Toute la vie pour réussir

Si je suis plutôt au fait des objectifs de la SEGPA, je n'avais jamais lu de roman mettant en scène un ado scolarisé dans cette structure.
Ce serait une raison suffisante de parler de ce roman. Mais Sophie Bénastre, qui a visiblement rencontré des jeunes concernés, ne s'arrête pas là. Elle parvient à traduire les difficultés scolaires dans un texte à la porté des lecteurs fragiles : les chapitres sont courts et introduits par un résumé du chapitre précédent en quelques lignes.

Les personnages, juste assez en difficultés pour ne pas rentrer dans le système classique mais pas vraiment handicapés (sinon ils seraient en ULIS), sont très crédibles. L'auteure traduit bien les multiples écueils auxquels ces enfants doivent faire face : déception des parents, tensions autour des devoirs, mauvaise estime de soi, jugement des copains, complexité à envisager l'avenir...

En lisant ce roman, les ados concernés se sentiront moins seuls. Et les autres, souvent moqueurs par méconnaissance, comprendront que ces camarades qui ont besoin d'un peu plus de temps ont de vraies personnalités et sont animés de rêves, comme eux. L'ambition est belle, et elle est réussie !

: SEGPA(Section d'enseignement général et professionnel adapté) ?
Que dit Wiki? Allo Wiki?
" Dans le système éducatif français, au collège, les sections d'enseignement général et professionnel adapté « SEGPA », accueillent des élèves présentant des difficultés d'apprentissage graves et durables..."
Merci Wiki.
La section deviendra la préoccupation majeure de cette histoire imaginée par Sophie Bénastre.
Avec la gêne qui s'installera et pèsera sur les débuts et le reste du roman, les jeunes lecteurs devraient comprendre l'épreuve que ceci représente pour chacun des personnages, la mère ( surtout), la maîtresse de CM2 et au fur et à mesure pour le jeune Clément.
Certains lecteurs s'interrogeront et des idées fausses s'imposeront avant de comprendre la réalité des faits: avec la SEGPA, est-ce à dire que Clément est sot ou attardé?
Il faudra bien la patience, un fin retour sur la psychologie de l'enfant et l'analyse des résultats scolaires de Clément par sa maîtresse pour orienter plus justement les pensées de la maman, qui comprendra un peu plus vite et qui tranchera aussi.
Non, Clément n'est pas un idiot et tous les jeunes élèves placés en SEGPA ne le sont nullement, on nous le dira, ils auront besoin de plus de temps et d'attentions, pour les mener aux mêmes objectifs que les autres. Mais les moyens manqueront au fur et à mesure que les niveaux scolaires leur réclameront rapidité d'exécution, vivacité et autonomie pour apprendre et retenir.

Tout ceci sera bien amené, developpé par l'auteure, ainsi que le caractère de Clément, que l'on devinera être un enfant de 9-10 ans comme les autres.
Nous apprécierons de discerner des qualités musicales chez Clément, il ait des domaines où l'enfant est doué.
L'approche est fine et sensible, Clément sera conscient de ne pas être à la hauteur de ses camarades pour suivre un parcours classique, il pourra même se comparer à sa jeune soeur. Nous apprécierons aussi que malgré les difficultés ils ne sentent pas destitué de son rôle d'aîné, il est plus mûr et à plus d'expérience même si moins de connaissances.

Mais la SEGPA sans ses copains, cela va être dur au début.
Clément va éprouver le sentiment d'une punition avant d'en retirer les bienfaits.
C'est un récit initiatique que l'on va nous proposer. Ce terrible passage à la sixième SEGPA très redouté, on le verra, se révelera peut-être plus adapté et plus sûr pour le bien être de beaucoup d'enfants que l'on nous présentera.
Nous aurons ceci en tête, les grands adultes sans doute: Comment leur promettre un avenir professionnel et des moyens de subvenir à une famille une fois adulte ( le cas échéant) sinon ce moyen vers un autre type d'apprentissage?

Clément sera t-il heureux en SEGPA?
Nous allons le découvrir.
L'aventure Sixième SEGPA, ça sera l'histoire d'une " team", une classe, de nouveaux copains qui pourront se soutenir, Flore, Ilies, Alex, Lenny et Stéphanie.
L'auteure Sophie Bénastre aura pensé à tout, que son titre soit lu par tous mais surtout par les élèves en difficulté dont il sera question. Un rapide petit résumé du chapitre précédent introduira les parties, histoire de permettre une lecture " feuilleton" et de s'y retrouver à chaque retrouvaille avec Clément.

La lecture est fluide et touchante.
On a aimé.

