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EAN : 9782915018707
437 pages
Quidam (05/01/2012)
3.83/5   3 notes
Résumé :
Vienne, 1922.
Balthasar Beck rentre chez lui après sept années de guerre et de captivité en Russie. Cet ex-officier de l'armée impériale et royale, ancien inspecteur de la police criminelle, constate l'effondrement de la double monarchie et la disparition des valeurs auxquelles il croyait. Marianne, sa femme, a accouché d'une petite fille pendant son absence et mené bataille contre le manque de nourriture et de chauffage, l'inflation galopante dans une ville ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
J'ai lu ce roman d'une traite, en frissonnant, mais je vous avoue que ces cinq cent pages ont été bien ardues. Comme le conte si bien le résumé, Balthasar Beck rentre chez lui après sept ans de guerre et de captivité. Rien qu'avec cet énoncé, on se doute de la lourdeur et de la douleur des souvenirs qui vont y être évoqués, de la difficulté de revenir à la vie (revenir de l'enfer et voir que personne n'en a cure) et de l'angoisse de renouer avec les êtres qui, il y a sept ans, nous ont été si proches.
Nous accompagnons le retour de Balthasar Beck à Vienne, son entrée dans la ville de son enfance qu'il trouve changée – mais est-ce lui ou la ville qui a changée ? Nous sommes également avec lui quand il retrouve sa femme et sa fille, qu'il n'a jamais connu. le temps est passé, sa femme a changé, il ne connaît pas sa fille et il ne se connaît pas lui-même. Pourtant dans le fond c'est le même homme, une personne droite, fière, à l'unique morale. Sans cesse la question du bien-fondé de son existence va se poser à lui, l'enquête qui accompagne son retour (retour de la guerre et retour professionnel) en est comme un calque morbide. L'enquête est entremêlée avec ses souvenirs du front et du camp, des phrases dures, hachées, qui font mal. Il nous cache des choses, Beck, pourtant c'est un personnage qu'on apprécie au fil du roman, qu'on tente tant bien que mal de comprendre, pour qui on a de la compassion. On aimerait tant qu'il retrouve son travail et qu'avec sa femme, sa fille, il forme une petite famille parfaite et heureuse !
Or nous sommes en 1922, l'ombre de la deuxième guerre mondiale plane tout du long sur ce roman, au travers des réflexions des uns et des autres. On ne cesse de compter sur ses doigts à la dernière page tournée et de se dire “oh non, ça va être reparti, oh non.”

Je me suis laissée emporter par mon élan mais cette enquête qui envahit tout le livre ne m'a pas plus marquée que cela. C'est plus la personnalité de Balthasar Beck et ce qu'elle provoquait sur ceux qu'il côtoie dans ce roman qui m'ont passionnée. Également, cette atmosphère surannée et tellement ouatée de cette Vienne d'entre-deux guerres. Climat instable, émotions chargées, individus regroupés méfiants survivants...
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Un chien s'approcherait, le chien de Sesta, Beck se l'était imaginé, ne reconnaitrait plus son maître devenu cadavre mais le prendrait juste pour un viande à demi avariée, qu'affamé il flairerait. Car les chiens, Beck l'avait observé, dans la mesure où ils n'ont pas assisté à la mort, ne reconnaissent plus les défunts puisque ceux-ci ne sont plus présents dans leur corps. C'est seulement quand les chiens sont témoins de la mort qu'ils se mettent à gémir et à hurler aussitôt la mort survenue, et à lécher les défunts, car ils ont vu, perçu ou senti que les morts ont quitté leur corps, et ils espèrent que leurs coups de langue les ramèneront dans leurs enveloppes charnelles. Personne d'autre que le chien du défunt, et Beck aurait pu l'expliquer à n'importe quel médecin, n'était capable d'établir avec autant de précision l'instant de la mort, dès que l'animal se mettait à hurler et à gratter près du corps, la mort était survenue, irrévocablement.
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Car on pouvait encore faire la différence dans le pire, certaines situations considérées comme très graves de l'extérieur, on les surmontait avec un grand détachement intérieur, il semblait même qu'aux pires moments de l'inhumanité la plus indicible, on se transformait en un automate sans larmes, sans cris, sans devenir fou, au contraire, l'inhumanité la plus indicible pétrifiait les hommes ou les transformait en métal, ils devenaient lents et muets et avaient des gestes prudents, ils s'immobilisaient et enfonçaient les mains dans les poches ou en levaient une pour gratter de l'ongle un reste de nourriture entre leurs dents ou lustrer subitement un bouton négligé depuis longtemps, comme s'il fallait encore procéder à un ajustement insignifiant face à la destruction des lois régissant ce monde. A l'heure de la folie, Beck n'avait jamais vu quiconque devenir fou.
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Quelle gamine, songea Ritschl, elle avait sauté deux classes et passé sa thèse de doctorat avec la mention très honorable, et maintenant elle se retrouvait sans expérience de la vie, et disséquait des cadavres d'hommes nus. Probablement les seuls hommes nus qu'elle eût jamais vus étaient morts. Les femmes ne sont pas autorisés à dire "le corps du Christ" lui avait expliqué un prêtre un jour, c'était de la pornographie à l'état pur. C'est pourquoi il était impossible aux femmes de devenir prêtres parce qu'il leur était interdit de dire : "Ceci est mon corps". En pleine célébration de l'eucharistie, n'importe quel croyant aurait songé au corps nu de la femme-prêtre et aurait avalé de travers à ces mots : "Ceci est mon corps, donné pour vous".
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Beck avait connu des hommes qu'il eût admirés s'ils n'étaient pas devenus fous, et d'autres qu'il admirait malgré ou à cause de leur folie. Il était couché dans son lit et se disait que Pokorny n'était plus en vie, Pokorny qui s'était tant révolté contre la captivité, qui savait jouer du piano et qui des années durant s'était entraîné avec des touches dessinées sur un bout de carton. Un carton muet, qui s'obstinait à ne pas produire les sons que jusqu'à sa mort, sans perdre espoir, Pokorny plaquait de forte en adagio. Il n'y avait que quelques rares spectateurs pour rapporter que dans leurs têtes on avait tourné un bouton, et une mélodie s'était fait entendre.
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Il ne peut s'empêcher de penser à la berceuse que sa mère lui chantait chaque soir et qui le pétrifiait de terreur: "Dors, mon enfant, dors longtemps, la Mort est assise sur le timon, jaune est son traîneau, et elle vient chercher les vilains petits enfants."
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