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Hachette (31/12/1959)
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Extrait du journal de Sonia

"La nuit dernière, tandis que je corrigeais La Sonate à Kreutzer, l'idée m'est venue que la femme, quand elle est jeune, a pour l'homme l'amour du coeur, et que le plaisir qu'elle trouve à se donner résulte uniquement de celui qu'elle a conscience de lui procurer à lui-même. Mais quand , l'âge venant, elle se retourne vers son passé , il lui apparaît soudain que cet homme ne l'a aimée que dans la mesure où il la désirait, et qu'il devenait invariablement maussade et grognon dès l'instant que son désir s'était assouvi.

Et lorsqu'elle a enfin perdu les illusions dont elle s'était longtemps leurrée, et qu'elle commence à réagir de la même façon, c'en est fait de l'amour sentiment, chez elle comme chez lui."

Mille autres objections se pressaient dans l'esprit de Sonia . Alors même qu'elle n'eût point trouvé dans cette oeuvre tant d'allusions blessantes à sa personne. La Sonate à Kreutzer l'aurait tout de même offensée par la brutalité du ton. Si elle était à ce point délicate, prude même, n'était-ce pas Tolstoï lui-même qui s'était jadis appliqué à la rendre telle ? Il était allé jusqu'à lui interdire la lecture de Zola ! Elle était également choquée de voir dans ce livre la musique mise en accusation.

Ici encore, il était bien possible que la fiction transposât la réalité. Si la musique agissait comme l'étincelle sur l'amadou, pourquoi serait-ce uniquement dans le cas d'un amour régulier ? Si Léon condamnait aujourd'hui la musique, n'était-ce pas en pensant à l'erreur qu'il avait commise en se mariant ? A supposer que, certain soir fatidique, il y avait tant d'années, Tania n'eût jamais chanté le Baiser, peut-être qu'il n'aurait jamais glissé dans la main de Sonia le billet contenant sa proposition de mariage.
En réponse au reproche qu'on lui faisait d'avoir accusé la musique de sensualité, Tolstoï déclara :
"Jamais la musique n'exprima ni n'exprimera aucune émotion particulière. Elle est l'expression de l'émotion en général, que chaque auditeur peut interpréter à sa guise"

Absolument d'accord avec cette idée "qu'ici il était bien possible que la fiction transposât la réalité".

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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Page 63, "Mais de toute la famille de Sonia, c'est sa soeur Tania qui faisait les visites les plus fréquentes et les plus appréciées. Tous les témoignages s'accordent à nous représenter cette femme si vivante et si douée comme l'un des êtres les plus charmeurs qui aient jamais illuminé l'existence des autres. Née pour "séduire, surprendre et captiver", elle n'était pas seulement attirante mais digne d'être aimée. D'une minceur de liane; d'une grâce exquise, elle avait des cheveux foncés ondulés, un teint délicat, une bouche généreuse et des yeux aussi expressifs que brillants. quand elle parlait, sa voix était gaie comme celle d'un oiseau après la pluie, et, quand elle chantait, si merveilleuse que Tolstoï la surnommait "Madame Viardot", par allusion à la grande cantatrice dont Tourgueniev fut esclave pendant presque toute sa vie. Pendant son enfance enchantée elle avait reçu de Tolstoï un autre surnom, le "lutin". Elle était alors si follement exubérante qu'on la voyait par moments faire plusieurs fois le tour d'une chambre à cloche-pied, ou bien exécuter des séries de culbutes."
Cynthia Asquith, écrivain anglaise

Tania était manifestement la fée de Iasnaïa Poliana, elle irradiait de sa belle prestance toute la contrée, la légendaire "claire clairière". Elle vécut la rencontre entre sa soeur et Tolstoï avec beaucoup d'empathie. On comprend mieux pourquoi Tolstoï n'eut pas besoin de chercher de modèle ailleurs pour incarner Natacha de Guerre et paix et Kitty de Anna Karénine, il l'avait à portée de main en la personne de Tania. Il en observa toutes les singularités si attirantes et nous avons des scènes sublimes, immortelles dans ces deux romans. On sait qu'elle était la jeune soeur de Sonia, et à ce titre, mais de cela j'en ai déjà parlé ici, Tolstoï jeta sur dévolu sur Sonia qui avait à peine 18 ans, lui en avait 34, cela tombait sous le sens que Sonia fût l'heureuse élue. Il était impensable qu'il partît avec une fille de 15 ans. Mais curieusement, Il existe une nouvelle écrite par Tolstoï où ce scénario se produisît. Je pense que Tolstoï avait cette idée en tête, je parle de l'écrivain artiste bien sûr, donc la liste de Guerre et paix, Anna Karénine ne s'arrête pas là .. Mais dans la vraie vie, Tolstoï ne pouvait plus attendre pour fonder son foyer ..

