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3,9

sur 1419 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je me suis enfin penchée sur le roman de l'écrivain écossais ! Je l'avais acheté en Ecosse (cohérence oblige) en me disant que, s'agissant d'un livre destiné aux enfants, la lecture ne devrait pas en être trop ardue. Oups, erreur. J'ai été étonnée du niveau de langage du roman. Je mets cela sur le compte de l'âge du récit, mais il m'a posé beaucoup plus de difficultés qu'un roman contemporain. du coup, je l'ai lu bien plus lentement que prévu, mais j'en suis finalement venue à bout ! (Et je suis assez fière d'avoir pris le temps d'ouvrir à nouveau un roman en anglais.)

A présent, partons pour Neverland. Et comment dire… si vous avez en tête une mignonne histoire enfantine, je vais peut-être briser quelques illusions.

Avant de passer au coeur de l'histoire, quand les enfants s'envolent par la fenêtre, je me permets de faire un aparté sur un personnage qui m'a sidérée par son comportement. Mr Darling. le père. Une scène m'a fait tomber des nues – à tel point que je craignais d'avoir mal compris le texte anglais – car il agit alors comme un enfant pourri gâté qui fait une crise. Voilà un adulte qui n'a pas conservé le meilleur côté de son âme d'enfant ! C'est une scène tout à fait puérile – qui permettra d'ailleurs la rencontre et la fuite des enfants avec Peter Pan – dont le ridicule m'a laissée absolument bouche bée. Voilà, fin de l'aparté, mais je voulais signaler ce personnage d'adulte d'une immaturité rarement rencontrée.

Parlons maintenant de Peter Pan. Vous imaginez un enfant malicieux qui incarne l'innocence et la beauté de l'enfance ? Erreur. Peter est un véritable tyran qui se révèle franchement inquiétant au fil du roman. Parlerons-nous de ses pertes de mémoire quasiment instantanées qui lui font oublier Wendy et ses frères maintes et maintes fois juste le temps du vol jusqu'au Pays Imaginaire ? de la façon dont il impose sa loi aux autres enfants perdus, de leur interdire de savoir quelque chose qu'il ignore (par exemple, être capable de distinguer les jumeaux alors lui n'y parvient pas), de proscrire tout bavardage sur les parents ? de son imitation angoissante d'un Captain Hook fraîchement dévoré ? de son arrogance ? Quel monstre de vanité ! Imbu de lui-même jusqu'à l'exaspération (la mienne, je veux dire), il ne cesse de se jeter des fleurs – combien de fois il nous apprendra qu'il est le garçon le plus génial du monde ? – et de s'attribuer les mérites des autres. Tout ce qu'il fait n'a qu'un but : le mettre en valeur et tant pis s'il doit mettre d'autres enfants en danger. Dépourvu de la moindre empathie, Peter n'a qu'un seul centre d'intérêt : lui-même. Une conversation avec Wendy, des années après leurs aventures communes, le montre particulièrement bien : il a purement et simplement oublié celles et ceux qui en étaient les autres protagonistes, à savoir Captain Hook et Tinker Bell.
Mais surtout, Peter Pan a des pulsions qui sont loin d'être celles que l'on aimerait trouver chez un enfant. Un extrait (qui se situe lors du voyage aller vers Neverland) vous éclairera peut-être :
« His courage was almost appalling. ‘Do you want an adventure now', he said casually to John, ‘or would you like to have your tea first?'
Wendy said ‘tea first' quickly, and Michael pressed her hand in gratitude, but the braver John hesitated.
‘What kind of adventure?' he asked cautiously.
‘There's a pirate asleep in the pampas just beneath us', Peter told him. ‘If you like, we'll go down and kill him.' »
Tranquillou. le garçon assassine des pirates. Des vrais, pas des Playmobils. En effet, malgré quelques scènes au comique détonnant digne d'un dessin animé (par exemple, quand l'auteur explique que les enfants perdus, les pirates, les Indiens, les bêtes sauvages et le crocodile, se poursuivent sans fin car ils tournent dans le même sens, faisant inlassablement le tour de l'île), c'est un lieu de tous les dangers où la mort rôde. Tandis que les indiens scalpent tout ce qui bouge – jusqu'au sauvetage de Tiger Lily –, des enfants tuent et se font parfois tuer et les pirates se feront correctement massacrer à la fin de l'histoire.
Concernant les enfants, il y a aussi un passage un peu flou : « The boys on the island vary, of course, in numbers, according as they get killed and so on ; and when the seem to be growing up, which is against the rules, Peter thins them out; but at this time there were six of them, counting the Twins as two. » Qu'est-ce que cela signifie? Est-ce qu'il les tue, purement et simplement ? Est-ce qu'il les pousse à quitter la bande des enfants perdus (pour rejoindre les pirates ou autres) ou à abandonner l'île pour vivre leur vie d'adulte parmi leurs semblables ? Certaines traductions françaises semblent avoir adopté le choix de l'assassinat, mais pour avoir cherché un peu, il semble que la formulation anglaise prête davantage au débat et à l'indécision.
Voilà, un petit aperçu de qui est Peter Pan. Un garçon insupportable et cruel, coincé dans son corps d'enfants et dans sa haine des adultes. Haine née d'avoir été abandonné et remplacé par un autre enfant dans le coeur de sa propre mère. Cette mère qu'il cherchera sans cesse en Tinker Bell, en Wendy, en la fille de Wendy, etc., sans jamais voir, sans jamais comprendre, sans jamais imaginer que l'amour qu'elles tentent de lui offrir n'est pas celui d'une mère. C'est donc un antihéros très sombre et torturé.

