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EAN : 9782849520239
220 pages
Imago (16/11/2005)
3/5   1 notes
Résumé :
Depuis plus de dix ans, Danielle Bastien reçoit des couples en entretiens analytiques, et son ouvrage est né d'une observation clinique. En dehors des rapports conjugaux instaurés consciemment et matériellement pour chaque couple, se créent, au fil du temps, d'autres rapports bien dissimulés sous les premiers. Espace commun mais occulté, lieu d'échanges et de débats entre deux histoires fantasmatiques, cette communauté psychique constitue le couple dans ses fondemen... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
La lecture d'Eva Illouz m'avait indirectement conduit à me convaincre de l'opportunité de l'approche psychanalytique de l'amour, afin d'approfondir la question du choix du partenaire. J'ai retrouvé dans ma bibliothèque cet essai qui se fonde sur des entretiens analytiques dans le cadre de la clinique de couple.
Plus précisément il se compose, après un chapitre méthodologique, de l'analyse très poussée de deux couples – Erica et Pol, Christina et Marc – dont les membres sont interrogés séparément sur l'histoire de leurs familles, la rencontre avec leur conjoint, leur filiation, et marginalement sur leur vécu commun. Entre les deux paires de récits il y a un chapitre de théorisation-conceptualisation (« Du lien à l'objet »), les deux derniers chapitres étant aussi théoriques, intitulés : « L'espace psychique conjugal » et « Un lieu de débat fantasmatique et de création ».

En extrême synthèse, et sans entrer dans les biographies des quatre personnages, l'idée de fond est que l'attirance entre deux êtres est d'abord et surtout un « dialogue » entre deux inconscients, où chacun retrouve soit des analogies avec soi-même, soit des complémentarités, mais dans tous les cas une complicité (inconsciente) par rapport aux refoulements que le passé familial a provoqué sur lui : donc parfois un « dialogue » conçu comme partage de silence (« pacte dénégatif »), comme sécurité d'une absence de remise en cause. Après le moment de la rencontre, l'autre étape décisive du couple est la filiation – ou le non-désir d'enfant – sachant qu'elle s'inscrit nécessairement dans le transgénérationnel ou l'intergénérationnel, et que des problèmes non résolus dans l'ascendance ont des chances d'être somatisés aussi bien pendant la grossesse et l'accouchement que, assez étonnement, par des symptômes, même très graves et durables, chez les enfants. Enfin, la conjugalité crée son propre espace psychique (un espace "transitionnel"), indépendant de celui des conjoints individuellement pris, et séparé de l'espace extérieur, y compris de celui des deux familles d'origine. Par conséquent, dans cet espace, un inconscient autonome se forme, qui peut soit subir « l'implacable répétition », c'est-à-dire une situation pathologique de ratés non verbalisables, déliés, conduisant aux conflits au sein du couple, soit au contraire produire de la « création », un concept proche de celui de « construction dans l'analyse », sans pour autant que les conjoints soient l'analyste l'un de l'autre.
Tout cela semble dépendre de façon décisive de la structure familiale d'origine, de son passé, et de la place que le protagoniste y occupait. de façon très intéressante, l'auteure demande aux interviewés de commencer leur narration en dessinant leur propre génogramme (reproduit dans le texte) : la manière dont il est représenté est extrêmement révélatrice de cette question de sa « place », est son interprétation, dans toute son étendue, révèle à elle seule une masse impressionnante de données significatives. Par ailleurs, les chapitres de récit, c'est-à-dire le corpus qui forme pour moi l'intérêt du livre, comportent des citations assez longues – quelques paragraphes – dans le registre du parlé (verbatim) : les répétitions, les maladresses voire même les contradictions, les inexactitudes ou trébuchements lexicaux (pas que les fameux lapsus...), tous reproduits en italiques, constituent le fondement de l'interprétation. Pour la première fois, je constate en la voyant écrite la nature même du travail du psychanalyste alerte devant le flux chaotique de la parole de l'analysant. Et la mise en exergue de ces « défauts » de langage est, elle aussi, formidablement riche en sens.

Pour ce qui est de la théorie, j'avoue que je n'avais pas autant souffert de mon ignorance depuis ma tentative (professionnelle donc obligatoire) de lire et de faire lire du Lacan ! Des références abondantes à des auteurs que je n'ai pas lus – surtout Winnicott et Kaës – avec leurs concepts abscons et si éloignés de la signification ordinaire, un degré d'abstraction que l'on ne retrouve guère, hormis la psychanalyse, qu'en physique quantique, l'irruption inopiné de renvois aux métaphores les plus crues du jargon analytique : « [… la relation duelle] convoque avec une force redoutable les équations psychiques de l'un et de l'autre, car elle ramène aussi les désirs inconscients incestueux, cannibaliques et meurtriers de chacun des conjoints. » (sic ! p. 183) ; enfin un argumentaire évidemment propre aux cliniciens et à leur étude de cas... tout cela m'a fait sentir tout petit, tout bête. Pourtant ni la maison d'édition ni le paratexte ne laissaient présager un ouvrage si peu vulgarisateur. Peut-être pourrait-on sauter carrément les chapitres théoriques, mais je n'ai pas osé, de peur de perdre quelque chose de crucial. Sans doute ai-je quand même perdu pas mal de choses cruciales...
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Vidéo de Danielle Bastien
« Je ne l?ai plus vue depuis des semaines.
Un jour, elle est venue, croyant avoir rendez-vous avec moi. Elle s?était trompée de jour, d?heure, de semaine.
Je n?étais pas là ce jour-là.
Elle est repartie.
Elle m?a sonné, longtemps après.
Elle est là devant moi, à quelques mètres, et sa détresse m?affecte.
Ça a recommencé. Ça recommence.
Elle le sent. Elle le sait.
Moi aussi je le sais, puisque je suis à ses côtés depuis des années.
Elle sait que je le sens. Et elle a raison. Je vois se rouvrir les abîmes sous ses pas. le moment où ça bascule, ça dérape. Elle ne veut pas retrouver l?angoisse qui donne envie de mourir. Elle me scrute et elle pleure. Elle essaye de s?accrocher à mon regard et moi je sens qu?elle glisse. Je ne dis pas grand-chose. Mais c?est déjà trop. Est-ce que je serais comme ses collègues, à penser qu?elle devrait arrêter de travailler ? Elle me soupçonne tout à coup.
Je lui propose qu?on se revoie demain.
Elle accepte. » D. B.
Dans des récits, sortes de croquis de séances, ou d?entre-séances, Danielle Bastien rend compte de son travail quotidien de psychanalyste. Elle restitue une atmosphère, donne du relief au désespoir, à la douleur, aux questions sans réponses des humains, femmes et/ou hommes qui s?adressent à elle. Avec Kate, Bill, Carmen et les autres, l?ouvrage nous fait découvrir les dimensions du féminin, du maternel et des couples qui sont au c?ur de sa pratique psychanalytique.
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