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sur 221 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je suis sortie de cette lecture indignée et atterrée. Je savais que la situation des femmes en Irlande jusqu'à tard dans le 20è siècle n'était vraiment pas enviable. Mais de savoir que le moindre soupçon sans le moindre début de preuve peut vous accuser d'adultère puis conduire à l'annulation de votre mariage. Alors, si en plus c'est un prêtre (catholique) qui est "témoin"... Et n'espérez pas faire entendre votre version des faits, surtout si vous êtes protestante... Cela signifie mise au ban et misère noire pour une femme. Ou l'internement dans un asile. Là où se trouve Roseanne après avoir en plus été accusée du meurtre de son bébé (illégitime) Elle a 100 ans et est là depuis 1945... Mais enfin un médecin va essayer de savoir ce qu'elle fait là, va essayer de savoir si son internement se justifie ou s'il n'est que social car elle était gênante... Notre bon docteur va aller de surprise en surprise.
A travers Roseanne, c'est la condition des femmes mais aussi toute l'histoire, assez confuse, des débuts de la République d'Irlande qui renaît. Celle-ci est plus malheureuse qu'heureuse ; pourtant la centenaire trouve toujours matière à se réjouir. Et assez paradoxalement, le lecteur se prend à se dire que peut-être elle était plus en sécurité derrière ces murs que dans la "vraie vie". La liberté ? En tant que femme, elle ne l'a jamais connue.
Heureusement, tout cela est maintenant de l'histoire, pas tout à fait ancienne.
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Réalisé par Jim Sheridan, auteur de films irlandais particulièrement réputés, My Left Foot en 1989 the Boxer ou Au Nom du père et même quelques beaux films américains comme Brothers ou In america , LE TESTAMENT CACHÉ, le nouveau film de Jim Sheridan est sorti mercredi 4 avril dernier chez Wild Side en portant en bandoulière son casting prestigieux : Rooney Mara, Vanessa Redgrave, Jack Reynor, Theo James et Eric Bana et un matériau d'origine particulièrement prometteur.

En effet le roman écrit en 2008 par Sebastian Barry , chef de file de la littérature irlandaise actuelle, dont est adapté le film de Shéridan, est une sublime fresque irlandaise sur le poids des secrets de famille et sur le conséquence de ces sommes de « non-dits » brassant sur plus de 600 pages son intrigue particulièrement tourmentée et tortueuse , au sein d'une société corsetée par ses règles morales puritaines et impitoyables concernant l'adultère.
Une histoire incroyablement romanesque sur fond remous de l'histoire de l'Irlande et des conséquences de nos actes passés ...
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Attention pépite ! J'ai englouti ce livre en quelques jours, littéralement prise par la spirale infernale de l'Histoire de l'Irlande et du destin particulier de Roseanne Clear.

A priori, en ouvrant ce livre, je m'attendais à une thématique pure sur les "Magdalen Sisters", fait social irlandais que le cinéaste Peter Mullan a rendu célèbre aux yeux du public par le film éponyme. Or, si le roman de Sebastian Barry aborde sans conteste ce fait, il va beaucoup plus loin en montrant à travers le destin personnel de Roseanne, comment l'Histoire du pays ont eu un impact direct sur la vie personnelle.

Le lieu où est enfermée l'héroïne depuis soixante ans est en fait peu présent dans le roman (contrairement au film de Peter Mullan qui s'attardent plus à montrer le sadisme des religieuses à l'égard de leurs pensionnaires). Ici le récit s'échappe hors les murs, à Sligo où elle a grandi, mais aussi dans le village reculé Strandhill et sa plage. C'est l'Irlande du mont Ben Bulben, du mont Knocknarea qui abrite le tombeau reine Maeve, d'une Irlande pétrie de secrets, de légendes, de mystères. Mais aussi d'Histoire. Et c'est là que Sebastian Barry plante le décor et promène le lecteur, ne le ramenant dans les murs de l'hôpital psychiatrique de Roscommon que de brefs instants.

Sebastian Barry laisse la parole alternativement à la vieille dame centenaire (qui d'ailleurs n'est plus très sûre de son âge) et à son médecin psychiatre, le docteur Grene, veuf, qui a beaucoup d'affection pour elle. Roseanne entreprend d'écrire ses mémoires ou plutôt un "témoignage sur elle-même" alors que l'hôpital psychiatrique de Roscommon où elle enfermée depuis 1957 va être détruit. Il y a donc urgence. Et parce qu'il y a urgence, le médecin doit enquêter sur la vie de ses patients pour savoir s'ils sont aptes au retour à la vie "civile" ou non. Mais cela semble une question vaine, un prétexte à bien autre chose quand, comme Roseanne, on est centenaire et que votre vie a été rayée de la société des hommes.

