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Christilla Vasserot (Traducteur)
EAN : 9782267044072
120 pages
Christian Bourgois Editeur (20/05/2021)
3.25/5   4 notes
Résumé :
Au cœur d’Esquisses musicales se trouve un personnage paradoxal : un peintre que l’on n’a jamais vu peindre, et dont aucune œuvre n’a jamais pu être admirée. C’est pourtant à lui que l’on a confié la tâche de décorer les murs de la mairie de Coronel Pringles, une ville d’Argentine. Cet homme est-il vraiment l’artiste qu’il prétend être ? Et plus largement, qu’est-ce qui fait de quelqu’un un artiste ?

Pour tenter de dissiper son mystère, le narrateur s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
« Esquisses musicales » de César Aira, traduit par Christilla Vasserot de « Pinceladas musicales » (2021, Christian Bourgois, 120 p.) parait en même temps que « le Tilleul ». Tous deux se passent à Coronel Pringles où l'auteur a passé sa jeunesse. le livre raconte l'histoire d'un peintre, qui bien sûr ne peignait jamais. Même si on lui a confié la réalisation des fresques du « Palacio de la Municipalidad », terme qui désigne la mairie de la ville, superbe bâtiment blanc, presque de style quasi stalinien qui trône avec sa grande horloge.
« Quand j'étais enfant, au début des années cinquante, un artiste-peintre vivait à Pringles avec ce prestige ambigu que possèdent ceux qui pratiquent des activités improductives dans une ville ».
Donc, on (qui vraiment ?) a décidé de décorer les murs du salon des actes du dit Palais. Voilà qui va changer de Faculté d'Ingénieurerie commandée à l'architecte Prins. Or le peintre est un peintre qui ne peint pas, ou si peu.
Coronel Pringles est le paradis perdu d'Aira, toute son enfance, et tout ce qui se passe à Coronel Pringles est magnétisé par l'étrangeté et ses habitants peuvent se heurter à « une extase de lumière », « une expérience inexplicable », ou « un très fort choeur de peeps » sans trop d'agitation. C'est devenu un lieu mythique où "l'homme le plus simple, le plus accessible sans secrets finit par être le plus mystérieux ». Tant pis pour le mystère.
D'ailleurs, en quoi exactement consistait cette peinture, oeuvre monumentale. « Il s'agissait de remplir une grande surface avec de petites surfaces, et ça ne s'improvise pas comme ça ». Nous voilà rassurés quant à l'amplitude de l'oeuvre. Mieux valait y réfléchir avant. Et c'est ce que le peintre faisait. Mais tout n'est pas aussi simple dans cette vile loin de Buenos Aires. Veuf, ce commerçant à la retraite n'a, semble-t-il, jamais peint avant de se voir commander par les autorités des fresques décoratives pour l'intérieur du « Palacio de la Municipalidad ». Se mettra-t-il enfin à l'oeuvre ? En quête de perfection, l'homme se demande s'il ne perdra pas sa liberté artistique en tentant de l'atteindre.

Mais, come ‘est un roman de Aira, est-ce que le peintre est importanr ? « le problème avec le tableau, et il y avait la racine de ce que je cherchais, c'était la contiguïté de tout ce qui y était exposé ». Comment figurer l'immensité de la pampa ? Comment figurer la nature en générl ? « Les grandes vignes noires étendaient leurs tentacules comme des cris muets, les champignons explosaient de murmures, et l'eau du ruisseau, furtive, faisait ces petits pas qui la faisaient partir avec de longs retards » Dans cette ville qui se construit, tout évènement est prétexte à émerveillement. César Aira raconte une partie de son enfance et de son adolescence, dans ce bourg « où il ne se passait jamais rien ». Ainsi la construction du « Palacio de la Municipalidad » devient évènement et « la nouveauté d'un jour se payait avec toute une vie de désoeuvrement ». En guise de nouveauté « il fallait créer un nouveau système »
Comme souvent dans les livres de César Aira, n'est souvent qu'un prétexte à illustrer la couverture. L'histoire ou le scénario racontent tout autre chose, et finalement l'auteur a voulu signifier encore autre chose. Au lecteur de se débrouiller et de choisir son interprétation. Dans ce livre, on parle de Coronel Pringles et de sa mairie. Celle-ci est grandiose, c'est le moins que l'on puisse dire, au milieu de la Plaza Juan Pascual Pringles à l'intersection avec la Avenida 25 de Mayo. C'est en partie ce que raconte, dans ses souvenirs de gamin, César Aira dans « le Tilleul ». La ville qui se développe à partir de 1920, avec trois banques pour abriter l'argent des récoltes de ce grenier à blé, quasiment mondial. C'est une ville nouvelle qui se construit sous les yeux de César Aira.
Un plan aux rues orthogonales, en damier, autour d'une place centrale qui réunit les institutions majeures de la colonie (église, palais gouvernemental et municipal, banques). En Argentine, l'unité urbaine de base est la « manzan » (bloc, pâté de maison), un carré de 100m sur 100m, dont le côté est la « cuadra ». C'est encore aujourd'hui l'unité de mesure des distances à Buenos Aires. C'est l'équivalent du « block » aux Etats Unis. Les numéros des maisons est souvent fonction de chaque pâté d'immeubles. Ce plan en damier est aussi appelé hippodamien, attribué à l'architecte grec Hippodamos de Milet (498-408). Cette architecture urbaine est très fonctionnelle et propose une grammaire spatiale qui tient compte de la rationalité et de la géométrie des structures civiques ainsi que des programmes idéologiques dont elles constituent l'expression.
Cette architecture, qui à l'époque pouvait passer pour moderne, en opposition aux ruelles étroite des villes européennes. On est donc confronté dans les livres de César Aira à cette géométrie, flagrante à Coronel Pringles, mais qui est totalement délaissée à Buenos Aires dans les quartiers populaires. C'est ainsi que « le Manège » fait référence à ce quartier pauvre, où vivent et s'activent les « cartoneros » et autres récupérateurs. » « Dix-huit pâtés de maisons plus loin, une fois dépassé le nombre incroyable d'immeubles, de dépôts, de hangars et de terrains vagues, là où la rue semblait finir et où aucun promeneur n'arrivait jamais, la rue Bonorino s'élargissait, elle devenait enfin l'avenue promise dès son commencement ». Et ceci en opposition au quartier plus élégant et riche qui borde l'avenue Rivadavia de Buenos Aires. « L'angle des rues ne relevait pas de la géométrie traditionnelle. Puisque la forme générale était circulaire, les rues auraient dû converger vers le centre comme des rayons. Mais ce n'était pas le cas : aucune n'atteignait le centre ».

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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Les grandes vignes noires étendaient leurs tentacules comme des cris muets, les champignons explosaient de murmures, et l'eau du ruisseau, furtive, faisait ces petits pas qui la faisaient partir avec de longs retards
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Quand j'étais enfant, au début des années cinquante, un artiste-peintre vivait à Pringles avec ce prestige ambigu que possèdent ceux qui pratiquent des activités improductives dans une ville
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l'homme le plus simple, le plus accessible sans secrets finit par être le plus mystérieux
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