Annales historiques de la Révolution française, n°407

Les Finances au service des Sciences
ou Comment la République a modifié les Sciences

Ce numéro des Annales Historiques de la Révolution Française (AHRF) est très original et complet.
Il aborde le domaine des sciences durant la RF et au XIXe siècle à travers les politiques financières.
Il envisage la diversité des solutions mises en oeuvre pour financer les Institutions scientifiques et les savants et mesure l'ampleur des recompositions qui s'opérèrent à l'occasion de la Révolution française.

La République avait besoin des savants et ces derniers aussi !

Du fait du déclin des dons aristocratiques et des subventions royales, les financements publics de l'Etat fleurissent qui font l'objet d'arbitrage publics des autorités et de débats avant un vote par l'Assemblée.
Les nouvelles modalités de financement de l'activité scientifique contribuent donc à l'institutionnalisation de certaines sciences, une pérennisation des institutions soumises auparavant au bon vouloir des donateurs, une hiérarchisation du monde savant, des modifications de carrières de ces hommes et ces femmes ; mais aussi elles dénotent des objectifs qui servent la compétitivité économique ou militaires et influencent ainsi les motivations et les conceptions de la science.

Les institutions ainsi placées sous l'autorité de la Nation ont le devoir de répondre aux nouvelles attentes de régénération politique, sociale et culturelle.
Les savants sont donc mobilisés notamment sur la création du création du Cadastre : nécessaire afin de répertorier le domaine immobilier assise nouvelle de l'impôt.
Ils uniformisent les poids et mesures, ils concourent à la promotion de la langue française et à la rationalisation des circonscriptions administratives.
Afin de recevoir ces budgets, les savants s'orientent donc vers les savoirs utilisés : navigation, astronomie, médcine.

Enormément de créations et de modifications :
- en 1789, la nationalisation des biens du clergé et en 1791 la confiscation des biens des émigrés permettent une redistribution de documents, livres, instruments, machines et objets divers ; pour les entreposer, les entretenir et les montrer est créé le Muséum national d'histoire naturelle en juin 1793.
- en 1791, les institutions philanthropiques pour les sourds-muets deviennent des écoles avec des professeurs payés par le Trésor Public fonctionnant des des locaux donnés par l'Etat, afin d'élaborer une nouvelle langue universelle (la langue des signes) nécessaire afin de transformer les infirmes en véritables citoyens.
- en 1794, le financement des Conservatoires des arts et métiers est acté
- le droit d'auteur et de la propriété littéraire est votée lors de la loi du 7 janvier 1791.

Les savants sont aidés, encouragés par des aides financières, des mises à disposition de logements et locaux et divers dons d'ouvrages.

Une vraie politique financière pour les sciences en plein devenir !

Même si tous les domaines ne pouvaient être abordés dans ce numéro spécial, j'ai particulièrement aimé celui sur la maison de Charenton, où sont internés les déments : par l'étude des finances de cet établissement on peut constater l'évolution des traitements pour une psychiatrie plus humaine : création et entretien de promenoirs, cours et autres jardins, acquisitions de matériel d'hydrothérapie, et instruments de musique !

Un numéro vraiment complet et très instructif ! Alors oui, la République avait besoin des savants et les a grandement soutenus !