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2,68

sur 328 notes
Lu en 2017. J'avais enfin réussi à dépasser mon appréhension de lire cette auteure très controversée.
Un récit prégnant, un huis-clos, qui ne raconte pas, mais "dit", livre des mots, dérangeants, percutants, écoeurants. Ceux de la manipulation mentale, de la séduction perverse, de la domination implacable, du chantage affectif ignoble, de la persuasion perfide, de la culpabilisation, du rapport de force d'une personne sur une autre. Une narration extrêmement figurative, un témoignage révoltant et nécessaire, mais à recommander à un public prêt à encaisser le choc, tant émotionnel que littéraire (!)
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Il n'y a rien de plus révélateur que la dénégation. Ceci n'est pas une pipe. Ceci n'est pas un porno complaisant. Mais… qu'est-ce que c'est ?
A priori, c'est un texte de 130 pages qui ne comporte qu'une demi-douzaine de retours à la ligne, mais ponctué « normalement ». Procédé courant pour inspirer l'absence de toute logique, et l'enfermement. Les scènes de sexe couvrent plus de la moitié du texte. le reste, ce sont les faits et geste de l'homme, et ses déclarations, centrées sur ses autres relations féminines. Plus quelques bribes de narration (la séparation finale).
Très peu de repères, même subtils, autres qu'en relation directe avec la dimension sexuelle, à l'âge du personnage féminin. Ses lectures, "Chiens perdus sans collier"… Ses amitiés, scolaires. Elle est vierge, l'homme veut la posséder analement pour préserver son hymen. A quelques reprises, il lui demande de dire « C'est bon papa ». On ne sait pas si elle obtempère.
Ce texte est la narration d'un épisode d'emprise totale d'un homme adulte sur une jeune fille ou une adolescente, dans un huis-clos de quelques jours. L'emprise est déjà installée. La fille en est totalement prisonnière, puisqu'à la fin elle ne supporte pas d'être renvoyée à sa famille au lieu de pouvoir accompagner l'homme "à Carcassonne". L'homme est un pervers narcissique type, qui possède une science exercée des alternances lâcher-serrer et aduler-rabaisser. Il est totalement obsédé par la possession sexuelle, qu'il exige plusieurs fois par jour et dans les environnements les plus divers, y compris publics. La fille est « inexpérimentée » face aux fantasmes de l'homme, dont les tentatives de pénétration anale lui procurent douleur et détresse.
Les lecteurs et lectrices réagissent probablement de façons très diverses, de l'indifférence à l'indignation ou à l'excitation.
Car ce « roman » peut très facilement se lire comme un roman pornographique. Toutes les scènes sont décrites en gros plan, longuement jusqu'au plus fin détail et jusqu'à l'orgasme masculin, avec du sperme, très souvent dans la bouche. Je n'ai vu pour ma part aucun obstacle dressé par Christine Angot à une lecture pornographique, qu'elle soit d'un adolescent « normal » en quête de ses premiers émois solitaires, ou d'un adulte moins « innocent » voire déjà bien imbibé. Au contraire, et c'est là que le bât blesse vraiment.
Les choix de focale sont conformes à ceux de l'industrie pornographique. de même les détails, notamment la pénétration orale active ("mouthfuck", aggravation de "deepthroat") "jusqu'au fond du palais" (sic), plusieurs fois décrite. L'évocation du « 69 » est certes une antiquité, mais elle en fait partie. Mais là où l'auteure se prend à mon avis vraiment à son propre piège, c'est dans un petit détail (le diable est dans les détails !) avec le mot « fister » (p.69, hasard malencontreux). Pour décoder ce mot, il faut connaître la représentation de la pratique correspondante dans la pornographie. Je le vois donc ici comme une véritable complaisance, peut-être accidentelle, mais en tout cas pas du tout maîtrisée.
