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Critiques filtrées sur 3 étoiles  

De retour chez elle après une soirée mémorable, Ashley emmena Aksil directement dans sa chambre, sans plus tergiverser.
C'était vraiment magique ce second rendez-vous. Elle n'avait jamais rencontré de garçon aussi épatant. Il était non seulement beau mais également raffiné, cultivé, altruiste et généreux.
Aksil était pompier, il sauvait tous les jours des vies humaines en mettant en péril sa propre existence. Et hier soir il l'avait emmenée à la soupe populaire où elle l'a aidé à donner un repas décent aux trop nombreux sans abris, qui toujours les remerciait d'un sourire ou d'un simple signe de tête. C'était gratifiant. A ses côtés elle devenait meilleure.
Sans attendre, leurs corps brûlant d'un ardent désir, ils s'embrassèrent avec fougue.
Leur raison disparut progressivement au profit d'une passion dévorante et déjà de premiers vêtements tombèrent au sol. Ils n'étaient plus guidés que par l'envie de nouvelles sensations, à la découverte de leurs corps respectifs, totalement enivrés.
Aksil humait le parfum d'Ashley, effleurait sa peau d'une incroyable douceur. Rien que ce contact lui donnait déjà le vertige.
Peau d'ébène contre peau d'albâtre, le yin et le yang prêts à se retrouver et à unir leurs courbes pour ne plus faire qu'un.
Ashley gardait les yeux ouverts, admirant le torse musclé de son amant couvert de fines gouttes de sueur. Elle massa ses épaules puis s'attarda sur son torse couleur charbon, toucha ensuite ses abdos parfaitement dessinés et tout aussi noirs avant de descendre lentement encore et de se saisir ...

***

Il n'en fallut pas davantage pour donner à Yvan Fauth la nausée. Il a lu quelques nouvelles d'auteurs amateurs souhaitant figurer dans le troisième volet de nouvelles réservées à l'exploration des cinq sens version macabre et meurtrière.
Le titre sera toucher le noir, pas toucher un noir et encore moins coucher avec un black.
C'est ainsi que mon manuscrit partit à la poubelle.
Même s'il sera bien question d'hommes noirs dans la terrible nouvelle Zeru Zeru de Maud Mayeras qui dénonce des pratiques toujours en cours dans l'Afrique d'aujourd'hui. Comme un conte d'une inimaginable cruauté. A part que ça n'a rien d'une simple fable.

Je trouve que très peu d'auteurs ont respecté le thème du recueil. le sens du toucher, sans recopier l'intégralité du dictionnaire, c'est tout ce que peut ressentir notre épiderme. Les températures, le contact d'un mur rugueux, d'un livre écrit en braille. Une pression exercée ou encore la distinction des formes. Tout ce à quoi est sensible notre vaste système nerveux : sensations de douleur, de picotements, plaisir sexuel, en résumé toutes ces informations qui remontent de notre peau jusqu'à notre cerveau.
Ici, il est davantage question de dons artistiques et plusieurs auteurs ont même détourné le sujet en écrivant mot pour mot "toucher le noir" comme ils auraient pu rédiger "étreindre les ténèbres".
Comme pour se justifier et dire que les règles du jeu ont bien été respectées.
Je trouve dommage d'imposer désormais des sujets à chaque publication de recueil, mais même si l'imagination des auteurs peut s'en retrouver bridée il faut admettre que c'est également intéressant de voir toutes les directions insoupçonnées qu'une même thématique peut parfois prendre.

