif initial qui était de fournir de la poésie, des sentiments et même des idées révolutionnaires aux lecteurs. Cela fait partie de ses nombreux textes sur l'écriture et les thèmes littéraires.
« El Perro » (Le Chien) est un conte du genre de ceux de Kafka. Un homme est poursuivi par sa culpabilité pour un fait, non spécifié, qu'il n'a apriori pas commis.
« En el Café » (Au Café) est ressorti en un ouvrage indépendant « En el Café » (2011, Belleza y Felicidad, 20 p.). C'est un exemple ludique du lien d'Aira avec le fonctionnement d'un innocent. Ce dernier s'aventure dans le café de son choix et consigne ses observations sur papier, puis se débarrasse rapidement de la page manuscrite. Il est à la fois le patron qui fabrique et fournit du divertissement et l'enfant qui va et vient dans le flot de ce qu'il appelle le présent perpétuel. « L'absorption immédiate de la réalité, à laquelle les mystiques et les poètes s'efforcent en vain, est ce que les enfants font tous les jours ». C'est aussi ce que fait César Aira « Je peux continuer à inventer indéfiniment », tout en écrivant l'incompréhensible avec un tel plaisir compatissant que l'incompréhensible commence à se comprendre lui-même.
« La Fiesta del Té de Dios » (La Tea Party de Dieu) est une histoire assez farfelue, dans laquelle Dieu célèbre traditionnellement son anniversaire en organisant une fête pour les singes. Surviennent accidentellement des particules subatomiques qui s'introduisent accidentellement dans ce somptueux rituel. Cela déséquilibre involontairement l'univers, intensifiant le comportement frénétique des singes et provoquant même un étourdissement momentané de Dieu. Ces modifications infinitésimales entraînent un nouveau niveau de chaos. On pense alors au chaos généré par un battement de l'aile d'un papillon à l'autre bout du Globe. César Aira se fait physicien, mais aussi, à la fois l'enfant, l'être qui a l'audace d'émerger et le pouvoir de se dissiper.
« Mil Gotas » (Un Millier de Gouttes) est une adapation très libre, il faut le reconnaitre, avec une vision très surréaliste, du vol de la Joconde. le célèbre tableau se dissout en minuscules particules de peinture. Ces gouttes de peinture décident de quitter le tableau et de se lancer dans une foule d'aventures sauvages). Elles errent dans l'univers, créant des miracles mineurs ou des catastrophes cosmiques majeures partout où elles se posent.
« El todo que se Abre Paso a Través de Nada » tout ce qui s'est passé à travers de rien) dans lequel un écrivain voit le dos d'un fantôme.
« El Hornero » (le Boulanger). L'histoire semble déterminée à ramener un seul point à la maison pour des pages dont il est facile d'oublier les merveilleux moments. Alors que dans d'autres cas, des dizaines de points forment un ensemble harmonieux sur une seule page
« El Carro » (Le Charriot) se termine par une séquence assez folle et totalement déjantée.
« Pobreza » (Pauvreté) reprend le thème développé dans « Picasso » sur la création et l'imagination. « C'est peut-être pour ça que tu m'en veux, mais c'est la source de toute ton originalité, et vu ton inadaptation, sans originalité, tu n'es rien ».
« Los Ositos del Topiario de Parque Arauco » (Les Ours Topiaires du Parque Arauco) pour ceux qui auraient toujours des envies de taille assez surprenantes de leurs haies. Ou pris à un degré second, ou tiers César Aira oppose le côté scintillant du consumérisme qui taille ses massifs arborés, à la misère des bidonvilles.
« El Criminal y el Dibujante » (Le Criminel et le Dessinateur) ou comment comparer un asocial notoire qui semble s'agiter délibérément en dehors de la vie avec le monde de la littérature avec un l'majuscule.
« El Infinito » (L'Infini) avec deux enfants qui jouent à un jeu de chiffres d elur invention, dont on ignore les règles.
« Sin testigo » (Sans Témoin), un acte criminel a eu lieu, qui n'implique qu'un schéma ultra-simple mais n'a jamais pu être, soit écrite soit analysée.
« Los Dos Hombres » (Les Deux Hommes) dans laquelle un étudiant en travail social a tenté d'aider deux hommes qui vivaient isolés. Incapable de les photographier, il doit les décrire par écrit. le problème est d'alors adapter son texte à la réalité pour pleinement les représenter dans son rapport.
« Actos de Caridad » (Actes de charité) semble s'inspirer de la vie de Jorge Mario Bergoglio, qui deviendra plus tard le pape François. La beauté et la sombre vérité traversent son travail. Des histoires politiques qui servent de métaphore aux riches institutions religieuses. Ainsi, au fil du temps, de nombreux prêtres ont utilisé des fonds destinés aux pauvres pour construire et entretenir un soi-disant monument à la charité avec un parc luxuriant, privilégiant la grandeur esthétique aux besoins de la foule des ouailles.
« Cecil Taylor » est un peu comme « Picasso » sans véritable rapport avec le reste. César Aria commence par observer une prostituée fatiguée, avant de passer à un bluesman qui subvient à ses besoins avec des petits boulots tout en essayant de trouver du travail en tant que musicien. Il est vrai que leurs problèmes sont identiques. La musique et le style d'écriture d'Aira semble parfois perdre le fil des moments surréalistes de la vie qu'ils capturent si bien pour se poser des questions sur les médias eux-mêmes.


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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Je devais avoir quatre ou cinq ans. C'était dans ma ville natale, Coronel Pringles, au début des années cinquante

C’était un « luxueux restaurant de l'hôtel et on nous avait assis, raides et inconfortables, autour d'une table recouverte d'une nappe blanche et chargée de couverts en argent, de grands verres à vin et de plats en porcelaine à bords dorés ».
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« Je me souviens du va-et-vient continuel des gens qui se levaient et portaient des caisses pleines de livres à une petite table comme un autel au fond de la pièce ».
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