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EAN : 9782869161375
130 pages
André Dimanche (04/03/2003)
3.95/5   11 notes
Résumé :
Le Manège, c'est le nom que les policiers de Flores (le quartier de Buenos Aires où vit Maxi, le culturiste au cœur pur, et où vit également son auteur, César Aira) ont donné au gigantesque bidonville circulaire qui a poussé tout au bout de l'avenue Bonorino. C'est aussi, soir après soir, l'itinéraire minutieux et misérable des « cartonniers » et autres « recycleurs », accompagnés de leur « géant bienfaiteur ». C'est encore le rituel auquel se livrent les trafiquant... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Le Manège est un bidonville circulaire de Buenos Aires, refuge des indigents et des cartoneros. Un jeune garçon de la classe moyenne souffrant de "cécité nocturne" et dont la seule occupation est de soulever de la fonte dans le gymnase du quartier est devenu le cheval de trait des chiffonniers. Par bonté d'âme, Maxi, géant inoffensif se plaît à charger les ballots et tirer les charrettes de fortune jusqu'aux portes de la Villa. Fasciné par ce lieu fait d'édifices précaires habités par une masse indistincte dont on ne connaît ni les noms ni les visages, il s'en approche chaque jour davantage. L'omniprésence de la lumière crochetée par les cartoneros qui brille "comme une gemme éclairée" est un spectacle dont il ne se lasse. Mais le bon géant est suivi par un monstre, Cabezas, flic du commissariat 38, que l'on peut percevoir comme un dangereux chasseur. Les habitants du bidonville, bien qu'invisibles, ont pris conscience de l'étrange maladie de Maxi, qui s'enhardit au risque de perdre conscience et lui ont fabriqué un lit à sa taille pour qu'il puisse s'y réfugier.
Thème récurrent dans la littérature latino -américaine, l'espace urbain est ici omniprésent, indissociable de l'action, remarquablement évoqué par Cesar Aira, qui balaie d'un trait de plume les images stéréotypées. Oublions tout ce que nous avons lu auparavant sur les bidonvilles, la corruption, la violence et le trafic de drogue. le Manège est une fable extraordinaire sur la barbarie et la civilisation qui met en scène un géant attiré par les lumières d'une ville dans la ville peuplée d'êtres chétifs et mal nourris que personne ne distingue à part celui qui d'ordinaire ne perçoit distinctement ni les hommes ni les choses et un monstre à l'affût. Comme Maxi, le lecteur se perd dans une temporalité confuse, celle du mystère de la Villa, fasciné par un jeu de miroirs, par cette même lumière qui danse sur les baraques et qui est la clé du roman. "Au-dessus de lui, les guirlandes d'ampoules disposées en cercles, en carrés, en triangles, en rangées, avec un dessin différent pour chaque rue. Il regardait autour de lui. A l'extérieur, les lumières blanches de l'avenue Bonorino; à l'intérieur, l'obscurité. Les profondeurs du coeur de la villa se perdaient dans les ombres, ce qui, ajouté au sommeil, le dissuadait d'aller plus avant. Surtout que ces ruelles n'allaient pas vers le centre, mais s'en éloignaient. Alors, il prenait le chemin du retour."
Le Manège est un ouvrage remarquable, une évocation singulière de l'espace et du temps, édité par André Dimanche (Marseille), à qui l'on doit le génial Respiration artificielle de Piglia.
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Maxi, jeune homme angélique et désoeuvré de la classe moyenne occupe son temps en aidant des chiffonniers à transporter leurs charges dans un bidonville surpeuplé, véritable dépotoir crépusculaire périphérique du quartier Flores à Buenos Aires. le labyrinthe du bidonville va initier le jeune homme aux dangereux mystères que recèlent ses entrailles dévastées par la crise argentine, dans un récit funambule qui oscille entre réalité et fantastique.

Le Manège de César Aira interroge, comme dans toute son oeuvre, la relation entre la réalité et sa représentation, comme un bilan vital et esthétique, l'auteur entendant par réalité une "expérience irréductible à la pensée, inévitable et en même temps inaccessible". C'est la fiction, l'espace textuel, que choisit César Aira comme médiateur actif pour renseigner sur cet indicible réel.
Publié en pleine crise économique argentine, le manège rend compte par une fiction construite comme un entrelacs d'histoires jouant de la logique comme de la magie, d'une catastrophe sociale indicible, dont les dégâts ne touchent pas avec la même ampleur la classe moyenne et les laissés pour compte : c'est le héros Maxi qui va servir d'intermédiaire pour dévoiler au lecteur cet indicible, dans un espace à la fois urbain et littéraire, véritable protagoniste en soi.
Ce roman construit comme un dispositif optique met en scène une représentation des meurtrissures sociales et ses conséquences humaines où tout devient résiduel et usé : restes des riches recyclés par les pauvres, résidus humains indescriptibles du dépotoir social, recours ironique à des lieux communs littéraires usés (police, télévision…) pour dire la déliquescence des espaces urbains collectifs bourgeois comme démunis, où tout est mobile et changeant, dérangeant et sans valeur fixe, sans utiliser ni le pamphlet ni la dénonciation sociale ou la chronique, mais en opérant le réel par une fiction d'avant-garde invoquant de la part du lecteur une reconstruction mentale de la réalité argentine.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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Un très bon roman que m'a conseillé un libraire à Tours.
Le Manège c'est l'histoire de destins individuels qui trouvent leurs fins lors d'un orage apocalyptique. Un lieu : le "Manège" ou "villa" ou "bidonville" de Flores.
Lecture agréable. Peut-être pas un grand classique mais il a le bénéfice de nous apporter une vision de l'Argentine contemporaine.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
"Le chemin de la drogue est une succession incohérente et irresponsable de toutes les formes possibles et impossibles, qui perd celui qui la consomme, comme le rêve égare la conscience du rêveur."
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