Franck Thilliez et Laurent Scalese ont en tout cas joué le jeu. Ce n'est pas leur première collaboration puisqu'en 2013 ils avaient déjà publié "L'encre et le sang" aux éditions Pocket.
Ils ouvrent ce recueil avec "8118 - envers" et le clôturent avec "8118 - endroit". Vous ne serez pas sans remarquer que le chiffre choisi peut aussi bien se lire à l'envers comme à l'endroit.
Alors non, il ne s'agit pas de deux nouvelles complémentaires ( encore que ) mais d'un texte qu'on vous propose de lire en commençant par le début, ou par la fin. Leur histoire nous projette quelques années dans le futur aux Etats Unis, pays plus que jamais sous la pression du lobbying des armes à feu. Même si certains romans se sont déjà prêtés à ce genre d'exercice, c'est la première fois que je lis une nouvelle respectant tous les codes du genre ( jusqu'à la chute ) dans ce format. Impossible de parler du don d'un des principaux personnages sans gâcher la fin d'un des textes, mais on est tout à fait dans le sujet.
Un peu déroutant au départ, on peut rapidement se raccrocher au fil conducteur de chaque partie mais c'est avant tout par l'originalité de sa construction que se démarque cette histoire.

Solène Bakowski, auteure des géniaux MiracleUne bonne intention, a également assuré sa part du contrat avec "L'ange de la vallée" qui présente de nombreux degrés de lecture. Dans un monde imaginaire, une fillette va redonner progressivement foi aux habitants victimes de la sécheresse annihilant leur récolte.
Telle une sainte, un messie, elle possède notamment le don de guérison. D'un simple toucher.
Mais que représentent l'innocence et la bienveillance dans un monde perverti par la cupidité et le profit ?
Les miracles ont-ils un prix ?

Ghislain Gilberti nous offre quant à lui une nouvelle à tiroirs avec L'ombre de la proie. Qui fait automatiquement penser à Une nuit en enfer. Il joue avec les genres, avec les codes, entraînant à trois reprises le lecteur dans une nouvelle direction insoupçonnée. Pourtant, dès les premières lignes, l'ambiance malsaine semble posée. Un pédophile suit une gamine, la petite Alice, repérant la moindre de ses habitudes quotidiennes en attendant le bon jour pour agir. Mais lui même est surveillé par une milice armée et prête à intervenir quand il passera à la vitesse supérieure. Mais qui est réellement la proie dans ce jeu du chat et de la souris ? Quant au Noir, il sera bel et bien touché. Au sens propre.

Benoît Philippon, Danielle Théry et Jacques Saussey ont privilégié l'art pour illustrer la notion de toucher. le tatouage, la musique, et le dessin. Trois disciplines qui demandent pour être reconnues du savoir-faire, du travail, du talent. Des mains seront écrabouillées, torturées, coupées ( par exemple une femme poursuivie en danger de mort coupe son avant-bras et le jette à ses chasseurs pour avoir une chance d'échapper à son sort funeste au début de la nouvelle de Benoît Philippon ) mais si les mains symbolisent le sens du toucher, ce n'est pas le cas du don artistique.
Rien à signaler sur le texte de Danielle Thery, il s'agit ni plus ni moins de résoudre une affaire policière, celle du meurtre d'un jeune pianiste quelques jours avant un concours primordial.
Des mains en or de Jacques Saussey m'a d'abord plu avec son pacte entre un directeur de pénitentier sans scrupules et un prisonnier surdoué en dessin. Mais le récit traîne un peu en longueur et finit un peu en pétard mouillé. Avec une impression de déjà vu comparé aux textes que le joaillier avait déjà rédigé pour les recueils Santé ! et Dons.
J'ai beaucoup aimé en revanche Signé de Benoît Philippon, histoire dans laquelle les premières oeuvres d'art de Marcy, artiste underground dont la popularité n'a fait que croître, valent des millions. Les peaux des personnes qu'elle a tatouées sont vendues à prix d'or sur le darknet. Son plus grand fan, le plus grand collectionneur ce ces peaux écorchées, organisera un tête à tête avec avec son idole. Beaucoup de tension mais aussi énormément d'humour dans ce texte plaisant.