Oui le livre a connu un grand succès de librairie. Mais de quelle nature ? Combien de femmes et d'hommes ? Et quels effets, recherchés ou non ? Certainement, une jeune femme pourra y avoir vu, pour son édification, les ficelles d'un pervers et d'une emprise infernale. Mais moins clairement que, par exemple, dans "L'Inceste" de la même auteure. Un jeune garçon ? J'en doute fort. Je me permets de rappeler que "Moi, Christine F., 13 ans" a été lu, de notoriété publique, par beaucoup d'hommes comme un livre pornographique. Il fallait pourtant surmonter beaucoup d'aspérités ! Et le "Rapport Hite" donc. Cette dimension, la réception et le devenir d'un texte, les jalons à y poser, relève de la responsabilité de l'auteur-e et ici, il me semble que Christine Angot s'est fourvoyée dans le but certes louable d'édifier son lectorat sans discours moralisateur explicite, peut-être prise par l'ambition d'unir un thème et un genre incompatibles…

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J'ai lu quand il est sorti "une semaine de vacances" d'Angot, et je n'en avais pas fait le compte-rendu.
Je devais être un peu "sonnée".
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J'ajoute ce titre pour exprimer mes premières impressions après avoir vu le documentaire sorti en salle aujourd'hui 20 mars 24, intitulé "une famille".
Ma démarche est un peu bizarre, mais je n'ai pas trouvé d'autre moyen d'exprimer mon ressenti sur ce film important.
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Je salue l'honnêteté de Christine Angot et la qualité de son travail, tant littéraire que cinématographique. Sa réflexion va loin, très loin.
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Elle ne fait pas l'unanimité : comment la faire quand on met le doigt précisément sur un fonctionnement social qui préserve la structure du groupe au détriment de la construction d'un enfant, alors que les deux sont intimement liés et que les enfants d'aujourd'hui formeront la société de demain ? En matière de gestion, c'est ce qu'on appelle de la "cavalerie".
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Il y a incontestablement une sphère de l'intime. Elle doit être préservée quand tout va bien, ou que rien ne va trop mal.
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Mais dans le cas de la maltraitance envers les enfants, la cécité des témoins (feinte ou réelle) affectera inéluctablement le tissu social de demain.
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Si on n'a pas de compassion pour ceux qui "sont agis" sans pouvoir se défendre, qu'on ait au moins la clairvoyance de sauvegarder le groupe social. Ce que nous ne faisons pas en ne voyant pas et en nous taisant.
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La sauvegarde que nous croyons effectuer en nous taisant n'en est pas une : le poison enfoui continuera son oeuvre malsaine, il produira ses effets dans le temps, empoisonnera nos racines. Si rien n'est "reconnu", tout ressortira d'une façon opaque, déformée, toxique (encore plus toxique, car on ne peut pas affronter un adversaire invisible). Et les générations suivantes continueront à subir des effets délétères d'une expérience vécue par ceux qui les ont précédés et que la mort a réduit au silence.
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Voilà pourquoi j'admire le travail d'Angot, et je signale en passant la qualité de ses interventions à France Culture (et autres) sur le travail littéraire.
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Angot est une sculptrice de mots : rien d'étonnant à ce que sa fille Léonore soit une plasticienne sculptrice.
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Quel choc !
Oui, j'avais déjà vu Christine Angot aborder la question de l'inceste sur quelques plateaux télé mais j'ignorais tout de ce livre au moment où je l'ai commencé. Et là, dès les premières pages on est plongé dans la réalité de ce que doit vivre une adolescente pour une semaine de vacances avec un père incestueux.

C'est direct, c'est cru, choquant, révoltant, terminé le 2 novembre, c'est seulement aujourd'hui que je rédige ma chronique, besoin de laisser décanter, de digérer l'épreuve de ce qu'elle a dû vivre pour pouvoir en dire quelque chose.

