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Seit se souvient. Quand il était jeune garçon de treize ans, il fut le témoin privilégié d'une histoire d'amour dont il garda un souvenir intense. Durant la guerre, son frère était parti se battre et il devait veiller sur Djamilia son épouse. Celle-ci tomba amoureuse d'un autre homme, Daniiar, un homme réservé, parlant peu, mais chantant beaucoup...

« Or, les chansons de Daniiar m'avaient mis l'âme à l'envers ».

Non seulement ce livre nous parle de la passion amoureuse, mais il nous instruit aussi sur l'univers peu courant des kholkhozes au Khirghiztan. Peu de personnages dans ce roman. Ce sont des travailleurs, marqués par la guerre. La jeune Djamilia est assez solaire. C'est une jeune femme de tempérament sincère et joyeux, réquisitionnée pour conduire une britchka (un attelage), afin d'assurer le transfert entre la gare et les kholkhozes où vivent beaucoup de femmes et les enfants, en ces temps de guerre. Ensuite, Daniiar n'est pas moins flamboyant grâce à ses chants entêtés. de leur rencontre, émerge beaucoup de sensualité.

Un petit livre poétique préfacé par Aragon, écrit avec un style simple. Quand Daniiar chante pour Djamilia, non seulement sa musique rend son amour plus beau et plus fort, mais elle est pour lui un moyen de s'élever et de s'unir.
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Kirghizistan. Août 1943. L'amour à l'état pur

Ce petit récit d'une centaine de pages qui se lit d'une traite est un véritable bijou. Tchinghiz Aïtmatov, le plus renommé des écrivains kirghizes, nous y conte quelques jours du quotidien pendant la grande guerre patriotique de Seït, un adolescent de treize ans, le narrateur, Djamilia, sa belle-soeur, dont le mari est au front, et Danïiar, soldat taciturne et mystérieux, de retour du front.

Il faut rappeler que dans les pays d'Asie centrale, on ne se marie pas par amour, les femmes sont mariées à leur insu et la polygamie y est encore possible.

Alors, entre la vallée kirghize où s'écoule le tumultueux Kourkoureou et les premières steppes kazakhes, va se dérouler un ballet à trois autour du transport du blé du village à la gare, ce blé qui deviendra la pain du soldat au front. le temps s'y écoule au rythme des chariots et des chevaux laissant la part belle aux pensées de toutes sortes. A aucun moment il n'est question de sentiment, encore moins d'amour. Tout n'est qu'allusion. Pourtant, au travers des rares paroles échangées, de la voix envoutante de Danïiar qui revient petit à petit à la vie en chantant dans la nuit sous la voute étoilée, de la nature sauvage et majestueuse qui semble réagir en écho, se tisse dans le non dit une histoire que Louis Aragon qualifiera dans sa préface de plus belle histoire d'amour du monde.

Oui, toutes les nuances de l'amour sont bien là, évoquées avec on ne peut plus de pudeur, avec des mots simples et beaucoup de poésie. Et sans dévoiler quoi que ce soit de l'issue, je ne peux qu'être d'accord avec Aragon.

PS comme souvent, il vaudra mieux lire la préface après le livre pour garder intact le plaisir de la découverte
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Djamilia si bien nommée, Djamilia la plus belle, Djamilia aux longues nattes noires, aux yeux d'amande et au corps élancé, Djamilia qui chevauche en riant dans l'immensité des steppes kirghizes…
Un roman d'amour oui, mais surtout un éblouissement, par la beauté des prairies, la fraicheur des rivières, la pureté du sourire de Djamilia, éclatante Djamilia.
Seït nous raconte la merveilleuse Djamilia, qu'il aime d'un amour innocent de jeune garçon, sans même jamais le formuler. Il nous raconte la distante fascination pour Daniïar, le sombre blessé de guerre qui les accompagne à travers les steppes.
Il nous raconte un parcours se transformant en voyage initiatique pour Seït, qui va prendre conscience de l'amour. La révélation de son propre amour d'abord, puis la magnificence de l'amour naissant entre Djamilia et Daniïar. La découverte de ce qu'est l'amour, celui qui se lit dans les regards et les paroles enfouies. L'amour secret, impossible, incontrôlable, celui contre lequel on lutte de toute son âme mais qui nous conduit aux plus grandes folies. Et puis la découverte de l'art, à travers le chant de Daniïar puis la peinture, comme unique moyen de retranscrire ces sentiments qui se taisent dans les steppes kirghizes.
Seït nous parle aussi du Kirghizistan, des chevaux, du kolkhoze, de son village (l'aïl), du communisme et de la guerre, comme autant d'éléments de décor autour d'une relation étouffée.
Au milieu des travaux harassants, des sacs de blé à porter et des obligations familiales, Seït assiste impuissant aux souffrances d'un amour impossible entre deux jeunes adultes, presqu'encore des enfants, dépassés par leurs sentiments.
Restera le souvenir de Daniïar chantant derrière son cheval et pour toujours, gravée dans les steppes, l'image des longs cheveux, du rire, des yeux noirs presque bleus de Djamilia. de l'incroyable liberté de Djamilia.
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Une grande opération rangement/tri dans ma bibliothèque m'a fait découvrir ce livre. Je me suis demandé comment il avait atterri sur mes étagères ; une petite note sympathique collée sur la première page m'a donné la réponse : c'est le résultat d'un troc réalisé il y a quelques années.

