Un biochimiste et un auteur de SF discutent. Ce dernier a décidé de lancer un nouveau roman avec pour postulat de départ une idée totalement impossible, selon le physicien.
L'auteur réplique donc : "Et pourquoi pas ?"
Ni une, ni deux, le scientifique, accessoirement auteur notable de son état, décide de reprendre la plume pour démontrer à son estimé bien qu'ignorant confrère que son histoire ne peut pas tenir debout. Et c'est ainsi que, quinze ans après son dernier essai de science-fiction,
Isaac Asimov reprit la plume pour montrer à ce profane de
Robert Silverberg que non, le plutonium 186, ça ne peut pas marcher !, parce que "contre la stupidité,
les dieux eux-mêmes luttent en vain".
Depuis 2070, toutes nos énergies non renouvelables, polluantes et chères ne sont plus qu'un lointain souvenir, remplacées par la découverte de la Pompe à Electrons, mise au jour par le jeune et modeste radiochimiste Frederick Hallam. Trente ans plus tard, Peter Lamont, jeune physicien découvre que cette Pompe à Electrons, en générant des échanges de matière entre deux univers, est en train de les condamner. Dans l'autre univers, nous suivons la triade Dua, Tritt et Odeen, dont l'existence sera bouleversée par la même découverte. Enfin, sur la Lune, Séléné Lindstrom viendra en aide à un mystérieux Terrien pour trouver une solution à la menace.
Les Dieux eux-mêmes se divise donc en trois parties, que l'on peut voir comme trois différentes facettes d'une même histoire : vue de la Terre dans la première, de l'autre univers dans la deuxième et de la Lune dans la troisième et dernière partie qui se chargera de conclure le roman.
La première partie nous présente le contexte futur de la Terre, de la découverte de la Pompe, qui apportera à la fois à l'humanité une ère de prospérité et à Hallam une légitimité scientifique inespérée, au combat de Lamont contre la stupidité de ceux qui ne sont prêts au changement que s'il ne risque pas de changer leur vie. Une partie entre écologie et égologie, montrant de manière hilarante à ceux qui en doutaient encore l'importance des melons dans l'histoire de l'humanité.
La deuxième partie nous emmène aux confins de l'autre univers.
Asimov se régale ici avec une histoire d'une inventivité folle nous présentant une civilisation improbable composée des Fluides et des Solides. Vous n'y comprenez rien ? C'est normal,
les dieux eux-mêmes n'y auraient pas pensé. Laissez-vous simplement porter par l'imagination débordante de l'auteur, où il est question d'individualisme, de déterminisme et (un peu) de "tentacule-pan-pan".
Enfin, la dernière partie nous ramène dans notre bon vieil univers, sur la Lune plus précisément, où la lunarite Séléné va devoir s'associer à un "Terreux". Deux êtres qu'a priori tout oppose et qui luttent en vain pour sauver nos univers d'une destruction programmée. Rien que ça. le tout sur fond de lutte contre l'ordre établi et de racisme.
En synthèse, un roman plein d'humour, de subtils messages et qui, s'il n'a pas l'ambition incroyable d'un Fondation, fait passer un très bon moment à son lecteur grâce à une alternance de points de vue aussi rafraîchissante qu'inventive !
En bref
Les dieux eux-mêmes est pour toi si… tu aimes la science, la fiction, et te moquer gentiment de tes congénères pas très malins.
J'ai aimé :
- le style
Asimov, toujours amusant
- La 2e partie, incroyablement inventive
- Quelques messages étonnamment modernes
J'ai moins aimé :
- C'est pas Fondation
- Si t'es pas physicien, des fois faut s'accrocher