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EAN : 9782760948105
Leméac (Editeur) (30/11/-1)
5/5   1 notes
Résumé :
Hubert Hubert est un homme sans histoire qui vieillit sans le savoir. Un matin, au petit bonheur de sa marche quotidienne dans les rues de son village, il découvre qu'Omer, son ami de toujours, est allé vivre en résidence. C'est le choc : sa vie n'aurait-elle été qu'un rêve, qu'une suite de faux départs, d'élans brisés ? La nuit de ce jour-là, entre l'effarement et la grâce, Hubert retrouve un premier amour sous les traits d'une petite vieille manipulatrice, se reco... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Dans « Mourir d'oubli » André Hamel creusait en lui. « Le désarroi du vieil Hubert » nous oblige à creuser avec lui.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
L’ÉCLIPSE DU 20 JUILLET 1963, À GRAND’MÈRE P.Q.
« Mon village natal, pour une fois, était carré sur la map, flanqué au beau milieu de la ligne centrale du trajet d’une éclipse totale de Soleil. »
André Hamel, « Le désarroi du vieil Hubert », Leméac 2019, p. 29-33
(…) le 20 juillet 1963, au début d’un bel après-midi ensoleillé et sous un ciel sans nuages, celui que j’étais avait rejoint, sur le terrain de balle voisin de l’aréna, des centaines de curieux, des villageois de mon village pour la plupart, arrivés comme moi par leurs propres moyens, et quelques dizaines de scientifiques débarqués un peu avant midi d’un train nolisé en provenance de Ville-Grande. Fanfare, majorettes, tambours et clairons avaient escorté ces savants, ces adorateurs du soleil, tout le long du court trajet qui allait de la gare jusqu’au terrain de balle graveleux et sablonneux. Les plus sérieux des visiteurs, ceux qui logeaient depuis quelques jours à l’hôtel du Grand Villageois, en étaient à calibrer et tester leurs appareils sophistiqués. Mon village natal, pour une fois, était carré sur la map, flanqué au beau milieu de la ligne centrale du trajet d’une éclipse totale de Soleil.
Au cours des semaines précédentes, j’avais compulsé les rares journaux, revues ou encyclopédies auxquels j’avais accès dans le but d’inventorier les outils d’observation d’une éclipse, de les analyser et de les comparer sur les plans de leur disponibilité, du niveau de risque associé à leur utilisation, de leur valeur scientifique et, enfin et surtout, de leur coût d’acquisition ou de fabrication. Au terme de cette analyse comparative, j’avais retenu le principe de la camera obscura dont j’expérimentai plusieurs modèles de ma confection dans les jours précédant l’éclipse.
L’heure venue, je me tenais debout sur le terrain de balle, la tête couverte d’une boîte de carton ondulé d’assez bonne dimension sur un côté de laquelle j’avais préalablement pratiqué une ouverture d’à peine un demi-pouce, ouverture que j’avais ensuite obturée à l’aide d’une petite bande de pellicule photographique percée en son centre d’un sténopé, un vulgaire trou d’épingle. J’avais prévu que, tournant le dos au soleil, la tête enfouie dans mon carton, je pourrais observer sur la face intérieure avant de cette chambre noire, comme sur un écran, une image inversée et renversée de la progression et de la régression de l’ombre de la lune sur le soleil – qu’on appelle une éclipse du soleil, mais qui est, à proprement parler, une occultation du soleil. J’étais fier de moi, de ma science et de ma caméra sans diaphragme ni lentille, un instrument simple, mais ingénieux.
À l’heure prévue, le soleil et la lune firent là-haut leur affaire, l’outil fit ici-bas son office. L’adolescent se trouva fort satisfait de lui-même, de son ingéniosité, d’autant qu’il avait été un des seuls, sinon le seul, à avoir utilisé ce singulier instrument d’optique qui, quoique rudimentaire, avait, pensa-t-il, intrigué et laissé perplexes les gens simples – « comment peut-on voir devant en regardant derrière?» – et suscité l’approbation des savants et des amateurs éclairés qui virent là, crut-il, le signe d’un bel esprit scientifique – «de la graine de savant», aurait même fait remarquer à son assistant le professeur Saulsberry Square de la Washington University in St. Louis.
C’était un samedi. Le lundi suivant, je me rendis à la tabagie-librairie en face de l’église paroissiale pour y découvrir ce qu’en dehors de mon village on pouvait bien raconter de l’éclipse et de son observation. Un quotidien anglais de Ville-Grande proposait un reportage dont la photographie qui l’accompagnait attira mon attention. Il s’agissait d’une photographie de bonne dimension qui faisait voir en assez gros plan un jeune homme la tête couverte d’une boîte identique à la mienne et qui portait une veste légère, de couleur pâle, semblable à la beige que j’avais enfilée le jour de l’éclipse et sur laquelle, si on y faisait attention, on pouvait distinguer un écusson identique à celui que ma mère avait cousu sur ma propre veste l’automne précédent. Le personnage de la photo portait ma veste, arborait mon écusson et avait la tête couverte de ma boîte de carton ondulé. Une brève légende précisait, et je n’avais aucune raison de douter de la véracité de ce qu’on rapportait dans un grand quotidien métropolitain, qu’il s’agissait d’un jeune homme venu by train de Ville-Grande – jusqu’au village natal – pour y observer l’éclipse à l’aide d’une pinhole camera.
C’est ainsi qu’entre les 20 et 22 juillet 1963 un jeune villageois de son village, la tête enfouie dans une boîte de carton, tournant le dos à la vie et ne voyant du monde qu’une image projetée sur un écran à travers le trou d’une épingle, est devenu, par la seule force des mots d’une légende imprimée au bas d’une photo et pour des milliers de personnes à travers le Québec et le Canada, et peut-être le monde, un jeune métropolitain de Ville-Grande voyageant par train pour observer, loin de chez lui, l’éclipse solaire, celle-là même qui éclaira puissamment de son ombre mon village. C’est ainsi que je vis les choses à la façon d’une révélation.
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Mon territoire, ce sont les zones frontières, des régions fort peu peuplées où, quand elles le sont, des régions peuplées d’êtres déroutants, qui tous nous ressemblent, mais qui pour certains refusent ou pour d'autres oublient d’être ce qu'ils devraient être, du moins dans nos attentes ou nos souvenirs. Certains sont délinquants, d'autres déments. Tous sont sous traitement, certains en maison de redressement, d'autres en centre d’hébergement.
p26
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J'étais impétueux, vif comme l'éclair, et j'avais le coup de foudre facile. Elle portait une robe à motifs incertains tel est du moins mon souvenir. Peut-être est-ce des motifs feuillus, des feuilles stylisées de toutes les nuances ; des feuilles d’un vert tendre et doux dessiné sur un fond écru. Elle avait de beaux grands yeux de vaches au bonheur serein, des yeux qu'on n’oublie pas. Je m'en souviens. C'était hier.
P52
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J’étais d’un petit village industriel d’obédience papetière et forestière ; je connaissais bien Ville-Voisine, un assez gros village plus jeune que le mien, établi un peu en aval le long de la même rivière, le long de la même route nationale, le long de la même ligne de chemin de fer que le mien, mais avec des chutes si grosses quand on ne parlait d’elles qu’en anglais …
p34
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… les chancellements crépusculaires des derniers âges ressemblent parfois aux vertiges de l’aube qui s’emparent des âmes plus jeunes.
p28
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