J'ai à peu près une confiance aveugle en Akata pour choisir ses shojo et quand dans leur communication, je sens quelque chose de fun et frais rappelant un peu Bless You, forcément cela attire mon regard. Cependant démarrer une telle série n'est jamais simple et comme avec son aîné, ce premier tome bien que fort amusant ne m'a pas pleinement convaincue.
Wataru Hinekure, l'autrice, je ne la connais pas, en revanche la dessinatrice qui l'accompagne n'est pas une inconnue chez nous. C'est Aruko, celle qui a déjà illustré Mon Histoire, un shojo décapant qui allait contre le cliché du héros beau gosse. On la retrouve ici à nouveau avec une histoire un peu atypique. Au Japon, Love Mix-Up a rencontré un énorme succès. D'abord prévu pour s'achever en cinq chapitres, le manga a finalement totalisé 9 volumes et a été adapté en série TV. Il a aussi remporté de nombreux prix : le Grand Prix du Ebook Japan Manga 2021, la neuvième position du classement "manga féminin" du Kono Manga ga sugoi ou encore le prix du "Meilleur shojo" lors des 67e Shogakukan Manga Awards. Pourtant quand on le lit, il est également assez classique mais peut-être est-ce son ouverture qui a tant plu.
Love Mix-Up repose sur un décor parfaitement connu des amateurs de shojo, surtout en France, c'est ce qu'on appelle communément une comédie romantique lycéenne. Il coche d'ailleurs toutes les cases du genre dès le premier tome : triangle amoureux, festival à préparer, pièce de théâtre à jouer, rendez-vous sur les toits, copain un peu lourd, tout y est. Cependant, il a aussi le petit truc qui le différencie des autres et qui fera tout : un triangle amoureux différent de d'habitude et rempli de quiproquos qui ne vont peut-être pas l'être tant que ça au final.
Si le décor classique d'une romance lycéenne m'a un peu blasée et si j'ai trouvé la mise en scène légèrement basique et répétitive, j'ai en revanche beaucoup aimé l'originalité du titre. C'était amusant de voir Aoki, amoureux d'Hashimoto prendre sa défense et cacher son secret aux yeux d'Ida, dont il la croit amoureuse, le jour où ce dernier ramasse une gomme avec son nom et un coeur écrit dessus. L'enchaînement des quiproquos que cela induit avec Ida croyant Aoki amoureux de lui est désopilant. L'autrice a fait une sacrée trouvaille et l'a parfaitement mise en scène en nous faisant pénétrer tour à tour dans la tête des deux garçons. Au début, les deux sont dégoûtés par la situation, mais cela évolue peu à peu.
Si l'autrice joue un peu trop sur les jolis rougissements d'Aoki et le sérieux d'Ida, montrant combien chacun prend la situation au sérieux et se montre franc et honnête, enfin surtout ce dernier, j'ai apprécié de voir peu à peu leurs sentiments glisser. Avec un certain humour, l'autrice nous raconte donc comment deux garçons peuvent développer des sentiments l'un pour l'autre sans pour autant avoir jamais eu d'attirance pour un autre garçon. Mais ce n'est pas pour autant un Boys Love, c'est surtout une historie d'amour entre individus qui se mettent à apprécier la personne en face en dépit de son sexe, ils aiment la personne, point. Et j'ai beaucoup aimé cela.
Bien que l'humour soit un peu lourd et répétitif, pas toujours très finement dessiné, celui contribue à écrire une histoire vraiment touchante où l'on voit deux garçons se mettre à s'intéresser l'un à l'autre sur base de ce quiproquos et noter ainsi les qualités de l'autre, mais aussi être intimement touchés par les contacts qu'ils ont l'un avec l'autre, par les réactions et les mots de l'autre. C'est mignon tout plein, même si soyons honnête, c'est aussi très classique et repose sur beaucoup de clichés des romances de ce genre. Mais cette construction des sentiments le fait sortir du lot.
J'ai aimé et été également parfois dérangée par les dessins d'Aruko. Je trouve certains angles de dessin maladroits. J'ai du mal avec ses dessins se voulant humoristiques où je trouve qu'elle en fait trop et emprunte pour cela trop à Natsumi Aida (Switch Girl). Mais j'ai aussi été touchée par les nombreux rougissements d'Aoki et la transformation qu'ils montrent de ses sentiments envers Ida. J'ai beaucoup aimé le dessin de celui-ci qui reflète son caractère droit et sérieux et je suis fan du rendu de ses cheveux, ils ont l'air tellement vrai que je pourrais y passer la main à travers. le reste, trames et décors, est classique pour qui connaît le Betsuma, magazine où on trouve les titres d'
Io Sakisaka, Aruko,
Ichigo Takano,
Kazune Kawahara...
Le premier tome de cette nouvelle comédie romantique lycéenne a donc un sacré potentiel. Il joue sur les codes et clichés du genre mais apporte un vent de fraîcheur avec cette romance dans l'air du temps où le sexe de l'individu en face importe peu face aux sentiments ressentis. C'est drôle, cocasse et surprenant, mais en même temps il y a trop de clichés et j'en ai un peu marre de ce décor lycée. J'attends donc que la suite renverse encore plus les tables, tout en gardant sa sensibilité qui a si bien su me toucher.
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