Wendy, quant à elle, m'a posé problème à cause de son rôle. Elle n'est pas fillette, elle est une maman. C'est d'ailleurs pour cela que Peter Pan l'a invitée à rejoindre Neverland : pour être la maman des enfants perdus. En quoi ça consiste ? Raconter des histoires certes, mais surtout repasser, recoudre, faire le ménage (elle détestera le navire des pirates – il était apparemment inimaginable qu'une fille soit attirée par l'aventure pirate – car il est décidément bien trop sale), faire à manger (faire semblant de faire à manger plutôt) et surveiller l'heure du coucher. Ah, et appeler Peter « father ». Jouer au papa et à la maman, c'est une chose que tout le monde ou presque aura fait, mais là, c'était trop. C'était presque dérangeant. Cela sonnait vraiment « conditionnement à ton futur rôle de femme au foyer et de mère » (ce que Wendy deviendra quelques années après son retour dans le monde réel). Certes, l'oeuvre a plus d'un siècle, il faut recontextualiser, tout ça tout ça, mais ça fait quand même grincer des dents. (Petite anecdote : le titre du roman était à l'origine Peter and Wendy, mais celle-ci a fini par disparaître des couvertures bien que l'histoire suive bien davantage son parcours que celui de Peter Pan.)

Ce fut donc un étrange moment de lecture. Déstabilisant car je ne m'attendais pas à ressentir si peu d'attachement vis-à-vis des personnages, mais j'ai adoré découvrir ce conte bien plus glauque et malsain et déprimant que l'image que j'en avais auparavant.
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Un conte universel à la fois merveilleux et très dur. Loin de la vision édulcorée du dessin animé de Disney, James Barrie nous montre l'enfance dans toute sa beauté et toute sa laideur.

Peter est un personnage joyeusement détestable, prétentieux, égoïste, cruel... et tellement triste, tellement seul sans le savoir de ne jamais grandir. Lui qui se croit libre, il stagne, aveugle au monde qui change, prisonnier de son propre temps !

Clochette, Wendy, Tiger Lily... Elles sont toutes plus ou moins horripilantes à leur façon, harpies ou petites femmes parfaites. Avec le recul, c'est une oeuvre assez misogyne, mais il faut la replacer dans son contexte historique.

Malgré ce dernier bémol, c'est un récit d'une force incommensurable à lire absolument.
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A la suite du "Contes Interdits :Peter Pan" j'ai eu envie de lire l'histoire d'origine . Surprenant! je sais bien que les contes sont souvent cruels mais celui-ci l'est particulièrement. Dans l'île, les enfants sont foncièrement stupides et méchants . le texte original n'a vraiment rien à voir avec la version aseptisée de Disney.
Les personnages sont caricaturaux à l'extrême mais ca n'est pas plus dérangeant que ça. Ca m'a beaucoup fait penser à Sa majesté des mouches de Golding.
Ca a été une agréable surprise.