Beaucoup d'humour et de tension également dans la longue nouvelle de Michaël Mention pour qui le noir est le pétrole. Il choisit comme contexte un ascenseur en panne de la plus grande firme pétrolière des Etats Unis en 1971 ( la Alpha Oil compagnie ) dans laquelle deux hommes enfermés vont devoir discuter. On les suit minute par minute comme un étrange couple qui n'a rien de commun mais qui pourtant n'est pas réuni ce soir là juste par hasard, le tout dans un contexte historique particulier.
Mais là encore je cherche encore le sens du toucher dans un texte qui n'est pas inintéressant mais qui souffre de quelques longueurs.

Un peu d'écologie également avec Eric Cherrière et sa Mer Carnage. Pas grand chose à voir avec le toucher là non plus, si on excepte la sensation de frôler une âme des plus noires lors d'une intervention chirurgicale du cerveau. Cependant, la nouvelle demeure une réussite en mettant en comparaison et en lien deux crimes atroces reliés de bien des façons. Un assassinat des plus horribles où une famille périt sous les coups d'un sociopathe assez fou pour extraire un foetus du ventre de sa mère et le poser dans un berceau. Et un fabricant de plastique, seul survivant de cette tragédie qui a mis tout son coeur à développer l'entreprise de son père jusqu'à avoir des entreprises implantées partout dans le monde. Et le pollueur, l'un des acteur du septième continent, va enfin avoir la chance de se venger de l'homme qui lui a tout pris.
Des années après un meurtre aussi odieux un pardon est-il encore possible ?
Le bien, le mal, tous les repères sont faussés dans ce texte qui part un peu dans tous les sens mais qui m'a plu.

Quant au texte proposé par Valentin Musso, il commence de façon extrêmement surprenante avec le retour de soirée d'un couple qui discute en voiture, un retour qui ne va pas tout à fait bien se passer. L'auteur met en avant trois des cinq sens : la vue, le goût et le toucher. Cette fameuse soirée s'est en effet déroulée dans un restaurant où on mange en aveugle, devinant les aliments par leurs formes et leurs saveurs.
Si on peut deviner la chute assez rapidement, l'idée de départ n'en demeure pas moins originale.


Je ne peux pas vraiment dire que beaucoup de nouvelles m'ont vraiment fait vibrer, mais aucune ne m'a déplu non plus. C'est très rare d'ailleurs quand je lis autant d'auteurs différents à la suite de ne pas faire le grand écart.
Mon léger regret, je l'ai déjà évoqué. On sent quand même les nouvelles commandées aux auteurs pour l'occasion et tous n'ont pas joué le jeu, ou n'ont pas eu l'inspiration nécessaire et se sont rattrapés aux branches pour coller vaguement au titre du recueil ( et même pas à son sujet ). le toucher n'était pas non plus le sens le plus facile à exploiter.

***

Après l'amour, Iksal s'endormit entre les bras d'Ashley. Elle le contempla longuement, la lueur de la pleine lune illuminant sa chambre. Il avait l'air si fragile ainsi lové contre elle.
La fatigue finit par s'emparer d'elle à son tour et elle embrassa ses lèvres tout doucement, ressentant encore des frissons de plaisir.
Elle se promit de tout faire pour que dure leur relation, persuadée qu'elle était enfin tombé sur l'homme qui saurait prendre soin d'elle.
D'atroces bruits de craquements la firent se réveiller deux heures plus tard. Ils provenaient de son nouvel amour qui la serrait toujours contre elle, mais beaucoup plus fort, avec des bras désormais tordus.
Elle sentit ses griffes se planter dans son dos et hurla quand elle vit son visage, ses yeux rouges qui la fixaient, sa gueule dont les dents lui arrachèrent la carotide en un seul coup de mâchoire.
La dernière chose qu'elle sentit, du bout des doigts, fut la douce fourrure d'Iksal.