Après avoir terminé, j'ai lu quelques critiques, j'ai retrouvé ce que j'ai pu ressentir dans certaines d'entre elles, d'autres m'ont quelque peu contrarié, celles qui y ont vu du porno, de la vulgarité, de la provocation ou qui analysent, qui comparent, entre autres avec Camille Kouchner ou Vanessa Springora. Je pense qu'il est vain de comparer et qu'il faut prendre le livre de Christine Angot comme un cri, une thérapie, une manière de vider son sac pour tenter de se reconstruire et qu'il faut l'accepter comme tel sans aller plus loin dans l'analyse qui mettrait à distance. Sa manière brutale d'exprimer ce vécu si douloureux sans l'expression des émotions est pour moi justement ce qui permet au lecteur de réaliser ce qu'elle a pu vivre, de comprendre les dégâts occasionnés par un adulte sur une enfant et d'éprouver de l'empathie pour toutes les victimes de l'inceste ou de la pédophilie. Quel fléau !

On ne ressort pas indemne d'une telle lecture mais quel courage d'avoir pu écrire ce texte.
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Je ne sais pas trop quoi dire après cette lecture, brève mais intense, dans son genre. C'est autobiographique, une semaine d'abus sexuels vécus par l'auteure, à un âge qui ne nous est pas précisé. Ce qui est le plus choquant pour moi, c'est le discours de ce père à sa fille. Quel chantage affectif monstrueux ! Et ce que ce pédophilie dégage : écoeurant ! Incapable de penser à autre chose qu'à des actes sexuels durant les quelques jours passés ici avec sa fille. Et au moindre refus ou propos qui lui déplaît, il la rembarre "chez elle" (chez sa mère, je suppose). Puis ce discours du "je te prépare pour une meilleure vie amoureuse plus tard"... Bref, un gars complètement à gerber qui explique aussi à sa fille ses aventures avec d'autres femmes et ses critères de comparaison sexuels. Il n'y a pas d'émotions décrites dans ce livre, juste une succession de faits... Je ne sais pas ce qu'il est advenu de cet être abject qui était apparemment un homme respecté, un homme "de la haute". L'auteure de dit pas si elle a porté plainte, on ne sait pas si elle en a parlé à sa mère ou une autre personne... du coup, cette lecture, elle met mal à l'aise de par les faits relatés (surtout qu'on ne sait pas qu'il s'agit d'inceste, au départ, même si on perçoit le côté sale et de domination de la relation directement) mais elle nous laisse avec toutes nos questions quant à sa finalité.
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Pour dire la blessure Christine Angot choisit de mettre en scène les gestes de l'inceste qu'elle a subi .
L'écriture est d'une précision chirurgicale pour décrire les parties du corps impliquées, comme des objets lointains qui lui restent étrangers. le lecteur comprend vite que derrière cet hyper réalisme, si l'autrice est bien présente physiquement, rien de sa personne, de son moi, de tout ce qui touche à sa singularité humaine, dans sa sensibilité et ses émotions, rien de ce qui est profondément et réellement « elle » ne l'est. Cette écriture qui dit le corps comme un automate désarticulé, un ensemble de pièces détachées d'elle même, réussit à traduire le désarroi et les interrogations qui la traversent. Avec des mots arides, recroquevillés sur chaque détail corporel, elle fait éclater le corps, son corps, elle le fait mourir. Pour dire cette omniprésence du corps, elle façonne un langage qui réussit à la désincarner totalement. Elle met ainsi en lumière, sa position de pantin désarticulé qui ne s'appartient plus, elle montre les ressorts pervers de l'emprise, elle évoque la manière dont l'acte incestueux la maintient dans une négation absolue d'elle même.
La lecture de ces pages est un chemin douloureux pour le lecteur, qui partage ainsi à travers l'écriture de Christine Angot la réalité profonde de son vécu.
La découverte de cette écriture magistrale fait de la lecture de ce livre, un moment exceptionnel.
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Une semaine de vacances/Christine Angot
Je n'avais jamais lu un quelconque ouvrage de C.Angot.
La publicité faite autour de ce minuscule opuscule m'a décidé à le lire d'autant plus que dans le cas où je n'apprécierais pas, je n'aurais pas perdu beaucoup de temps. En effet la plupart des commentaires des lecteurs sont extrêmement critiques. Rares sont les éloges de ce morceau de bravoure. Car c'en est un avouons-le.