Comme témoignage de cette rencontre entre Tolstoï et Sonia, il y a ce texte admirable de Tania qui était alors en Europe dans les années 1925, qui parut avant sa mort sous le titre Souvenirs. Tania fut aux premières loges pour raconter cela. C'est avec beaucoup de tendresse et de nostalgie que Tania se remémorait ces moments-là. De l'amertume sous-tendait ce texte, quand on pense à ce qu'elle a enduré ensuite à travers un amour contrarié avec Serge le frère aîné de Tolstoï ..
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Suite du journal de Sonia, époque Sonate à Kreutzer

A la vérité, les "derniers restes d'amour " n'étaient pas détruits. Non seulement le désir, mais la tendresse survivait entre eux. Trois mois après les lamentations qui précèdent, Sonia avec une satisfaction mêlée de mépris et aussi de quelque amertume :

"Liova est d'une gentillesse et d'une gaieté inhabituelles. Mais hélas ! cette bonne humeur provient uniquement de la cause qu eje connais trop .. Si seulement ceux qui se pâment d'admiration devant la Sonate à Kreutzer pouvaient voir, par un trou de serrure, le genre de vie qu'est en train de mener leur grand maître - et qui est seule capable de le rendre vraiment heureux -, ils déboulonneraient leur faux dieu du piédestal où ils l'ont mis. Et malgré tout, c'est comme cela que je l'aime le mieux : quand il est doux, faible et normal dans sa façon de vivre. C'est peut-être un mal de céder à l'instinct de l'espèce, mais il est au moins aussi mal de prêcher des principes qu'on ne peut pas mettre en pratique."

Dans ce mélange bien caractéristique d'indulgence et de ressentiment, Sonia ne semble pas entièrement sincère. Elle savait parfaitement que, lorsque Léon prescrivait la chasteté absolue, il était lui-même pleinement conscient de militer en faveur d'un idéal proprement inaccessible. Là-dessus, il ne sa faisait aucune illusion. Il n'a cessé d'y revenir, par l'écrit et par la parole :
"La perfection dans la vie matérielle et spirituelle n'est pas à la portée des créatures terrestres. ce qui importe, c'est leur effort persévérant en vue d'y atteindre. Mais si l'on pouvait atteindre l'idéal, il cesserait d'être l'idéal."


Je n'ai rien à ajouter à cela.
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Un autre, page 62, qui apporta de l'eau, involontairement, au moulin littéraire de Tolstoï, c'est l'aïeul maternel de Sonia. Alexandre Isténiev, doublement fameux comme chasseur à courre et comme joueur enragé, avait joué, disait-on, et perdu en une seule nuit non seulement toute sa fortune, les bijoux de sa femme, ses domestiques et ses chevaux, mais -comme Tolstoï lui-même - jusqu'à son propre toit. Ce pittoresque exemple de la vieille noblesse provinciale russe, si rude et d'une vitalité si intense, était fascinant pour un romancier. En fait, Tolstoï s'était borné à changer deux lettres de son nom pour l'immortaliser, sous celui d'Irténiev, dans le "papa" d'Enfance et de Jeunesse
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C'est drôle, quand on lit la table des matières de l'ouvrage de Cynthia Asquith, on a l'impression non de lire une biographie de la comtesse Tolstoï, mais celle du mari célèbre. Il est vrai que l'ombre du patriarche planait tellement sur la destinée des Tolstoï qu'elle étouffait tout. On se demande pour qui, il y avait encore une place. Son fils Léon confirma dans un de ses livres cette impression de personnage hors normes ..
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