Par l'écriture, Roseanne tente donc de se réapproprier sa vie. Et le carnet du docteur dévoile peu à peu son enquête sur sa patiente, (mais aussi sur lui-même), sur les écrits que le Père Gaunt a laissé sur elle : des écrits qui, a priori, parraissent un peu trop "soignés" pour être totalement exacts. Car le testament caché n'est pas une enquête sur la vérité d'exactitude des choses mais sur la mémoire, sur une "vérité utile", sur la manière dont chacun peut interpréter des événements qui se sont déroulés, soixante ans auparavant, dans les années 20, dans une Irlande malmenée par L Histoire (notamment la guerre civile engendrée par l'avènement de l'Etat libre), où l'Eglise catholique joue un rôle sans cesse grandissant dans la société, s'immiscant sans complexe dans la vie privée des gens."Dans une large mesure, Roseanne et le Père Gaunt se sont tous deux montrés aussi sincères qu'il leur était possible, compte tenu des caprices et des ruses de l'esprit humain" remarque le docteur Grene.

Sans cesse Roseanne est accâblée dans sa destinée par une Eglise et une société étriquées, bien plus soucieuses du "qu'en dira-t-on" que du bonheur individuel.Mais le destin lui révèle cependant bien des surprises et au lecteur aussi ! Si l'on se demande tout au long du récit pourquoi Roseanne a été internée et que l'on s'en doute, on se demande surtout QUI est coupable de cette infâmie. Ce n'est pas celui qu''on croit. Je n'en dis pas plus si ce n'est qu'on ne le découvre qu'à la fin, avec plusieurs surprises de taille qui m'ont de ce point de vue-là laissée un peu perplexe !

Roseanne et le docteur Grene sont deux personnages vraiment attachants, émouvants et pétris d'humanité. On les laisse avec regret. J'ai vraiment passé un très bon moment avec le testament caché qui est le premier livre que je lis de cet écrivain irlandais, de père britannique et de mère irlandaise, considéré comme l'un des meilleurs de sa génération. Il puise l'inspiration de ses romans dans l'histoire personnelle de sa famille et le personnage de Roseanne lui a été inspiré par une de ses grande-tantes, semble-t-il. On retrouve ici le personnage d'Eneas McNulty, qui semble être le même que celui des Tribulations d'Eneas McNulty (paru chez 10/18).
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Je savais comme tout le monde que l'histoire de l'Irlande était assez tragique, même au vingtième siècle avec la guerre civile et le poids d'un catholicisme particulièrement rétrograde (et je ne “bouffe pas du curé”) mais le destin de Roseanne Clear est pour le moins difficile.
C'est à travers le journal intime qu'elle commence à écrire alors qu'elle est centenaire, même si elle ne connaît pas la date exacte de sa naissance, et internée pour convenance depuis près de soixante ans et celui du psychiatre qui s'occupe d'elle et fait des recherches dans les archives que son histoire est racontée.
La particularité de ce roman est que lorsqu'on le referme tout n'est pas limpide, les souvenirs de Roseanne, surtout ceux de son enfance sont tellement traumatiques qu'elle les a transformé. Ceux que recueille le docteur Grene ne sont pas non plus complets.
Le personnage du curé Gaunt nous paraît aujourd'hui particulièrement abject mais il ne fait pas de doute qu'il pensait agir pour le bien des âmes. D'ailleurs Roseanne n'est pas très dure envers lui. Une certaine naïveté et une endurance remarquable lui ont permis de traverser tous ces contraintes sans perdre sa bonté.