Cet auteur m'est totalement inconnu, mais une longue préface de Louis Aragon (co-traducteur) m'a donné envie de lire ce livre.
Bien sûr, on y trouve la phrase d'Aragon reprise en boucle par tous les journalistes et chroniqueurs de ce roman : « La plus belle histoire d'amour du monde ». Mais il y a bien plus dans ‘'Djamilia'' qui a fait découvrir son auteur par le grand public. Aragon l'explique ainsi : « L'étrange réussite de Djamilia, c'est tout ce que nous apprenons d'un pays inconnu, de la vie des hommes et des femmes encore étroitement liés aux traditions patriarcales des nomades, et déjà passés sans heurts à l'époque soviétique, à ses institutions ; nous l'apprenons de l'intérieur, par des êtres à qui tout ceci est naturel, ne demande aucune explication... »

Et, en effet, grâce à ce récit ‘'de l'intérieur'' j'ai changé de planète d'autant plus facilement que le narrateur est un adolescent, Seït : à travers lui on est dans ce village des steppes d'Asie plongé dans une époque très difficile (2e guerre mondiale) ; il est devenu l'homme de la maison après le départ de ses frères au front et s'éveille à l'amour. La force du texte est qu'il a une âme d'artiste (adulte, il deviendra peintre) : vie de village et cheminement de l'amour sont des toiles vivantes qui happent le lecteur.

En conclusion, je reprendrai un autre extrait de la préface d'Aragon : « Sur la rivière Kourkouréou, entre la Chine et le Tadjikistan, un garçon qui eût fait, il y a trente ans, un djiguite comme un autre, tourne les yeux vers nous et parle, et l'on n'a plus envie que de se taire et l'écouter. »
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Paris, le 30 mars 1959
" Tout homme n'a qu'une vie. Tchinguiz Aïtmatov est encore au début de la sienne. Mais déjà le voici comme s'il avait l'expérience énorme de l'humanité dans son coeur et ses bras. Car ce jeune homme parle de l'amour comme nul autre. O Musset, sois jaloux mon ami, de cette nuit d'août des confins kirghizs ! Et de celui, à trente ans, qui peut dire qu'il n'a point perdu sa force et sa vie. "
( Aragon)

" Djamilia" est le roman considéré par Aragon comme la plus belle histoire d'amour. Il le traduit alors en français avec A. Dimitrieva, depuis, cette oeuvre traverse les frontières pour notre plus grand plaisir.
Devrais-je dire que j'étais, pour ma part, à moitié conquise avant même de le lire... J'avoue que Tchinguiz Aïtmatov ne m'est pas inconnu ayant déjà lu " Les rêves de la louve" et " Il fut un blanc navire", tous deux des écrits magnifiques venant des confins de l 'Asie centrale.
Une forte résonance également puisque j'y ai vécu 5 ans , une culture donc à laquelle je voue un éternel amour.
Cependant, c'est avec objectivité, après lecture, que je persiste et signe cet état de fait, Djamilia ne déroge pas à la superbe d'Aïtmatov, je pourrais usiter des mêmes termes que ceux employés à la suite de mes deux premières lectures, Djamilia est un trésor national, on imagine ce joyau qui resplendit au delà des cimes et des montagnes, qui rayonne sur les berges de la rivière Kourkouréou, se murmure au beau milieu des steppes d'absinthes et faisant partie intégrante de la culture ancestrale aussi merveilleuse que noble.
Ce sont les voix de Djamilia et de Danïiar qui résonnent au beau milieu de la guerre en août 1943, ces voix narrées par un enfant, Seït, qui au beau milieu des kolkhozes et de la poussière des cargaisons de grains de blé qui partent pour le front, raconte les dures labeurs des femmes et des enfants, puis de l'amour naissant, celui qui se rencontre sans même s'en apercevoir.
Djamilia, cette beauté abrupte aux yeux noirs tirant sur le bleu, au caractère téméraire qui se dresse bien droite sur sa monture, l'égal d'un homme, ivre de liberté.
Danïiar, l'ecorché taiseux revenu du front , solitaire et rêveur, absorbé par tout ce qui est invisible à autrui.

