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EAN : 9782369560685
384 pages
Editions Intervalles (13/09/2018)
3.83/5   6 notes
Résumé :
Le vieux jardinier d'un couvent du Sud de la France évoque sa jeunesse passée puis son départ pour Jérusalem au sein de la première croisade. Le récit devient dès lors une chronique de cette expédition. Le héros apprend le maniement des armes et forme un groupe soudé avec quelques compagnons. Au cours d'un affrontement contre les Turcs, la mort de son seigneur, puis de celle de son mentor, le marquent profondément. Tandis que la culpabilité et la honte commencent à ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Magnifique !
Dès les premiers mots, j'ai été prise par la poésie de l'auteur qui m'a alors envoûtée jusqu'au bout…
Quelle épopée que ce pèlerinage qui commence en 1095 et qui devient vite la toute première croisade. Une aventure incroyable, inhumaine, magnifique et sanglante.

Imaginez-vous, un pape, dans un champ, qui du haut d'une estrade va enflammer les peuples européens et leurs dirigeants en lançant une simple phrase : « Dieu le veut ». Et le peuple d'abord, les nobles et les chevaliers ensuite vont suivre comme un seul homme un chemin long, très long, truffé d'embûches, d'embuscades, de trahisons, de perfidie, de lâcheté, de loyauté et de courage pour enfin délivrer Jérusalem, la ville sainte par excellence.
Pourquoi me direz-vous, les réponses sont multiples. Beaucoup y sont allés en rémission de leurs innombrables péchés, le royaume de Dieu, le paradis, le rêve au bout d'une marche. D'autres se sont sentis investis par la vraie foi et ne pouvaient dès lors se dérober à cette tâche sacrée qu'était la délivrance de Jérusalem des mains des infidèles. Certains n'ont pas eu le choix et se sont retrouvés englués dans cette marée humaine aux aspirations les plus diverses. Et pour quelques-uns parmi les plus nobles, c'était la solution pour obtenir un royaume terrestre au bout du monde chrétien.

Un roman qui trouve sa source dans les chroniques de l'époque, chroniques qui sont toujours à prendre avec des pincettes car elles sont écrites pour la gloire et l'honneur de leurs commanditaires. C'est pourquoi l'auteur nous montre régulièrement le récit du soldat suivi de celui toujours édulcoré, souvent magnifié du chroniqueur qui pourtant suit la même route et dont l'objectif est clairement différent.

Une plume qui touche par la justesse des mots, par la richesse des sensations éprouvées, par l'analyse des sentiments et de la foi qui évoluent au fil des massacres. La barbarie se montre ici sous son vrai jour, et qu'on ne s'y trompe pas, les chrétiens sont bien les pires qui pour asseoir leur pouvoir n'hésitent pas à massacrer allègrement juifs, Grecs et infidèles ; femmes, vieillards et enfants.

Et la question de Dieu finit par se poser et les rêves, parfois éveillés, nous éclairent de bon sens...

Mon premier coup de coeur 2019 :-)

Pour info : D'après certaines sources, sur 60 000 hommes qui partirent pour cette croisade, après 3 ans d'épreuves et 5000 km parcourus, il y eut seulement 13 000 survivants. Ne sont pas inclus les 12 000 civils, femmes et enfants de la croisade populaire qui furent massacrés par les Turcs.
De plus, ces chiffres ne prennent pas en compte les juifs massacrés en Europe avant le départ du pèlerinage comme une mise-en-bouche de la boucherie à venir ni les nombreux 'infidèles' tombés lors de ce terrible et meurtrier périple…

Un tout grand merci à Babelio et aux éditions Sémaphores pour ce magnifique et beau roman reçu lors de la dernière Masse Critique.
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Dans le monastère Notre-Dame de Boscodon en Provence, le vieux jardinier a beaucoup à raconter. « J'ai vécu plusieurs vies. J'ai été celui qui tient la plume et celui qui tient l'épée. [...] Aujourd'hui, je m'occupe des plantes, demain je serai l'humus dont elles tireront une vigueur nouvelle. » (p. 6 & 7) D'abord apprenti forgeron, le narrateur est entré au service de Raimondus, chroniqueur de la première croisade. Soldat anonyme au sein de l'armée de Provençaux menée par le comte Raymond de Toulouse, il connaît l'épuisement, la faim et les combats. Il se lie avec le valeureux Dieter et apprend le maniement des armes à ses côtés. « Alors reste avec moi, ne t'aventure nulle part tout seul. Jamais. On meurt seul. On fait la guerre ensemble. » (p. 55) Au hasard d'une bataille et d'un terrible massacre, le soldat s'attire la gloire et le respect des autres combattants, et il suscite surtout l'intérêt de la belle Maria de Toulouse, femme de son suzerain. Mais il porte en lui une terrible culpabilité que même le pèlerinage jusqu'à Jérusalem ne peut absoudre. « Tiens-toi à l'écart des autres. Tu ne leur apportes que des souffrances. Tu trompes tes semblables, bien entendu, avec ton regard de détresse et ta bravoure née du désespoir. » (p. 223)