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Ce recueil de nouvelles réuni des grands noms des thrillers autour du toucher. De Franck Thilliez à Valentin Musso ou encore Solène Bakowski, les éditions Harper Collins offrent aux lecteurs un peu de frisson. C'est un plaisir de retrouver la plume de ces auteurs même si je reste un peu mitigée sur ma lecture. Globalement, c'est une réussite. J'avoue avoir beaucoup aimé la nouvelle de Valentin Musso, même si j'aurais aimé en savoir un peu plus. Coup de coeur pour Michaël Mention qui vous fera vivre un moment diabolique. Franck Thilliez et Laurent Scalese ouvrent et clôturent magistralement la danse. Benoît Philippon nous propose du gore dans Signé qui est remarquable. Même si je n'ai pas accroché à toutes les nouvelles, il y en a pour tous les goûts. La lecture est fluide et finalement, le moment est agréable. Dans ce recueil, vous aurez l'embarras du choix pour découvrir le toucher ! 



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Je trouve ce concept très intéressant même si je ne suis décidément pas fan de ce format, j'ai toujours du mal avec les histoires courtes car il m'est difficile de rentrer dans une histoire en si peu de pages.

Il y a quand même 3 nouvelles que j'ai beaucoup aimé :
- Retour de soirée de Valentin Musso
- Zeru zeru de Maud Mayeras
- Doigts d'honneur de Danielle Thiéry
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Mes préférences vont pour les Nouvelles de Franck Thilliez : très bon et étonnant sur le marché des armes à feu, original "endroit" et "envers" ! Valentin Musso : une bonne découverte de cet auteur ! Et Michael Mention : coup de coeur monumental pour ce huis-clos effrayant !
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Je ne suis pas un grand amateur de ce genre littéraire que sont les nouvelles et j'en lis très peu, étant trop souvent déçu, car si l'histoire est intéressante elle me semble insuffisamment développée, et aussi souvent parce que le pitch me semble inconsistant.
En recherchant des collaborations de Franck THILLIEZ, auteur que j'apprécie beaucoup, je suis tombé sur ce recueil "Toucher le noir" qui m'a interpellé et je me suis lancé dans cette lecture qui, malheureusement, a confirmé ce que je pensais à propos des nouvelles.
Celle de THILLIEZ et SCALESE "8118" est pour moi très intéressante, avec cette idée de double lecture, "à l'envers" (celle que j'ai préféré) en tête du recueil, puis "à l'endroit" pour clore celui-ci.
"Retour de soirée" de Valentin MUSSO est jubilatoire et aurait mérité plus de développement.
"No Smoking" de Michael MENTION (auteur que je ne connaissais pas) m'a bien plu , et le format était adpté.
J'ai bien aimé aussi "Doigts d'honneur" et "Signé", mais à un degré moindre.
Quant aux autres nouvelles, soit je me suis ennuyé, soit elles m'ont carrément déplu ("L'ombre de la proie" surtout!).

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Les nouvelles sont toujours des courts récits que j'affectionne énormément. Des histoires savoureuses dont la chute me régale à chaque fois !Cette fois ci la magie n'a pas réellement opéré pour tout l'ouvrage .l'avantage avec les nouvelles c'est que l'on passe rapidement à autre chose après la nouvelle détestée on peut avoir la chance de découvrir celle qui va nous botter le cul ! Pour être honnête, j'ai été moins sous le charme par « Toucher le noir « que par les deux recueils précédents « Écouter le noir «  & « Regarder le noir « . Ce fut malgré tout un moment de détente fort agréable je ne le nie absolument pas , cependant avec cet opus moins de nouvelles m'ont plu ! Les trois numéros gagnants sont Valentin Musso avec « Retour de soirée «  , Solène Bakowski avec «  L'ange de la vallée « Et Maud Mayeras avec « Zeru Zeru »Des nouvelles fluides à lire , des plumes que j'affectionne particulièrement (surtout Solène Bakowski ma chouchou qui restera à jamais ma valeur sûre ….)On plonge très facilement dans l'enfer des autres , on y découvre l'horreur , c'est toujours une expérience relativement intéressante !Un recueil sombre de qualité qui divertit parfaitement !
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