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Peter Pan, une légende féerique. Ce garçon qui refuse de grandir, qui pourchasse son ombre, emmène les enfants Darling au Pays imaginaire, et avec sa bande des enfants perdus et sa petite fée Clochette combat les méchants pirates et leur capitaine Crochet, voilà qu'il nous éblouit par ses facéties et sa rêverie. L'adaptation par Walt Disney en 1953 a contribué a nous diffuser cette image dans notre esprit mais est-ce le cas dans le roman de Barrie ?
Je ne vais pas revenir à l'histoire qui reste quasiment la même, l'envol des enfants, le séjour au pays merveilleux, la visite chez les sirènes et les amérindiens et les affrontements des pirates, vous connaissez déjà. Tout comme l'atmosphère magique qui y régne qui a bien été repris par Disney, un air de merveilleux et de fantastique que les petits et les grands en sont transportés avec joliesse. Non, c'est sur un point particulier qui a été édulcoré voire omis chez Disney et qu'on découvre bien étonné en lisant le roman : Peter Pan est décidément aussi mauvais garçon. Egocentrique et complétement fou, voulant forcer les enfants de Darling de ne jamais quitter le domaine, il n'hésite pas notamment à éliminer les garçons de la bande des enfants perdus dès qu'ils deviennent trop grands ! Et il y a des morts, des vrais dedans : les amérindiens se font massacrer par les pirates, le capitaine Crochet se fait bel et bien dévorer par le crocodile et même notre bonne Fée Clochette casse sa pipe à la fin du récit. Il y a quand même une pointe de macabre qui flotte dans tout ça. Sans doute parce que de manière inconsciente le conte de Peter Pan illustre pas seulement la peur de vieillir mais aussi celle de mourir, que vient rappeler subtilement le crocodile horloge qui agit un peu comme une Faucheuse signalant le tic-tac funèbre. le thème de grandir est aussi là, avec Wendy qui semble être la plus mature de les personnages avec Capitaine Crochet, qui sait avoir des responsabilité et tente de les inculquer à ses proches immatures. Il faut apprendre à grandir et quitter tout doucement l'innocence de l'enfance, tel est le message de l'oeuvre.
Il est de reste que c'est un très beau roman sur l'enfance, la rêverie et la maturité à lire et à redécouvrir.
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Dès les premières pages, Peter nous est présenté comme un garçon égoïste, prétentieux et sans coeur . Avec son amie Clochette, jalouse comme un pou, ils enlèvent Wendy, John et Michael et les emmènent au Pays Imaginaire. Wendy est certainement charmante mais elle est aussi extrêmement naïve. Son amour pour Peter la pousse à le suivre. Elle se laisse complètement manipuler par le jeune héros qui veut bien jouer à être le père de famille à ses côtés mais qui lui rappelle cependant qu'il préfère qu'elle soit sa maman, comme pour les garçons perdus. Pendant que les garçons jouent, s'amusent et vivent des aventures palpitantes, Wendy reste à la maison. En tant que « mère » elle se doit de tenir le logis, nourrir ses enfants et raccommoder leurs vêtements troués. On comprend qu'elle soit la seule à se souvenir de ses parents, de sa mère surtout qui, elle en est certaine, laisse la fenêtre ouverte en attendant son retour. Et que serait Peter sans le Capitaine Crochet? Un pirate sanguinaire qui nous apparaît pourtant bien plus humain que les enfants, notamment quand ses faiblesses sont révélées par l'apparition du crocodile.
James Matthew Barrie signe un roman sur l'enfance, ses rêves et son imaginaire tout en brossant un portrait idéale de la mère de famille, la fameuse « mère parfaite ». Un roman aux valeurs complètement désuètes donc mais qui pourtant a su nous plaire et nous faire rire. Car l'auteur a su y retranscrire avec beaucoup de réalisme l'imaginaire de l'enfance, ses jeux mais aussi ses peurs, la peur de grandir notamment mais aussi la peur de mourir. Régis Lejonc illustre avec brio les personnages et quelques scènes choisies, ses dessins sont de véritables oeuvres d'art. Il explique, dans une double page placée en fin de volume, quels défis et quels choix se sont posés à lui pour illustrer une histoire aussi célèbre que celle de Peter et Wendy. C'est d'autant plus intéressant qu'à la lecture on constate que son interprétation s'éloigne de la vision qu'en avaient les studios Disney et s'imprègnent complètement de l'histoire de Barrie et de l'époque à laquelle elle fut écrite, il y a plus d'un siècle.
Lien : https://sirthisandladythat.w..
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Très intéressant de découvrir la véritable histoire de Peter Pan une fois adulte (bien différente de la version de Disney). Même si beaucoup de choses m'ont agacée : le comportement de Peter, celui de Clochette, la misogynie très présente dans l'histoire, et eu quelques difficultés avec le style de l'auteur (lu en VO), j'ai malgré tout, passé un bon moment avec cette histoire.
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Ayant lu l'adaptation de Simon Rousseau dans la série “Les contes interdits”, j'ai voulu connaître l'original afin de mieux juger ce que Rousseau en avait fait. Ce conte a un coté racoleur qui a fonctionné avec moi. Tout est simple, les méchancetés, pourtant réelles, sont atténuées par une sorte d'attitude bonasse du narrateur qui parfois s'adresse en clin d'oeil au lecteur, technique que je déteste habituellement, mais qui, ici, fonctionne parfaitement. Je crois que pour apprécier il faut accepter de jouer le jeu, se laisser aller, suivre l'auteur dans ses idées folles... et la magie opère!
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j'ai lus ce livre après avoir lus la version de Disney et je ne regrette pas car c'est un très bon roman et je le conseille au lecteur aviser je vous conseille le film neverland sur ce sujet la aussi
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Le style de l'auteur est assez déroutant par endroit avec des jeux de mots, des descriptifs.Les personnages par contre ont tellement plus de relief que l'adaptation Disney. J'ai adoré ce mélange de personnalité de Wendy surtout à la fin, me demandant ce qu'elle penserait de la relation de sa fille avec Peter.
Une merveille, un peu moins philosophique qu'espéré mais une très belle lecture
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Je pense que beaucoup ont, tout comme moi, grandi avec le dessin animé de Disney sans forcément connaître ou chercher à savoir quelle était l'inspiration derrière ce dernier. Finalement c'est le Challenge Il était une fois qui m'a donné le coup de pouce nécessaire pour découvrir ce roman qui a inspiré ce Disney tant de fois regardé durant mon enfance.

