Ce livre s'appuie sur la vie d'
Artemisia Gentileschi, fille du peintre de la Renaissance Orazio Gentileschi, peintre elle-même ; de ses difficultés à être respectée en tant que femme, de ses voyages en Europe. C'est une réflexion assez loin d'une simple biographie. En fait,
Anna Banti, l'auteur, fait même peu référence à la peinture et s'est d'ailleurs ce qu'on peut lui reprocher, pourquoi donc s'intéresser à une artiste si ses réflexions sur la peinture et sur le monde de l'Art y sont absentes ?
Artemisia est d'ailleurs décrite comme blonde alors que son autoportrait la représente avec des cheveux noirs (passons ce simple détail). le livre est très bien écrit et c'est ce qui fait tout son intérêt. L'importance est accordée aux humeurs d'
Artemisia, oscillant entre bonheur et malheur comme seuls les italiens savent le faire. de ce point de vue, l'auteur s'identifie à son personnage : ce n'est plus d'
Artemisia qu'il est question mais bien d'
Anna Banti, réfléchissant sur le rôle de la femme à une époque où l'Art était réservé à l'homme.
Artemisia fait un peu penser à Camille Claudel, une femme volontaire et passionnée, souffrant de son manque d'intégration.
Anna Banti ajoute à ce récit son épopée et la trace indélébile d'une guerre qui a détruit son premier récit. Nous voici donc en présence d'un livre réécrit tant bien que mal, peut-être meilleur que le premier, nous ne le saurons jamais, mais un peu décousu, avec des sautes temporelles ajoutant à l'errance du personnage. Un livre intéressant, donc, mais dur à lire, il me semble. Ajoutons un détail :
Anna Banti nous décrit le passage d'
Artemisia en France puis en Angleterre, une France repoussante remplie d'infectes individus « un peuple indiscret, des rues mal famées, du mauvais pain, des accoutrements ridicules ». A l'opposé de l'Angleterre accueillante : les gens sont « beaux », « le ciel (…) fait à la mesure de la terre ». Visiblement l'auteur garde une dent contre les français !...