"Djamilia" c'est l'amour qui sort du coeur, de celui qui surpasse l'émotion et anime des sensations inconnues, c'est l'amour qui ne se retranscrit pas par des mots mais qui met en exergue la grande âme humaine, celle des peuples frères, de la steppe, de la vie et de la terre, de la patrie.
C''est l' amour d'un homme et d'une femme d'une authenticité et d'une beauté si limpide qu'il défie tout honneur et toutes coutumes.
C'est la découverte de l'amour pour un enfant, de celui qui tort de bonheur et brise de douleur, de celui qui en fera un homme qui peindra, à son tour, son propre tableau qui lui ouvrira le chemin du sentiment ultime.

Et toujours, cette passion du Kirghizstan, des terres engivrées, des montagnes colorées du rouge enflammé des sommets au bleu foncé du crépuscule sur le bas relief, du bruit de ressac de la rivière déchaînée, cette mélodie rocailleuse qui habite les esprits et les vallées , les odeurs enivrantes d'une nature pure, la fraîcheur des nuits etoilées argentées d'une contrée exaltée.

Djamilia, c'est respirer la vie, c'est ce souffle divin qui vient nous traverser pour mieux nous renverser.

Sublime.

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J'ai évidemment été attirée par le bandeau de ce roman (et comment ne pas l'être ?) qui indique "Pour moi, c'est la plus belle histoire d'amour du monde." Signé Aragon.
Il est vrai que "Djamilia" est une très belle histoire d'amour qui se passe dans la steppe de Kirghizie, en Asie centrale et ce qui est certain c'est que ce livre nous fait voyager.
C'est en 1958, alors que Tchinghiz Aïtmatov n'a pas encore 30 ans qu'il publie cette nouvelle en russe. Et c'est le poète Aragon, lecteur de la presse soviétique, qui va en faire la traduction en français. C'est très impressionnant car il y a plein de subtilités de langue qui nécessitent des renvois de bas de pages riches d'informations.
Nous rencontrons ainsi Danïiar et Djamilia durant la guerre, en 1943, quelque part dans la vallée du Kourkouréou avec leurs Britchka, chariots à grains, et l'adolescent Seït qui raconte leur histoire. Car tout le livre est rythmé par les allers et retours entre le village et la gare qui se trouve de l'autre côté du défilé des montagnes, pour porter le grain dont l'armée a tant besoin.
Ils travaillent au kolkhose pendant que les hommes sont à la guerre comme Sadyk le frère de Seït qui vient de se marier avec Djamilia. Danïiar a également pour mission de nourrir les soldats, lui qui a été blessé.
Face au labeur, c'est le chant envoûtant du solitaire Danïiar qui va séduire la jeune femme quand la tradition l'oblige à être nommée en dernier dans les lettres de son mari qui semble se soucier peu d'elle. C'est une musique en hommage à celle qu'il chante, inspirée par l'amour de la terre natale.
Pour Seït le jeune garçon qui, selon l'adat doit veiller sur Djamilia, la femme de son frère, sa djéné, c'est ce chant qui va leur apporter le bonheur et cet amour pourtant interdit va l'inspirer en lui donnant envie de peindre.
C'est donc une belle histoire qui mêle les arts que sont le chant et la peinture à travers la vie quotidienne dans le monde rural d'un pays en guerre.

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Un très beau portrait de femme dans la steppe kirghize.

Le narrateur est un jeune homme de quinze ans, frère du mari de la Djamilia du titre.
L'action se passe pendant la seconde guerre mondiale. Tous les hommes adultes sont à la guerre. Restent au village pour s'occuper des champs, les femmes, les vieillards, les enfants et les estropiés de guerre.

