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EAN : 9782019192358
167 pages
Hachette Livre BNF (01/11/2017)
3.75/5   2 notes
Résumé :
Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
"Ce que je préférerais, c'est d'aimer la Terre comme l'aime la Lune et de n'effleurer sa beauté que des yeux."
(F. Nietzsche, "Ainsi parlait Zarathoustra")

Dans une famille pauvre d'Odense au royaume de Danemark, le petit Hans est né le 2 avril 1805 - exactement quatre mois après la victoire de Napoléon à Austerlitz. Fils d'un jeune cordonnier et d'une blanchisseuse vieillissante, la famille ne vivait pas seulement en périphérie de la ville, mais de toute la société.
Le garçon faisait des beaux rêves sur une vie meilleure et sur la richesse, et ses pensées s'élevaient très haut vers la gloire. Dans la vie réelle il n'était pourtant poussé que vers le bas. A onze ans, après la mort de son père, il est obligé de travailler à l'usine locale. Sa demi-soeur se tourne vers la prostitution. Son grand-père était une sorte de "fou du village".
A la première occasion, le garçon quitte la maison pour réussir à Copenhague. Une entreprise osée mais payante : il y trouve suffisamment d'amis et de mécènes pour pouvoir finir ses études.
Et toujours ce désir de gloire et d'éclat ; la boue, il en a plus qu'assez. Il écrit : poèmes, pièces de théâtre, récits de voyage... mais la gloire ne s'intéresse pas à lui. Qui sait comment lui est venue l'idée d'écrire son premier conte ; puis les autres, chacun comme une marche supplémentaire vers les lauriers rêvés... et vers l'immortalité.
Il me semble qu'Andersen est parfois complètement transporté par la tragédie classique, et il l'imbrique dans ses histoires. "La petite fille aux allumettes", "Le petit soldat de plomb" et tant d'autres n'ont pas une fin heureuse, mais quand j'étais môme, je trouvais déjà les larmes et la catharsis à la Andersen beaucoup plus fascinants que les fins obligatoires avec les princesses délivrées et les mariages royaux. Dieu que c'est cruel... et pourtant si exquis et si vrai... !

Ce livre ne contient pas les contes proprement dit, il s'agit plutôt de très courts textes que l'on pourrait qualifier d'"instantanés" ; des miniatures littéraires qui se matérialisent devant les yeux du lecteur.
En son temps, "Le livre d'images sans images" fut l'une des plus célèbres oeuvres du classique danois ; c'est pourtant un tout petit livret, que vous pouvez facilement glisser dans la poche lors d'un voyage. Dans le cas idéal, il vous accompagnera à Odense sur l'île de Fionie, mais même dans les contrées surchauffées de l'Europe centrale tout près de ledit Austerlitz, il ne perd rien de sa fraîcheur.

Comment fonctionne donc un livre d'images sans images ? Pendant trente-trois nuits, la Lune décrit à un peintre pauvre les remarquables tableaux qu'elle a pu contempler en arpentant le vaste monde. Elle lui montre ses merveilles et ses souffrances. Andersen voulait créer quelque chose de neuf, peu expérimenté sur la scène littéraire de son époque, quelque part entre l'épique et le lyrique. Parfois il s'agit presque de poèmes en prose, et souvent de véritables inspirations - scènes vivantes ou natures mortes - pour les peintres, comme cette image de fillette qui pleure sa cruche cassée dans les ruines d'un palais romain, où les plus démunis ont élu domicile après la chute de l'empire. de nombreuses histoires reflètent les propres souvenirs de voyage de sieur Andersen (et quel respectable globe-trotter il était !) ; on peut y inclure celle de la chanteuse qui pousse spontanément un air d'opéra dans le théâtre vide à Pompéi - un moment tout à fait "impressionniste", encadré par le rappel de "memento mori". Dans le cadre du romantisme exotique en vogue, la Lune s'aventure, bien sûr, beaucoup plus loin que l'auteur : aux Indes, en Chine, en Afrique subsaharienne ou au Groenland pendant la nuit d'été.

Une autre thématique d'"images sans images" valorise l'expérience d'auteur avec le théâtre et avec l'art tout court. Les amateurs de ses contes ne seront pas surpris par des histoires affligeantes, où il est impossible de ne pas ressentir la propre souffrance d'Andersen, ses douleurs de coeur à cause de la moquerie, harcèlement, échecs personnels (un jeune acteur qui se fait siffler) et même des pensées suicidaires. D'autres tableaux débordent de tendresse - à la limite du kitsch - envers les enfants, les animaux, les vieillards ou les pauvres.

Ceci est donc un H. C. Andersen très peu connu, et pourtant, ce livre destiné aux adultes a la même authenticité humaine que ses contes de fée. Puisque ce Danois hypersensible a énormément marqué ma carrière de petite lectrice par ses histoires esthético-déprimantes pleines d'émotions fortes, et plus tard par son autobiographie, ne pas connaître "Le livre d'images sans images" serait pour moi comme manquer d'une pièce importante dans un puzzle. Je suis très heureuse que j'ai pu enfin le lire. 4/5 pour ces récits à l'odeur de papier jauni, peu m'importe le sentimentalisme suranné pour lequel ils ne sont (probablement) plus édités de nos jours !
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Seul dans la grande ville, dans sa mansarde, il n'a qu'une amie, la lune, une lune espiègle, curieuse, mais aussi poète et pleine d'empathie et de compassion qui va lui raconter ses souvenirs, 35 scènes de tous pays de tous milieu des tristes et des moins tristes.

Une d'elles m'a frappé, ces émigrants qui ont tout donné pour payer le passage des mers vers... les Amériques (où ils ont exterminé les Indiens). Et je me dis que de tous temps il y a eu des invasions, des émigrants, et qu'avec les réfugiés climatiques, les Indiens, ce sera peut-être nous?
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Je vais te donner encore un tableau emprunté à la Suède, disait la Lune.
Au milieu de sombres forêts de sapins, près des bords mélancoliques du Noxen, se trouve Wréta, l'église d'un ancien couvent. Mes rayons pénétraient à travers les barreaux dans les caveaux immenses, où les rois dorment tranquillement dans leurs grands cercueils de pierre. Dans le mur, au-dessus de leur tombeau, on voit briller, comme l'emblème de la splendeur terrestre, une couronne royale, mais elle n'est qu'en bois peint et doré ; une cheville en bois l'attachait au mur. Les vers ont rongé le bois doré, les araignées ont fait leurs toiles depuis le haut de la couronne jusqu'en bas sur le cercueil, crêpe périssable comme la douleur des mortels.
Que les morts dorment d'un sommeil tranquille !
("Vingt-neuvième soirée")
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La pause Kibookin est une production du Salon du livre et de la presse jeunesse avec le soutien de la Sofia et du Centre Français d'exploitation du droit de Copie.
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