Page après page, le lecteur suit le lent et pénible chemin des pèlerins vers la ville sainte, du siège d'Antioche à la bataille de Dorylée. « Que chacun parcoure lui-même le chemin à propos duquel il veut écrire au lieu d'aller chercher les histoires des autres. » (p. 74) Cette phrase illustre parfaitement le long travail de recherche de l'auteur pour produire ce roman historique au souffle épique. J'ai plongé dans ce texte avec fascination et avidité. En premier lieu, la fin m'a semblé très abrupte, mais après réflexion, elle est exactement ce qu'il fallait pour conclure ce récit.
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Tout d'abord un grand merci à Babélio et aux Editions Intervalles pour ce livre reçu lors de la dernière masse critique. J'ai vu que l'autre lectrice, Marcelina, l'a beaucoup apprécié et c'est tant mieux car ce n'est pas mon cas et je me retrouve devant la difficile tâche de chroniquer un livre qui m'a ennuyée de bout en bout. J'en avais déjà assez de cette histoire au bout de trente pages, mais je l'ai fini quand même vu que je devais le chroniquer.

On suit un jeune soldat et ses amis lors de la première croisade. le pèlerinage comme on disait à l'époque dure trois ans, les batailles et les massacres se succèdent. Personnellement j'ai trouvé ce livre juste insupportable, mais je précise bien qu'il s'agit d'une opinion tout à fait personnelle qui n'engage que moi. Il s'agit de la réédition d'un livre qui a reçu de nombreux prix en 2010, lors de sa première parution, donc il a eu du succès et c'est très bien.

Ce livre est vraiment très bien documenté, il est basé sur les chroniques de l'époque. Toutefois l'histoire racontée n'est pas forcément très objective, car les chroniqueurs écrivaient à la gloire de leurs commanditaires. Toutefois c'est plus facile de voir la paille dans l'oeil du prochain que la poutre dans le nôtre. Peut-être qu'avec presque un millénaire de recul, les livre des historiens d'aujourd'hui qui nous paraissent si objectifs et scientifiques seront tout aussi marqués de l'idéologie de leur temps que ces chroniques d'autrefois.

L'aspect le plus intéressant de ce livre est pour moi le choc culturel entre l'Occident et l'Orient. Les protagonistes ont peu de distance critique et n'hésite pas à voir l'autre comme le Barbare. C'est un témoignage vraiment intéressant sur cette première croisade que l'on connaît somme toute assez mal. On voit aussi comment l'Eglise a manipulé autant les seigneurs que le petit peuple pour l'envoyer dans cette entreprise guerrière. On les a encouragés à faire la guerre et massacrer leurs ennemis en leur faisant croire qu'ils agissaient selon la volonté de Dieu.

Ce qui m'a le plus déplu dans ce roman est le message subliminal qu'il contient et qui lui est totalement marqué par l'idéologie contemporaine. Il s'agit de démontrer que les chrétiens sont les « méchants » dans cette sombre affaire, que ce sont eux les responsables des massacres des pauvres musulmans innocents (appelés Infidèles à l'époque) et que cette responsabilité doit peser sur les chrétiens actuels, qui seraient complices de ces horreurs. Certains de mes amis chrétiens n'hésitent pas à reprendre à leur compte ce raisonnement qui n'a pourtant aucun sens. On ne peut pas juger d'une époque avec les préjugés de la nôtre. On pensait autrement en ce temps et les soldats des deux bords croyaient agir pour la gloire et le triomphe de leur Dieu. On ne peut pas réécrire l'Histoire et certains feraient bien de relire Pascal Bruckner et son célèbre Sanglot de l'homme blanc.
Lien : https://patpolar48361071.wor..
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Vous voulez du roman historique ? Ne cherchez plus, j'ai ce qu'il vous faut. Absolument génial, ce roman, écrit en 2010 par Tiit Aleksejev, écrivain estonien, est récompensé la même année par le prix de l'Union Européenne. le travail est minutieux, documenté et extrêmement bien rendu, entre la réalité de la première croisade menée par Raymond de Saint-Gilles et son armée de Provençaux, et les personnages fictionnels dont le narrateur. Il y en a pour tous les goûts : de l'aventure, des actions d'éclat, des batailles, mais aussi de grands questionnements sur le bien-fondé d'une telle entreprise, sur la loyauté, sur l'amour, la mort, la liberté de penser, de croire et de pratiquer. Autant dire que bien que se déroulant au Moyen-Age, ce roman est d'une actualité brûlante.

Tout au long de cette histoire, je n'ai pu m'empêcher de penser à l'intolérance des uns et des autres, à cette absurdité -à mes yeux- qu'est la religion qui pousse des hommes aux actes les plus insensés, les plus fous, et les plus meurtriers, toujours au nom de l'amour d'un dieu ; il y a là une contradiction terrible née d'on ne sait quel cerveau malade et qui perdure.

