Il arrive au bout…
Il arrive au bout. Il va tourner la page, au
sens propre, au sens figuré aussi. Tour-
ner, oui. Un peu de vent pourrait l’aider.
La lumière tremblante, le bruit du sang
ou soudain, tout près, ce rire…
Celui qui parle
Celui qui parle peut-être
voit parce qu’il est dehors.
Dedans, il ne verrait rien.
Il ne voit rien, non.
Pourtant il creuse encore.
Le souffle est toujours plus court.
Les mots, où sont-ils ? Il n’y a rien.
Le bruit sec…
Le bruit sec que fait la tasse. C’est bien,
dit-il, c’est très bien. Et maintenant que
fait-on ? Du jour est tombé un voile gris.
Personne n’entend rien ni ne comprend rien
d’ailleurs. Il regarde, il ne voit pas.
Il continue à parler
Il continue à parler
mais il sait de moins en moins.
Ce qu’il voit, ce qu’il écoute,
qui vient, l’éblouit, l’aveugle,
couvre le bruit de sa voix :
un appel, un cri, un feu crépitant,
mais d’où venu ?
La pluie
extrait 1
On ne voit plus la clôture
le chêne ni la mangeoire
aux oiseaux qui se balance.
Rien ne bouge. Sur la vitre
On voit les toits dans la brume,
les fenêtres qui s’éclairent
-un vide obscur et qui pleut.
POÉSIE HISPANIQUE – l’Espagne contemporaine : de l'Ultraísmo à Sanchez Ortiz (France Culture, 1982)
Une compilation des émissions « Albatros », par Gérard de Cortanze, diffusées les 3, 10, 17, 24 et 31 janvier 1984 sur France Culture. Invités : Jacques Ancet, Saül Yurkievich, Claude Miniere et Severo Sarduy. Poètes évoqués : José Angel Valente, Pere Gimferrer, Andres Sanchez Robayna, Julian Rios et Emilio Sanchez Ortiz.