On sait que les institutions catholiques irlandaises ont beaucoup de crimes sur la conscience, couvents de la Madeleine et orphelinats de Nazareth pour ne citer qu'eux. Non pas que dans les autres pays européens ces choses n'aient pas existé, mais pas jusque presque la fin du vingtième siècle.
Peut-être un second Sebastian Barry dans l'avenir ?
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Il y a 3 ans, en 2018, j'ai fait un voyage en Irlande. J'avais été fortement marquée par les campagnes en lien avec la légalisation de l'avortement à cette période.
Même si l'avortement n'est pas le thème de cette histoire, à travers l'histoire de Roseanne, c'est la condition des femmes en Irlande au vingtième siècle qui est abordée. Et il faut avouer que je ressors vraiment émue de cette lecture…Car oui, dans ce pays il ne faisait pas bon d'être une femme au siècle dernier. L'influence de l'Eglise est impressionnante et un prête charismatique pouvait faire la loi dans sa paroisse sans que personne y trouve à redire…. Un mariage s'annulait à une vitesse si vous étiez protestante et mariée à un catholique…
Roseanne, centenaire encore alerte réside dans l'asile de Roscommon depuis une bonne soixantaine d'années. Son psychiatre, le docteur s'intéresse à elle car il doit l'évaluer pour estimer si son institutionnalisation est encore à l'ordre du jour.
Mais Roseanne, même si elle semble apprécier son médecin reste très discrète sur son passé et ce qui l'a amenée à être internée. Cependant, elle a entamé l'écriture de son histoire.
Petit à petit, l'histoire de Roseanne se dévoile aux yeux de la lectrice… de la petite fille chérie par son père à la jeune femme dynamique et heureuse de vivre nous allons assister au cheminement de son histoire et de son destin…Car nous connaissons la fin de son histoire….enfin, nous allons le penser tout au long de cette lecture….
J'ai vraiment été touchée et émue par le destin tragique de cette femme, car il reflète clairement que le destin des femmes à cette époque ne tenait pas à grand-chose…
Je ne peux que saluer le talent de l'auteur, qui a su restituer avec beaucoup de talent et de sensibilité les émotions et ressentis de cette femme à qui la vie et les hommes n'auront pas fait beaucoup de cadeaux.


Challenge A travers l'Histoire 2021
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Un très joli roman à 2 voix entre une vieille dame internée dans un asile psychiatrique depuis si longtemps qu'on n'en connait plus la raison et son thérapeute, chargé de déterminer si elle est capable de retrouver la liberté. Peu à peu, au fil de leurs entrevues et de leurs journaux respectifs, on découvre les terribles événements intervenus dans la jeunesse de la vieille dame et qui on conduit à son internement.
 
L'écriture est tantôt délicate et tantôt rugueuse, comme ce pays, l'Irlande, aux paysages et à l'histoire si tourmentés.
Le récit se met en place très doucement. On peut dire qu'il y a quelques longueurs mais cela fait partie du livre et ne m'a pas dérangé outre mesure: les évènements tragiques qui se sont déroulés n'en paraissent que plus terribles.

Une très belle histoire à travers laquelle on découvre une partie de l'histoire de l'Irlande du début du XXe siècle, rude et violente, où la condition des femmes compte pour peu de choses et la religion n'arrange rien.
Le personnage de Roseanne est très beau, plein de fragilité et d'élégance mais sans pathos.
Une jolie découverte.
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Une histoire intéressante et palpitante.
Roseanne est dans un hôpital psychiatrique depuis longtemps, trop longtemps car finalement plus personne ne sait vraiment comment elle est arrivée là. le médecin qui la suit va donc l'évaluer et enquêter sur sa vie puisqu'on va construire un nouvel hôpital. on a donc affaire à un récit à deux voix, celui de Roseanne qui écrit à partir de ses souvenirs, feuillets qu'elle cache sous le plancher et celui du médecin qui enquête sur sa patiente. le récit de Roseanne nous montre tout ce qu'elle a souffert dans sa vie, vistime de sa beauté incomparable et d'une société très stricte moralement dans l'Irlande du XXe siècle. En filigrane, se dessine donc un portrait de la société irlandaise, de l'histoire ce qui donne encore plus de relif à cette histoire. Avec le médecin, on fait toute la lumière sur l'histoire de cette femme jusqu'à ce que les deux récits s'entremêlent. C'est assez surprenant.
Bref on se laisse embarquer dans cette histoire, petit voyage dans le temps, secret de famille, tous les ingrédients sont réunis pour passer un bon moment.
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Tout ce qui relève de la psychologie, j'aime beaucoup. C'est pour ça qu'à la lecture de la quatrième de couverture, je n'ai pas hésiter à noter celui-ci. Quand j'ai vu qu'il était question d'une femme centenaire internée dans un hôpital psychiatrique et qu'elle allait devoir se confier à son psychiatre pour savoir si elle est apte à sortir ou non, j'ai su que ça avait tout d'un livre pour me plaire.

