Ce n'est pas -loin de là! le meilleur livre de la grande
Margaret Atwood. Pas de thriller, ni de SF, ni même de trame romanesque: la superbe Atwood nous livre une description grinçante de la misère affective et sexuelle de la petite bourgeoisie canadienne. Sa seule originalité est de se dérouler au sein d'un
Musée d'Histoire Naturelle.
Trois personnages donc: l'homme (si peu...), l'ex, et la nouvelle. Dont les points de vue respectifs vont se succéder, au fil des chapitres et au fil de deux années.
L"ex", Elizabeth, est de loin la plus intéressante. Issue d'une grande famille Wasp, son père a disparu, sa mère alcoolique l'a abandonnée et fait adopter par sa propre soeur Maureen, avant de mourir prématurément, et la jeune soeur d'Elizabeth, celle qu'Elizabeth se sentait pour mission de protéger, s'est enfoncée dans la maladie mentale avant de se laisser mourir. Bref, c'est la terrible tante Maureen, bigote, bourrée de préjugés et raciste, qui l'a élevée. On conçoit qu'une pareille hérédité puisse faire de vous un infirme affectif.... Elizabeth est arrivée à une belle situation au sein du Musée, où elle s'occupe des expositions.
Elizabeth a épousé Nate, couple moderne qui a une entière liberté sexuelle pourvu qu'il raconte ses aventures à l'autre. Des aventures, Elizabeth en a beaucoup. Et justement: la dernière, c'était Chris, employé subalterne mais bourré de testostérone, dont elle était folle. Elle l'a congédié. Il s'est suicidé. Elle ne s'en remet pas.....
Pendant ce temps, Nate traine une triste liaison avec une opulente secrétaire.... Nate est le fils d'une mère militante qui signe des pétition contre toutes les injustices dans le monde. Il devait être avocat, mais il a tout laissé tomber pour construire des jouets en bois dans son atelier en sous sol...
Et le dernier membre du trio, Lesje, paléontologue, fille d'un juif lithuanien et d'une catholique ukrainienne (les deux grands mères, tellement semblables, petites babouchkas ratatinées, se haïssent sans jamais avoir accepté de se rencontrer...) s'occupe de fossiles. Ils sont toute sa vie! Quand elle rêve (elle rêve souvent.....), elle est assise au sommet d'un grand arbre et regarde sous ses pieds brontosaures et allosomes paître paisiblement... Avant de rencontrer Nate, et de tomber amoureuse de lui (même si amour semble un mot bien solennel pour ces ectoplasmes), elle vivait avec William, écolo fou (pléonasme) qui professe la disparition immédiate de la planète.
le couple a deux filles qu'ils chérissent, et, pour elles, tentent de mimer une simili vie normale.
Le problème est que tous ces gens sont si peu intéressants, leur petite vie sexuelle tellement minable qu'on se désintéresse très vite de leur sort. D'où une impression de vanité, de vacuité, et, au total, de déception...