D'entrée ce qui m'a frappé parvenu au terme de ma lecture c'est qu'à aucun moment il n'est dit par l'un des deux protagonistes que la demoiselle est la fille du monsieur. Seul est mis à jour le fantasme du monsieur qui veut entendre la demoiselle dire « papa » lors des ébats multiples et variés et le lui dit lors des rares échanges verbaux, rares car on assiste en fait à un monologue d'homme pervers, captieux, faisant chattemite à tout bout de sein pour arriver à ses fins. Donc on peut conclure que l'inceste n'est pas avéré. Certains diront que l'intention vaut l'action. Soit.
Cela précisé, quel est l'intérêt de ce livre ?
Je l'ai trouvé dans son audace, sa salacité et sa lubricité, impitoyable non seulement pour la demoiselle mais encore pour le lecteur. D'aucuns auront été choqués inévitablement n'imaginant même pas ce qui peut se passer derrière les tentures et les persiennes protégeant une sieste coquine. Pornographique ? Oui peut-être par instant. Vulgaire ? Non jamais.
Ce qui rachète un peu cette sordide histoire, c'est quand même le style de C.Angot dont les descriptions quasi cliniques des ébats sont dures à encaisser pour le badaud : on prend des coups si l'on n'est pas un peu aguerri. le style est très précis, concis, chirurgical, bien rythmé. On ne peut pas dire que Madame Angot fasse dans la dentelle. Sauf à parler des sous-vêtements de la demoiselle.
Mais l'auteur veut-elle vraiment choquer ? Je me suis posé la question. Quoi qu'il en soit, elle a choqué la plupart des lecteurs qui se sont exprimés.
Il est certain que l'intérêt de ce livre est discutable : on aime ou on n'aime pas ; dur d'être entre les deux. La litanie des poses et actes peut être exaspérante.
Ce qui frappe aussi, c'est que ce monsieur, un véritable « gentil monstre » est prêt à tous les mensonges pour obtenir le placet de cette jeune fille bien docile et comme apprivoisée. On peut être choqué par autant d'aplomb surtout quand la proie est facile. Mais en fait, hormis les multiples concrétisations des fantasmes du monsieur, il ne se passe rien, pas de rebondissement, pas de suspense : et pourtant, on toujours l'impression que cela va finir, qu'il va se passer quelque chose pour mettre fin à ce parcours des sentines bourbillonneuses de la chair.
Pas d'émotion dans ce récit, pas de sentiment sinon celui d'un dégoût pour cet homme aux pulsions irrépressibles.
En bref, cette lecture est réservée à un public averti. Âmes sensibles ou prudes, abstenez-vous : la nausée vous viendrait inévitablement. A moins que vous soyez masochistes.
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J'ai bien compris n'avoir rien compris à ce livre: en tout cas, si la prose est souvent belle, le fond est malsain, profondément violent. Je n'ai pas compris le pourquoi de ce livre, étant sans doute bien incapable de livrer autant de moi (autobiographie donc). L'homme est immonde, c'est tout ce qu'on peut retenir.
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Une première pour moi, et c'est illisible.
C'est un roman très court, et pourtant j'ai eu l'impression qu'il était tellement long. J'ai espéré, beaucoup, jusqu'à la dernière page, mais non rien à faire, je ne comprends pas le succès de cette auteure.
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Un roman aussi court que terrible, captivant et révoltant; excitant et dégoutant. Pourquoi écrire ceci ? Y a t il un fond d'autobiographie ? Qu'est ce que l'autrice veut montrer ? L'emprise de l'homme (est ce d'ailleurs vraiment un homme) sur la jeune fille est délirante, la soumission de la jeune fille est désolante, elle cherche son amour et est prête à tout pour le conserver.
Le dénouement, qui n'en est pas vraiment un, est violent et conclut comme une claque cette courte histoire.
On ne peut que détester cette histoire, mais admirer la façon dont elle est racontée.
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