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EAN : 9782070421213
187 pages
Gallimard (14/02/2002)
3.62/5   13 notes
Résumé :

Après la décolonisation, Djibouti, « confetti de l'Empire français », ancien comptoir pris en étau entre Éthiopie, Somalie et Érythrée, à l'embouchure de la mer Rouge, tâtonne à la recherche de son identité. À Balbala, banlieue de Djibouti, pendant la guerre civile de 19911993, quatre personnages vont devenir l'emblème d'une jeunesse qui incarne une nouvelle identité djiboutie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Quelques années après avoir été portée sur les fonts baptismaux, la République de Djibouti peine à émerger. Les rêves surgis de l'indépendance à la fin des années soixante-dix sont en train de se muer en cauchemars pour le peuple. En plus du tribalisme, de la misère, du népotisme, une guerre civile déchire pays.

Mais quatre figures rêvant de fraternité, de prospérité, n'entendent pas comme la majorité se complaire dans cet embourbement de leur patrie. Il s'agit de Waïs, héros national et ancien marathonien, Dilleyta, intellectuel formé en URSS, le docteur Yonis, propriétaire d'un dispensaire dans le bidonville de Balbala, et Anab, femme de ce dernier et soeur de Waïs. Leurs idées avant-gardistes et leurs opinions politiques ne tardent pas en effet à les mettre dans le collimateur du pouvoir autoritaire en place. Celui-ci leur colle une épithète : « le groupe de tous les dangers » ou « le quatuor subversif ». le marathonien est ainsi rapidement mis derrière les barreaux. Malheureusement le lecteur ignore presque tout de son séjour carcéral, le narrateur ne livrant que des informations au compte-gouttes sur le sujet.

Dilleyta aussi refuse de s'abandonner dans la compromission et le pourrissement de ses rêves, et rejoint le maquis, armé d'un fusil sans culasse. Il sait qu'il est incapable de tuer aucune âme qui vive mais cette arme qui ne tire pas symbolise son opposition contre les errements du régime. Là encore le lecteur ne connaîtra rien de sa vie dans la jungle.

Waïs meurt en prison. Sa soeur Anab consacre à présent toute son énergie à seconder son époux Yonis dans son dispensaire à Balbala (d'où le titre du roman). Pour le couple maintenir vivant ce poste sanitaire dans ce « pays-croupion » où tout s'écroule, c'est entretenir la flamme de l'espoir d'un lendemain meilleur.

Ce récit choral est subdivisé en quatre parties, consacrée chacune en principe à un des quatre protagonistes principaux. Nous avons affaire avec un narrateur à la troisième personne très bavard qui a une inclination prononcée pour le discours, les commentaires au lieu de s'atteler à sa fonction première qui est de raconter l'histoire. Il ne se prive pas en outre de faire des coq-à-l'âne, opère des intrusions récurrentes dans le récit, et comme il délègue sporadiquement la parole à un des quatre protagonistes pour narrer une partie de son histoire, le lecteur perd parfois le repère et ne sait plus qui parle. Il est ainsi obligé de revenir en arrière pour essayer de délimiter les énonciations. En voie de conséquence, il y a peu d'histoire, beaucoup de discours. La langue du roman souffre de grandiloquence même si riche en vocabulaire. Une profusion de métaphores brouille parfois le sens des phrases. Enfin, j'ai apprécié des passages magnifiques jalonnant le livre, des éclaircies poétiques à couper le souffle.

En conclusion, comme vous l'aurez constaté, je n'ai pas été emballé vraiment par ce roman.

Voici un extrait que je trouve beau :

« Toute île est la pointe émergée d'un continent inabouti. Un destin en cours d'accomplissement. Il vous suffit de fouler n'importe quelle île pour comprendre cela. Une île c'est comme une chambre close avec des mouettes en guise de plafond. Des mouettes qui piquent pour venir effleurer les arbres. Ah, que l'histoire humaine est riche en archipel carcéraux ! Pour surveiller et punir, les régimes autoritaires ont toujours su transformer les lieus isolés en prisons avec vue imprenable sur les ténèbres, sur les abysses de la solitude. Une existence réduite, comme un os de seiche, à l'essentiel : survivre, survivre, survivre. »
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C'est malheureusement déçue que je referme ce livre. Moi qui avait hâte de découvrir cet auteur et surtout ce roman...

Ce devait être l'histoire de quatre personnages, Waïss, Dileytta, Yonis et Anab, qui se connaissent et vivent tous à Djibouti, petit pays de la corne de l'Afrique, déchirée par l'instabilité politique et la répression en cette fin des années 90, vingt ans après l'indépendance. Ce devait être l'histoire de quatre destins, quatre vies dans laquelle la grande histoire se serait dessinée. Mais pas du tout.
L'auteur a noyé l'histoire de ses quatre protagonistes dans un océan de digressions. À un point où ma lecture m'en a été rendue fastidieuse du début à la fin...
De plus les nombreuses références à la culture Djiboutienne ne sont accompagnées d'aucune notes de bas de page afin d'éclairer le lecteur, heureusement pour ma part que je connaissais déjà le pays ce qui m'a permis de les comprendre. Mais pour d'autres lecteurs ça pourrait aisément devenir une entrave supplémentaire à la compréhension du récit.
Et puis il y a la plume de l'auteur, son verbe, son phrasé, qui sont riches et foisonnants. Trop. Car lorsque l'on ne part pas en digressions c'est vers des métaphores permanentes et continuelles que l'auteur nous mène. Chaque phrase, chaque description est accompagnée de moult métaphores qui n'ont comme seul résultat de nous faire perdre le sens premier du propos.
Et finalement de toute l'histoire.
Quel dommage vraiment, car on voit que l'auteur est doué et surtout très poétique, en plus d'être au fait de l'histoire de son pays. Ce roman aurait tant gagné en puissance avec plus de simplicité et de précision. Si ça avait été un véritable roman qui restait axé sur les personnages, leurs luttes et leurs parcours, ça aurait pu être génial. Au lieu de ressembler à hybride mi-essai, mi-roman, sans réelle distinction.
Seulement quelques fulgurances disséminées par ci par là dans ces 185 pages m'ont un peu marqué.
C'est donc pour moi, malheureusement, une petite déception.
Dommage.
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Les espoirs suscités par l'accession à l'indépendance de la République de Djibouti, en 1977 n'ont pas vraiment été concrétisés.
Le régime autocratique aussitôt mis en place a perduré jusqu'à l'aube du XXIème siècle. Dans les années 90, un mouvement d'opposition se manifeste, dont une faction radicale entre en conflit avec le gouvernement.