Il s'agit d'un roman très court (d'un peu plus d'une centaine de pages) qui va nous montrer l'évolution de Djamilia. Celle ci a à peine connu son mari avant qu'il parte à la guerre, il s'agit d'une jeune femme très volontaire, rieuse et travailleuse.
En parallèle, le narrateur nous décrit une société à la fois très traditionnelle (sa famille est sédentaire depuis peu, musulmane, le père est polygame) et le fonctionnement d'un kolkhoze.
De superficielle, Djamilia devient sous les yeux des lecteurs une jeune femme moderne qui n'hésitera pas à s'affranchir des traditions.
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La plus belle histoire d'amour de tous les temps

En 1943, les hommes kirghizes sont au front. Comme ailleurs, les femmes, les enfants et les vieillards accomplissent les tâches des absents.

Dans cette steppe, foulée autrefois par les nomades, désormais sédentarisés, un garçon voit sa belle-soeur, Djamilia, et un soldat blessé, Danïiar, se rapprocher.

Si cette histoire peut sembler simple, elle nous est parvenue, notamment, grâce à Louis Aragon qui l'a découverte dans la revue soviétique Novy Mir et a décidé de la faire traduire.

Car pour lui, pas de doute, il s'agit de la plus belle histoire d'amour de tous les temps. Suis-je d'accord d'avec cette affirmation ?

En toute honnêteté, je ne sais pas. Tout simplement car ma réponse évoluerait probablement au fil des ans et des saisons.

Mais cette histoire, est une belle histoire d'amour. Elle raconte les débuts, les non-dits, les silences et les débuts du sentiment amoureux.

Elle n'en dit guère plus, elle laisse beaucoup de place au lecteur mais elle est habitée par une poésie, par un charme léger et délicat. C'est l'amour des petits riens et des petits gestes, celui qui n'a besoin que d'un échange de regards pour dire beaucoup.

Mais c'est aussi une histoire sur un amour qui transcende les obstacles.

L'amour dépeint est, aussi, celui de la nature. le lecteur est embarqué, en quelques mots, quelques descriptions dans des contrées inconnues et une période révolue.

C'est une lecture qui s'ouvre comme une parenthèse, savoureuse et délicate, et qui mine de rien, reste en tête après la dernière page tournée.
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Je ne sais pas si j'irai jusqu'à dire, comme Aragon, que cette histoire est « la plus belle histoire d'amour du monde », cependant j'ai été clairement séduite par ses personnages, et plus particulièrement par la sensibilité picturale et poétique du narrateur, jeune beau-frère de Djamilia. Il nous immerge dans l'ambiance rurale de ce Kirghizistan du début du XXème siècle, dans son quotidien de labeur, dans ses moeurs et dans ses paysages, dans ses personnalités ; dans un amour naissant et interdit touchant de pureté – dont j'ai apprécié l'issue, que je ne caractériserai pas pour vous laisser la découvrir.
Une très belle parenthèse de lecture.
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Pas grand chose à ajouter à ce qui a été écrit par le résumé éditeur et les critiques précédents, sur ce très beau roman d'amour, l'un des premiers romans de l'auteur (1958), porté à l'écran, qui se passe dans la steppe kirghize, sauf peut-être quelques mots sur l'auteur lui-même, Tchinguiz Aïtmátov (1928-2008), dont le père a été fusillé lors des purges de Staline, et qui a dénoncé violemment le communisme stalinien. Il a été député et conseiller de Gorbatchev, et est l'auteur de nombreux romans dont beaucoup ont été portés à l'écran. Après la déliquescence de l'URSS, le Kirghistan a dû se constituer une diplomatie, et l'écrivain, vitrine de son pays, a été nommé ambassadeur simultanément auprès de la Belgique, de la France, du Luxembourg, de l'OTAN, de l'Union européenne, et des Pays-Bas, résidant à Bruxelles, et cela de 2000 à sa mort, tout en continuant sa carrière littéraire et en veillant aux adaptations cinématographiques. J'ai eu l'occasion de le rencontrer, et il m'a notamment parlé de Claudel, lui aussi écrivain et diplomate, mais ce n'était pas son modèle. Djamilia a été écrit en kirghize, comme les premiers romans de l'auteur, puis traduit en russe, et de là en français oar Aragon.
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