Je ne sais pas encore combien je vais mettre d'étoiles, si je peux en mettre.
Je parcours les différentes critiques et je ne comprends pas pourquoi on accuse
Christine Angot de : (je cite de mémoire)
-Vulgarité : style épuré, classique, sec, précis, chirurgical, classe, puissant
-Pute : ouh là, mais il s'agit de viol et d'inceste par le père(vers), on se trompe de cible, il me semble.
-Pornographie, pédophilie : euh, là aussi, il me semble que c'est le père qui pratique ces deux vices, non, ou alors j'ai mal lu. L'adolescente est quasi muette, automate répétant ce que le père lui dit de dire, sauf quand elle raconte son rêve, et qu'alors il l'abandonne sur un quai de gare.
Non, franchement, ce livre, c'est sûr, il faut oser, l'écrire et le lire.
Le lire, ça veut dire se livrer pieds et poings liés au pervers, car avec la narration à la troisième personne, nous assistons en voyeurs (oui, c'est vrai, en voyeurs) à l'horreur de
l'inceste, torture physique et entreprise de destruction morale.
Mais nous y assistons parce que
Christine Angot nous ouvre la porte de la chambre de Barbe-Bleue, où elle est entrée à la suite de mille et mille autres victimes, et qu'elle veut que nous le voyions, en voyeurs, pour que nous sachions, et que nous ne puissions plus ne plus voir. Alors nous voyons tout, et nous avons envie de tuer et de pleurer pour elle. Pas de l'insulter, ah ça non alors.
L'ado reste silencieuse, narrateur externe, point de vue quasiment externe. Que ressent-elle ? Dégoût, lassitude, soumission à une volonté plus forte, qui exerce à un haut degré la manipulation mentale. Elle est complètement perdue dans le discours du linguiste pervers. Ce que tu fais, tu l'aimes. Je ne fais rien de mal et rien de ce que tu ne veux pas. Je respecte ta virginité. Tu es unique. le pervers polymorphe pour les Nuls : Pierre Angot. Guide rouge du Pervers : trois étoiles au Michelin. C'est pour notre éducation.
Et la petite qui ne peut ni s'échapper ni refuser, alors que la porte est grande ouverte. Et qui va le revoir.
Instructif. Regardons autour de nous le mal qui nous entoure, apprenons à le reconnaître, lui et ses victimes invisibles.
Christine Angot nous le montre dans sa nudité insoutenable. Courage, ouvrons les yeux.
Je vais mettre cinq étoiles.