Le roman se situe au XVIIIe siècle, et conte l'ascension au pouvoir d'Ahmed al-Qaramânli, officier de cavalerie, qui assassine le gouverneur ottoman et fonde une dynastie autonome en Libye, profitant de la faiblesse du pouvoir central. le roman évoque tout son règne, les problèmes avec les Ottomans, la guerre contre les Français, la piraterie (qui sera la ressource principale du pays), jusqu'à la mort du personnage principal. Trahisons, ambitions, mensonges, tous les moyens sont bons pour arriver au pouvoir et y rester. Et il ne faut surtout pas pardonner à ses adversaires ni faire confiance à ses enfants.
J'ai du mal à parler de ce livre, dans lequel je ne suis pas réellement rentrée. L'auteur explicite très peu la trame historique, que je ne connaissais pas du tout, et j'avais du mal à suivre les événements. Car au-delà de l'histoire qu'il raconte, les mêmes préoccupations que dans Les mages se font jour : l'amour du désert (associée ici à l'amour de la mer) comme espace de liberté, le mouvement étant la seule façon de n'être pas esclave, de ses richesse, du pouvoir, de ses envies. Et c'est un personnage qui détient les richesses et le pouvoir, qui aspire à cette liberté, comme un irrésistible aimant. La magie aussi est présente et essentielle, savoir écouter et comprendre ses rêves, être capable d'écouter et comprendre les devins.
Mais l'association de l'historique avec l'intangible ne marche pas forcément très bien à mon sens. Au final le livre n'est pas un vrai roman historique, mais il n'a pas non plus la poésie et le charme envoûtant des Mages. C'est un mélange hybride, qui pour ma part ne m'a pas convaincue.
L'éditeur présent ce livre comme singulier dans l'oeuvre de l'auteur, je pense faire un autre essai avec un roman plus caractéristique, espérant retrouver la magie de ma première lecture.
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Une lettre est tout sauf une lettre. Une lettre
dans la main d’un émissaire n’est rien d’autre qu’un serpent.
Une lettre dans la poche d’un émissaire est, encore et toujours, un châtiment. Pouvait-il dès lors blâmer ce qu’il allait y lire ?
Il épongea la sueur qui inondait sa nuque et son front depuis
le combat avec la fille des sables et regarda les solitudes nues pour
alléger sa tristesse. Sur les nudités, il distingua des formes inconnues
aux prises avec les ombres du soir, qui se hissaient derrière la
dune pour prendre peu à peu, sous l’action du mirage résistant à
la nuit, l’apparence d’êtres humains et peut-être bien de bestiaux
luttant au corps à corps dans un fracas de cornes.
Elle avait conçu de lui une descendance qu’une épidémie de peste avait emportée, à l’exception d’un fils qui avait hérité de son père le métier de commerçant et avait pris pour épouse une jeune beauté de Tadjoura dont descendait toute la lignée. Et ce n’était pas seulement la lignée du sang qui venait d’elle, puisqu’il y avait trouvé, lui, celle de l’âme