Bathurst, tome 1 : Darwin

Comment décrire cette histoire ? Compliqué !

Dans ce livre, le narrateur est un domaine (une grande demeure avec un grand jardin et de nombreuses dépendances) qui va nous raconter des bouts de son histoire et surtout de son ancien propriétaire.
Ce domaine, Darwin, va avoir plaisir à nous décrire et nous guider dans son environnement et à se décrire avec passion. Il n'hésitera pas à nous interpeller directement, nous, lecteur. Cela crée une certaine familiarité et un attachement entre ce domaine et nous.

Pour le reste, je ne peux en dire beaucoup plus sans risquer de dévoiler des éléments. On est ici dans un univers très bourgeois avec un propriétaire et son fils d'un coté, et de l'autre l'ensemble des domestiques (qu'on appelle plus comme ça car on est dans les années 90). En plus de cet immense domaine, le propriétaire s'amuse avec ses hélicoptères, ses voitures de collection, etc. Autour de ce joyeux petit monde, un drame va survenir et va venir bouleverser leurs vies.

J'ai, dans un premier temps de cette lecture, était un peu perdu car le roman n'a pas vraiment d'ordre chronologique et on a du mal à identifier qui sont les personnages. Mais je crois que c'est voulu par Darwin qui aime se jouer de nous en nous faisant découvrir progressivement , et par petites brides, ses secrets et ceux de ses personnages. J'ai donc finalement pris plaisir à lire ce roman et à me laisser balader dans ce domaine qui finira par nous convaincre de l'adage, simple, que l'argent ne fait pas le bonheur.

Enfin, la note autobiographique de l'auteur, en fin de roman, donnera une dimension toute particulière à ce que l'on vient de lire et conclura de nous donner d'autres pièces du puzzle pour comprendre un peu plus Darwin.

Le narrateur est une maison qui ne cesse de decrire son interieur : ses pièces, et son agencement. Cela permet de rendre l'éclat du domaine imposant. La maison se raconte donc, et observe ses habitants au fil du temps, sans jamais indiquer d annees ou de references a une actualité, rien qui permettrait de les situer, ce qui donne un côté atemporel. Pour renforcer cette impression d universalité, aucun personnage, aucun habit, aucun paysage n' est fourni. Grand ? Petit ? Acariatre ? Imposant ? Blond ? Roux ? ... Rien pour se projeter. Pour imaginer.
Et qu il est compliqué de reconstituer l histoire dans son ensemble, avec ses informations éparses, avec beaucoup d'allusions souvent explicitement repoussés à plus tard. Avec des aller retours temporels. Il faut se raccrocher pr se rappeler quand on se situe.
Une recommandation : lire les 5 dernières pages qui expliquent (enfin) concrètement la vie des personnages, et les liens qui les unissent. Mais certains diront qu' on tue alors le concept même du livre.
La description de la maison, assez grande, finit par ressembler a une annonce immobilière, avec une Litanie de pièces avec leur agencement. C est bavard.  Un vrai plan. Mais sans charme, pour avoir envie de la visiter. L' histoire n'évolue pas vraiment, mais permet de vivre une parenthèse pas nécessairement enchantée pour moi. Ca a été un sacré défi pour moi d'aller jusqu'au bout : une lecture exigeante, certes, mais sans une écriture ou un suspense qui me donnait envie de continuer.

A noter que j' en ai parlé autour de moi, et il s'avère que deux amis etaient curieux d en savoir plus. Peut-être ne suis je pas le bon lecteur. Curieux d avoir leur avis...

Si la valeur d'un roman se mesure à son étrangeté, celui-là atteint des sommets. Pourtant je n'ai pas eu de mal à y entrer. Je me suis vite faite à ses bizarreries, j'ai décidé de me laisser porter sans forcément tout comprendre, et j'ai presque trouvé dommage que la notice de la fin apporte certaines réponses à certaines questions. Ce qui m'a surtout enchantée, c'est cette écriture singulière, très musicale, qui oscille en permanence entre l'aveu et la réticence, semble se jouer de la lectrice ou du lecteur mais en réalité la ou le valorise et lui permet de vivre une expérience émotionnelle unique. J'ai hâte de pouvoir me plonger dans Bathurst, II !

On m'avait mise en garde : roman bien écrit, mais trop cérébral, difficile à suivre. Eh bien je l'ai lu d'une traite, puis je l'ai relu, et le plaisir a été encore plus grand. Je ne suis pas sûre d'avoir tout compris, mais j'ai été fortement émue, ce qui ne me serait pas arrivé avec un roman « cérébral ». J'imagine que Bathurst, II m'apportera certaines des réponses qui me manquent. Si ce n'est pas le cas, j'accepte de rester sous le charme du mystère.

Un roman où l'on se promène guidé par la musique des mots. Une tonalité bizarre, entre mélancolie et détachement. On comprend peu à peu qu'il s'agit d'un travail de deuil, si diificle à mener que le personnage dévasté délègue la parole aux lieux que lui-même ne peut plus hanter. C'est envoûtant et bouleversant, jusqu'à la fin, sublime.