"Balbala", du nom d'un bidonville djiboutien, s'attarde sur quatre figures de cette rébellion.
Waïs, ex-marathonien, champion national déchu, croupit en prison en raison de sa "conduite à l'égard du pouvoir". Avec sa soeur Anab, le mari de cette dernière -le docteur Yonis-, et le poète Dilleyta, il formait ce que le pouvoir en place surnomma le "quatuor subversif".

"Balbala" est un récit abrupt, non linéaire, dont les nombreuses digressions se fondent au corps central pour constituer un ensemble dense et complexe. le passé et le présent s'y mêlent sans distinction. de brefs passages déclinés à la première personne du singulier entrecoupent le texte sinon conjugué à la troisième.
Il en résulte une sensation de vertige, mais aussi de confusion, l'auteur brassant les thématiques dans une langue qui semble malmenée.

Il sourd de l'ensemble un profond pessimisme : accumulant les références politiques, historiques et culturelles, Abdourahman A. Waberi fait le macabre état des lieux des maux -d'hier et d'aujourd'hui- qui empêchent non seulement Djibouti mais aussi une bonne partie de l'Afrique, de progresser vers la démocratie et une relative prospérité. Colonialisme, tribalisme et conflits internes, fléaux engendrés par une nature hostile, forment ainsi l'infernale spirale à partir de laquelle "Balbala" émet son cri d'angoisse et de révolte.

En raison de sa complexité, je n'ai malheureusement pas apprécié pleinement ce roman pourtant riche et intense.
Lien : http://bookin-inganmic.blogs..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Rien ne viendra, saisons nulles. Rien, sinon que les brigades des ONG pas si volontaires que ça depuis que les séjours en terres d'infortune s'affichent en bonne position sur les curriculum vitæ. Pas de troubles d'âme, il s'agit simplement de bonifier sa part de générosité sur un marché de l'emploi trop saturé. Saisir la bonne occasion qui se présente, on ne sait jamais, et faire preuve d'un métier certain en mettant sa force et son cœur au service des abonnés souffrants. Une fois de retour, le continent de la misère noire redevient une réalité abstraite, des lieux qui existent mais qu'on ne reconnaît plus. L'Afrique des années de jeunesse et d'aventures pas toujours gratuites, la dernière escale avant la maturité et le monde du travail ? Et l'Afrique des démographes qui nous réchauffent la tête avec leurs chiffres alarmants, leurs croquis bêtifiants sur la menace de la surpopulation ? Curieusement, on ne compte les poux que sur la tête de la populace.
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Incipit :

Une dépêche, dûment datée et signée, émanant des plus hautes autorités de l'État, fit savoir à la famille de Waïs que le vice-président en personne est on ne peut plus irrité par la conduite de ce dernier. Que voulait-il ? Que cherchait-il ? Les rumeurs vont grandissant, les menaces planent comme des nuages rapaces. Pour couper court aux bruits incessants, Waïs, marathonien de haute volée et héros de la nation, a fait circuler auprès de ses amis un étrange poème écrit il y a peu de temps avec Dilleyta et le docteur Yonis, et dont le refrain que voici a suscité encore davantage de commentaires : "Ni maroquin ni strapontin/La mer poussive me suffit."
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Sinon cette certitude coulée dans le marbre de la foi : témoigner avant de mourir, écrire avant de disparaître. Ne plus s'éclipser derrière la feuille de vigne d'une soi-disante ignorance. Écrire pour mourir. Mourir parce qu'on a décidé d'écrire un beau jour. Si tu parles tu meurs, si tu écris tu meurs. Alors écris et meurs.
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Chaque sourire est un pas vers la mort.
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Vidéo de Abdourahman A. Waberi
FESTIVAL DES UTOPIALES 2023 L'héritage du mal
Les romains classaient les esclaves parmi les outils. Dans Citoyen de la galaxie de Heinlein, le protagoniste commence esclave puis est libéré, avant de consacrer son existence à la lutte contre le fléau de l'esclavage. Ici, à Nantes, le commerce triangulaire a fait la fortune de la ville. En aura-t-on jamais fini avec l'exploitation sauvage et commerciale de l'humain par l'humain? Comment assumer la mémoire du mal et poursuivre le combat ?
Les intervenants : Bernard Binetruy, Anne Defréville, Michael Roch, Abdourahman Waberi Moderateur : Karim Si-Tayeb
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