Moi, Chiron, Centaure

Pour moi, Chiron, c'est le directeur du camp des demi-dieux dans Percy Jackson… Oui, je sais… Alors découvrir le vrai mythe, c'était plutôt une bonne chose, non ?

J'avoue avoir beaucoup apprécié Moi, Chiron, Centaure en particulier parce qu'il sort du cadre de tous les autres tomes de la collection. L'histoire du Centaure n'est pas une descente aux enfers, elle montre même Artémis et son jumeau Appolon sous un très bon jour. Et pour une fois, voir les dieux se comporter aussi bien, et parfois se montrer humbles, cela fait du bien. Certes Chiron est le fils de Cronos et donc une déité, mais Artémis n'en est pas certaine au tout début de leur rencontre, et pourtant, elle se montre gentille envers le jeune centaure.

Sylvie Baussier essaye ici de mettre en avant une créature de la mythologie grecque qui est peu connue, et qui pourtant a des grands mérites. Faire sortir de l'ombre Chiron est donc l'occasion de le découvrir vraiment. Un être intelligent, instruit, bienveillant qui a une véritable vocation pour l'enseignement. Et cela il le doit aux jumeaux de Zeus. C'est en voulant remercier ces deux protecteurs qu'il a pris la décision de partager son savoir, et le centaure le fait avec brio.

A travers son parcours, nous découvrons d'autres héros et entrevoyons leurs destinées. Heureuse ou malheureuse, Chiron a donné à ses élèves toutes les armes qu'il pouvait pour que ses protégés puissent voler de leurs propres ailes. Un amour pour les autres, une envie de partager sans jalousie, un être sensible qui nous montre que la force peut revêtir plusieurs aspects.

Un tome qui est donc « déroutant » par rapport aux autres mais c'est aussi ce qui fait sa force. J'ai vraiment adoré découvrir Chiron et son histoire, et j'espère que d'autres aventures des « monstres » seront dans cette même veine.

Sylvie Baussier a été bibliothécaire puis éditrice d'encyclopédies générales ; elle est maintenant une autrice pour la jeunesse à l'origine des séries à succès Mystères à Versailles, Passion gym, Ma vie sur Mars, ou le club des poneys.

Le roman s'ouvre sur un petit prologue sous forme d'avertissement afin d'expliquer la naissance de la collection La mythologie vue par les monstres : il ne s'agit pas seulement de voir l'histoire du côté des gagnants mais aussi du côté des fragiles.

Il y a ensuite une présentation des personnages, ici, Chiron, centaure “bienveillant et positif” - sic - et les autres centaures cruels, Achille, fils de Pelée et Thétis, Asclépios, fils d'Apollon et de la princesse Coronis, Apollon, sa soeur Artémis.

Le récit proprement dit démarre après ces premières pages avec une narration à la première personne du singulier. Il y a une mise en abyme de la narration, Chiron explique qu'il est orphelin, qu'il est seul et a seulement un ami, un arbre ; il passe son temps dans la forêt, il rencontre Artémis, déesse de la chasse puis Apollon et cette dernière va raconter à son tour l'histoire de Cronos qui court après la nymphe Phylira, la fille du dieu Océan. Cronos a une relation avec Philyra de laquelle naît Chiron et afin que celle-ci se taise à jamais, Cronos la change en tilleul.


Chiron s'exclame donc: “Comment ça peut aller, d'après toi ? J'apprends que mon père est une ordure, que ma mère a été transformée en arbre, je ne peux pas sauter de joie ! Je suis seul au monde” pg 42


Après une formation avec Apollon et Artémis, Chiron part en Thessalie près du mont Olympe. Il sauve Pelée et il le soigne. Apollon vient ensuite le voir car il a eu un fils, Asclépios avec Coronis, Coronis qu'Artémis a tuée d'un flèche. Chiron élève alors Asclépios puis Pelée lui confie son fils Achille qu'il a eu avec la néréide Thétis. Et nous entrons alors dans le récit de la guerre de Troie de l'Iliade.

Autant dire que ce roman tient de la gageure, résumer la vie de Chiron en 85 pages ! Suivent un dossier documentaire sur la mythologie grecque, sur Chiron et sur Achille, héros de l'Iliade et un cahier de jeux avec un quizz, un texte à trous et un vrai/faux.

C'est mon 3ème de la série et j'avoue avoir été surprise car mes précédentes lectures étaient vraiment orientées sur les monstres mythiques transformés à cause de l'orgueil des Dieux de l'Olympe, transformés mais aussi détestés, malmenés par la suite. Ici, Chiron est un enfant né de "l'union forcée", encore une victime d'un dieu sans foi ni loi et c'est sa jeunesse/vie sur laquelle nous allons nous plonger. Chiron, le centaure, passionné par l'apprentissage mais aussi l'enseignement et la transmission. Solitaire mais en quête d'amour, il saura le trouver et le donner à ses élèves. Certains plus à l'écoute que d'autre ... C'était encore une bien bonne lecture et j'ai hâte de me dénicher les autres histoires mythiques de Sylvie Baussier !

Je poursuis ma découverte de cette série de romans jeunesse écrite par Sylvie Baussier.
Les histoires défilent et les récits sont toujours aussi poignants. La plume est empreinte de beaucoup d'humanité. Elle nous embarque, nous serre le coeur, nous fait réfléchir. Sans nous épargner la dureté des récits mythologiques, elle évoque la tristesse, la colère, la peur,… mais aborde cette kyrielle de sentiments avec une certaine tendresse.

L'histoire est racontée du point de vue de Chiron, un centaure solitaire qui se questionne sur sa famille et son identité. le personnage de Chiron est attachant et on suit avec intérêt sa quête de réponses. le récit est bien construit, avec une narration fluide et des descriptions vivantes qui permettent au lecteur de s'immerger facilement dans l'univers de la mythologie grecque.

Les thèmes abordés dans le roman sont riches et variés : la famille, l'identité, la découverte de soi, l'amitié, la loyauté, la mort... Chacun de ces thèmes est traité avec délicatesse et subtilité, sans pour autant alourdir le récit.

Le style d'écriture est accessible aux jeunes lecteurs tout en étant riche et travaillé. le vocabulaire est adapté à l'âge des lecteurs, sans pour autant les sous-estimer. Les illustrations de Sandrine Revel sont également très réussies et ajoutent un vrai plus au roman.

Seul bémol, finalement, Chiron n'est pas un monstre puisque c'est un vrai gentil !
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