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EAN : 9791090836419
86 pages
Al Manar (24/02/2015)
4/5   4 notes
Résumé :
... Et voici, sans ses orgues, et entre ciel et pierre blanche, le couteau de la magnificence et je ne sais pas m'en servir, avec mes doigts tout rouges de tiédeur, au moment où la serpe miniature de nos désirs ne fauche que de trop petits emblèmes. La poète Gabrielle Althen- qui fut proche de René Char - est ici accompagnée plastiquement par le peintre Philippe Hélénon. Sa poésie est l'une des plus hautes qui soient aujourd'hui.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Depuis longtemps je souhaitais découvrir la poésie de Gabrielle Althen. Lors d'un passage dans une charmante bouquinerie, le hasard, tel un compagnon de fortune, me mit devant les yeux La Cavalière indemne. L'occasion était trop belle !

Publié en 2015 aux Editions al Manar, ce beau recueil est composé de textes pour la plupart en prose, rassemblés en divers chapitres, ponctués par des illustrations de Philippe Hélénon. Avant de vouloir saisir le sens du texte, les premières lignes invitent à chercher le rythme, le juste accord entre écriture et lecture. Les mots sont des signes qui font reconnaître quelque chose d'étrange et de secret.

« LE DIALOGUE FLEXIBLE

Face à face énervé de la fenêtre et d'une solitude
Un enfant à côté pris dans cette solitude
La fenêtre comme une femme fait glisser
Sa main dans ses cheveux Avec un bras parti là-bas
où traîne une lueur
Le solitaire a des yeux de gamin hébété
Nous nous serons aimés de tant aimer le monde
Sera leur dialogue flexible
Quelqu'un par là s'exerce à s'étonner
Les poètes ont des mots pour la beauté
Je voulais d'autres mots
Pour le monde qui ce soir accomplit son office de calme
Une vapeur sur la table naît de ma tasse de café
- Danse dans la chambre si simple
Où se soutient mon immobilité –
L'enfant le regard et la fenêtre sont roses de ce monde
- Roses profondes -
Lorsque la vie est sauve
Entre un babil de bébé et le silence. »

Dans l'écriture de Gabrielle Althen, il y a une recherche de concision, de justesse, au travers du plein et du fragmentaire, la recherche d'un espace enclos qui pourtant reste ouvert, comme la fin d'une phrase qui laisserait un surcroit de sens.
Sa poésie se veut comme une incessante réanimation de ce qui a déjà été dit mais ne saurait être tenu pour définitif. Il y a comme un ressassement du passé, de l'intime qui se donne et s'ouvre à une nouvelle forme, à une nouvelle singularité. L'écriture est ce lieu d'une révélation, d'un ré-enchantement, celui d'un lieu, d'un paysage ou d'une présence.
En témoigne, ce très beau poème en vers :

« ATELIERS DE BRAQUE

Parce qu'il était déjà là
Un oiseau put traverser l'esprit
Bientôt suivi de beaucoup d'autres
On eut très vite un beau losange
De choses blanches qui vivaient
Et puis le temps fit un ovale
Non ce n'était pas une auréole
Ce chant qui bourdonnait tout autour de ta tête
Mais un halo d'espace blanc
Tout frissonnant de foi prémonitoire
Oiseaux dans ce désert
- La foi déplace les images -
Oiseaux sous cette lampe
Capables immobiles d'aller
Des quatre coins
De l'épopée
Vers la chose qui habite la tête
Ô mes enfants mes impatients
Ce halo pesant le poids du ciel
Tous ses oiseaux coulaient de source. »

Écriture que l'on dirait orpheline, il y a chez Gabrielle Althen quelque chose de contradictoire, une sensibilité en proie au doute, au scepticisme mais qui laisse place à l'émerveillement, à la foi.
Dans sa poésie, elle ouvre le discontinu à la finitude de notre temps, les lie pour faire naître un sens insoupçonné.
Une très belle lecture.

.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
L’ISOLE


Le ciel sans offre jette son mur de maison nue devant ton front. En contrebas s’agitent des nœuds d’oiseaux labiles et la charité des hommes qui glisse sur leurs mains d’échange. Le paysage que tu as tant aimé s’est déversé ailleurs où s’achève le pain et les paroles à saisir au vol sur la sinuosité vive des lèvres.
Et toi, pauvre de toi, qui te sens si souvent fils d’une maison vide, et qui t’es tu, jusqu’à ce que l’absence de messages d’un ciel lavé de ses figures ne délimite plus le temps, tu ne sais si tu pourras longtemps habiter plus haut parce que ton âme, que tu voulais retenir, à demeurer trop silencieuse s’est gonflée de son bruit naturel et de tonnerre, et que nous nous plaignons de supporter très mal ce rapt d’ententes et d’horizons.
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Ateliers de Braque



Parce qu’il était déjà là
Un oiseau put traverser l’esprit
Bientôt suivi de beaucoup d’autres
On eut très vite un beau losange
De choses blanches qui vivaient
Et puis le temps fit un ovale
Non ce n’était pas une auréole
Ce chant qui bourdonnait tout autour de ta tête
Mais un halo d’espace blanc
Tout frissonnant de foi prémonitoire
Oiseaux dans ce désert
– La foi déplace les images –
Oiseaux sous cette lampe
Capables immobiles d’aller
Des quatre coins
De l’épopée
Vers la chose qui habite la tête
Ô mes enfants mes impatients
Ce halo pesant le poids du ciel
Tous ses oiseaux coulaient de source
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Bergère de la lumière…


Bergère de la lumière, sans même savoir qu’elle était
aux aguets, elle tenait son cœur vert et nu spacieux
assez pour y loger des souvenirs et des arceaux de ciel.

La résonance cherchait en elle le préférable et sa limpidité.
Un arbre pur en contre-jour lui écrivit dans la clarté.
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