Je me suis surprise à avoir les larmes aux yeux dès les premières pages du livre. Dès que je l'ai commencé, je lisais ce qu'elle racontait et j'entendais surtout comme si cette femme était en face de moi. Il faut reconnaître le talent d'écriture de l'auteur pour en arriver à un tel schéma.

L'hôpital psychiatrique où elle est internée va être détruit, c'est pour cette raison que le docteur Grene doit parler avec sa patiente. Peut-elle rejoindre la société? Ses questions vont de “Qui est cette femme?” à “Pour quelles raisons a t'elle été internée?” La plupart des archives n'étant plus là, il doit parler avec elle. C'est dans ses entretiens qu'on découvre que la vie ne lui a pas fait de cadeaux. Dans ses entretiens mais aussi dans les carnets intimes qu'elle garde secret, caché sous les lattes du plancher. Elle se met à nu pour les lecteurs. Roman à deux voix car on découvre aussi la peine qu'à le docteur Grene. Bien qu'il aide ses patients, il est aussi submergé de tristesse et n'arrive pas à se remettre de la mort sa femme.

Avec son écriture prenante et poétique, Sebastian Barry nous emmène à la conquête de la vérité. Suspense, suspense… Pourquoi Roseanne est-elle internée depuis toutes ces années? le suspense est maintenu jusqu'à la fin. du moins, pour moi. Incapable de trouver la fin du livre. C'est un roman sombre et intéressant qui nous plonge en plein coeur de l'Ireland. En pleine guerre civile.
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Dans cet asile délabré de Roscommon, En Irlande, Vit Roseanne. Elle y est depuis des lustres, oubliée de tous. En cachette, elle écrit son récit de vie sur de minces feuilles de papier qu'elle dissimule sous une latte de plancher. le Dr Greene, le psychiatre qui la suit, veuf inconsolé, traine sa tristesse dans les couloirs de l'asile qui va bientôt fermer. Il tente, par une enquête dans les archives et par des conversations avec sa patiente, de reconstituer l'histoire de cette femme étrange qui ne consent à se souvenir que partiellement de sa vie. A travers leurs récits, c'est l'histoire douloureuse et contrastée de l'Irlande qui défile.
Pourquoi Roseanne a-t-elle été internée ? de quel crime est-elle coupable, dans cette Irlande déchirée et religieuse à l'excès ? L'auteur ne nous livre les instants clé que par bribe. Il enveloppe la cruauté d'un destin de femme dans le quotidien d'un pays déchiré. A ce récit tissé de souvenirs épars et contrastés d'un passé douloureux où se mêle le présent, répond comme un écho le monologue du médecin. Obsédé par la disparition de son épouse, il mélange l'histoire intime de sa vie avec ce qu'il apprend peu à peu de son étrange patiente et de sa famille. Est-elle surtout la fille de Joe Clear, presbytérien convaincu ? Ou l'épouse de Tom McNulty, catholique et musicien ?
Ces deux voix entrelacées, à la fois différentes et complémentaires, donnent sa couleur au roman. Intimiste et nostalgique, tragique et poignant, l'histoire ne se dévoile au lecteur qu'à travers les oublis et les à-peu-près, les choses insignifiantes de la vie. Il est si lourd, ce secret, que l'auteur prend toutes les précautions et tout son temps pour l'effeuiller lentement, au rythme de l'écriture sur les feuillets de Roseanne.

Avec une véritable empathie Sébastien Barry sait nous attacher ses personnages. Il trouve le ton juste pour décrire les états d'âme, sans avoir besoin d'effets spectaculaires. Il excelle dans la peinture en pointillé des pensées intimes de ses personnages. Et ce récit est serti dans un style tout de délicatesse et de poésie. L'insignifiant côtoie le tragique, comme les plumes et les marteaux qu'évoque Roseanne
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Encore une autre belle découverte d'un auteur irlandais! Il ressort de cette histoire apparemment triste d'une vieille dame internée pour des raisons liées à la morale d'une époque un grand souffle d'espérance en la bonté humaine. Dans sa construction, le roman laisse la place aux voix de cette femme centenaire et du directeur de l'hôpital psychiatrique. Tous les deux tenant parallèlement un journal livrant leurs pensées, leurs souvenirs et leur bilan de vie. La religion catholique et son carcan moral prennent ici une grande place, de même que la guerre civile irlandaise, le roman nous entraînant au début du XXe siècle jusqu'à nos jours. Décidément, je suis touchée par l'âme irlandaise.
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