Tiit Aleksejev raconte son histoire et L Histoire sans diriger la pensée du lecteur, il l'aide à se poser des questions, à réfléchir. Son roman est passionnant parce que le contexte l'est bien sûr, mais aussi parce qu'il y introduit des personnages forts et en plein doute. Ils sont forts, car ils combattent dans des conditions effroyables des ennemis aussi violents qu'eux, et que le choix n'a pas lieu d'être : on tue ou on est tué. Ils doutent, notamment le jardinier-narrateur, parce qu'il est amoureux, parce que croyant il ne sait plus trop bien ou est la vérité et qui sont les infidèles, ses rencontres le font douter encore plus, même s'il continue de combattre loyalement aux côtés de son maître et seigneur. Il découvre également l'amitié virile, celle qui lie les hommes à mort dans des conditions de guerre et qui oblige à la confiance aveugle.

Un roman construit en courts paragraphes qui permettent des pauses fréquentes si besoin, car il est dense, se lit lentement pour s'en imprégner totalement. Admirablement traduite, la langue est belle et fluide, d'accès simple. J'adore ce genre de livres qui s'inscrivant dans une époque donnée, nous en apprennent beaucoup et dans un plaisir de lecture qui ne s'émousse pas du début à la fin.

Admirable, inratable.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Le pèlerinage est un roman de l'écrivain contemporain estonien Tiit Aleksejev. Il débute en 1148, dans le « Monastère Notre-Dame de Boscodon, en Provence », et est narré par Dieter, « jardinier dans un couvent situé à deux jours de marche de Montpellier, sur des terres données à la sainte Eglise par le comte Guillaume de Montmiral. » Dès la première ligne, on apprend de sa bouche qu'il a été « quelqu'un d'autre, naguère, mais [que] cet autre ne veut plus rien dire ».
Très vite, aussi, les souvenirs de « Dieter » le ramènent un demi-siècle en arrière, à l'époque « où des bruits commencent à se répandre en Languedoc sur les horreurs que les Seldjoukides commettent en Terre sainte aux dépens des chrétiens. » « Dieter », qui ne porte pas encore ce nom, vient d'enter au service de Raimondus, un seigneur lettré et voyageur, homme « aux multiples visages » et lui-même vassal du comte de Toulouse. Lorsque ce dernier décide de prendre la croix pour participer au « pèlerinage » en réponse à l'appel du pape Urbain II, « Dieter », de page et échanson, devient fantassin.
Le pèlerinage, la peregrinatio, est en effet (aussi) une expédition militaire, car il s'agit d'aller « délivrer le Saint-Sépulcre ». Commence alors une longue marche jusqu'à Jérusalem et, pour Dieter, une longue entreprise de connaissance de soi et des autres.
Le pèlerinage est, en surface, le récit de cette première Croisade, dont il suit le parcours – passage des Alpes, de la vallée du Pô, descente de l'Istrie, traversée de la Sclavonie, « terre délaissée par Dieu, montueuse et stérile ». A ces périls naturels s'ajoutent les attaques des Slaves, des Petchenègues et d'autres païens. Puis vient Constantinople, et l'arrivée sur des territoires que se disputent le basileus byzantin et « les infidèles ». le récit avance au rythme des sièges, des batailles, des famines et des longues marches sous le soleil ardent. La trame est celle de l'Histoire telle qu'elle a été transmise par les chroniques, mais c'est évidemment surtout « Dieter » qui intéresse l'écrivain et dont on suit cheminement.
[Chronique complète sur le lien!]
Lien : https://passagealest.wordpre..
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
« J’ai vécu plusieurs vies. J’ai été celui qui tient la plume et celui qui tient l’épée. […] Aujourd’hui, je m’occupe des plantes, demain je serai l’humus dont elles tireront une vigueur nouvelle. » (p. 6 & 7)
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Tout est hasard, pensai-je. La naissance est un hasard, la bravoure est un hasard, la fuite est un hasard, rester en place est un hasard, survivre est le hasard de tous les hasards. C'est tout.
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Aujourd'hui je m'occupe des plantes, demain je serai l'humus dont elles tireront une vigueur nouvelle. La terre se moque du bien ou du mal qu'on a pu faire ; au-dessus de l'homme bon et au-dessus de l'homme cruel poussent les mêmes épis. Peut-être, pour les blés qui ploient dans le vent, tous les humains sont-ils pareillement justes ?
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Je ne comprends d'ailleurs pas d'où ils sortent, ces poux. Dès qu'on déclare la guerre quelque part, ils rappliquent tous comme un seul homme. Comme si c'était eux les guerriers le plus valeureux.
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« Alors reste avec moi, ne t’aventure nulle part tout seul. Jamais. On meurt seul. On fait la guerre ensemble. » (p. 55)
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