Je dois tout d'abord dire que j'ai été un peu déstabilisée par la tournure de phrase et le style général du roman. Si je suis très habituée à lire en anglais, au point que mon rythme de lecture soit égal à celui d'un livre en français, j'ai passé beaucoup de temps sur le texte de Peter Pan. La dernière fois que j'ai ressenti la barrière de langue d'un telle manière c'était lors des lectures obligatoires pendant mes études d'anglais. Peter Pan est donc peut-être un livre pour enfant, mais c'est avant tout un livre datant de 1911 avec les inconvénients que cela peut comporter.

Si j'ai retrouvé beaucoup d'éléments que je connaissais de mon expérience Disney, l'histoire et les personnages ont un côté beaucoup plus sombre et recherché dans ce roman. le Pays Imaginaire ne semble plus si magique à la lecture de Peter Pan. Les choses sont présentées sous un côté bien moins idéal, le personnage central étant lui-même bien plus complexe qu'il n'y parait. Et surtout bien moins sympathique que dans celui qu'on connait. Peter semble bien égocentrique, voir parfois cruel, dans le récit de J.M. Barrie. Il a clairement des problèmes d'identification, une obsession récurrente envers l'idée de la figure maternelle, et souffre d'un complexe d'oedipe assez flagrant. Nous sommes bien loin de la version édulcorée qui nous est incessamment proposée au cinéma !

Peter Pan nous offre donc une version radicalement différente de ce que les différentes interprétations nous laissent voir. Les thèmes abordés sont plus sinistres, avec notamment une symbolique récurrente de la mort, et l'ensemble beaucoup plus tragique. La fin désabusée ne fait quant à elle que renforcer les sentiments conflictuels qu'inspirent cette lecture. En fin de compte cela reste tout de même une lecture à découvrir, ne serait-ce que pour voir le décalage entre cette base et les idées reçues qui nous sont véhiculées, mais il ne faut réellement pas s'attendre à retrouver l'univers enchanteur dans lequel nous avons tous souhaités nous perdre !
Lien : http://altheainwonderland.bl..
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