C'est le premier roman que je lis qui met clairement en scène un élève entrant en classe SEGPA et rien que pour ça, merci Sophie Bénastre ! Souvent associée à une image négative et peu flatteuse, l'autrice va au fil de Toute la vie pour réussir casser tous les clichés que les enfants comme les adultes ont parfois tendance à avoir.

L'histoire commence à la fin du CM2. Clément est reçu avec ses parents par sa maîtresse qui suggère, au vue des difficultés scolaires du garçon, une orientation en classe SEGPA. Sophie Bénastre va ensuite dérouler une histoire pleine de bienveillance, qui véhicule un vision positive de la SEGPA. Ainsi, si Clément n'est au départ pas du tout ravi de ne pas aller dans le même collège que ses amis de toujours et d'être dans une classe qu'on surnomme "la classe des gogols", il va peut à peut découvrir à quel point cette orientation est bénéfique pour lui. Au fil des chapitres, on le voit alors prendre confiance en lui, renouer avec les apprentissages, trouver sa place.

J'ai trouvé que l'idée de valoriser les classes SEGPA, les élèves qui les composent ainsi que le travail des équipes pédagogiques, était très intéressante et à même de changer le regard des jeunes lecteurs sur cette voie. Sans masquer les difficultés scolaires et/ou psychologiques de ces ados, Sophie Bénastre insiste plutôt sur ce qui valorise Clément et ses deux copains Alex et Iliès. C'est exactement ça qu'il faut retenir ! J'ai aussi aimé l'hommage rendu aux enseignants qui travaillent avec patience, imagination et originalité pour ces élèves,  incarné à travers le personnage de Monsieur Kolie.

Au-delà de l'histoire en elle-même, Sophie Bénastre a aussi porté un grand intérêt à la composition du récit. Ainsi les chapitres sont courts et elle résumé toujours celui qui a précédé avant de poursuivre l'histoire. Cela rend le livre très accessible et en particulier aux "petits lecteurs". Même si la lecture est morcelée, on peut ainsi facilement se remémorer ce qui a été lu précédemment. C'est une bonne idée !

J'aurais cependant aimé que Sophie Bénastre approfondisse davantage certaines thématiques du roman qui ne sont qu'abordées que succinctement : la honte/culpabilité des parents de Clément, les moqueries des anciens copains de Clément, le contenu des cours, la pédagogie des enseignants, les rapports entre les élèves de SEGPA et les classes "ordinaires"... etc. le texte les évoque mais cela reste un peu rapide et parfois trop optimiste.
Lien : https://www.lirado.fr/toute-..

A la découverte de la SEGPA (Section d'Enseignement Général et Professionnel Adapté) du collège Jacques Brel, à travers le regard du touchant Clément qui vient de l'intégrer.
Il n'est pas facile d'accepter la différence, ni pour l'enfant concerné ("Différent ! Il est toujours différent."), ni pour ses parents ("Elle aurait tellement voulu que son fils soit un enfant comme les autres")... Clément a des difficultés pour apprendre, c'est un fait que tout le monde reconnaît. La vie "c'est vraiment pas juste des fois!" et "il ne faut pas chercher des responsables dans cette histoire"... Plutôt un moyen de faire face à la situation. La 6e SEGPA est pour Clément une chance de suivre "un enseignement adapté pour avancer à son rythme", de faire son bonhomme de chemin malgré tout.

La SEGPA est aussi une chance pour ne plus être en souffrance. Clément se retrouve dans une classe de 12 élèves rencontrant tous des difficultés, même si elles sont différentes. Il se lie d'amitié avec certains d'entre eux, loin des insultes des élèves "ordinaires" ("Faut pas oublier qu'on est des abrutis! Des gogols, comme les autres disent! Des débilos!"). le professeur référent est un enseignant bienveillant, qui rassure, encourage, motive, adapte les consignes, laisse le temps, favorise l'entraide. Objectif: que ses jeunes élèves retrouvent confiance et estime de soi.

Celle-ci passe bien sûr par le regard des autres. Clément se demande si son père a honte de lui. Même s'il est un excellent saxophoniste, il a le sentiment que les études passent avant tout pour ses parents. Et puis il y a ses anciens copains, qu'il évite pour ne pas avoir à expliquer pourquoi il n'est pas dans le même collège qu'eux ("Il aurait dû dire tout cela mais il s'est enfui"). Il faut pourtant bien le reconnaître: Clément "se sent mieux à l'école" depuis qu'il est en SEGPA!

Mais le véritable déclic viendra de sa rencontre avec Emma la jeune Anglaise ("un rayon de soleil dans sa vie"): Clément réalise que ses difficultés scolaires n'empêchent pas qu'on s'intéresse à lui et qu'on l'apprécie. de plus, la nécessité qu'a Emma de traduire ce qu'elle veut dire lui demande un effort supplémentaire qui la met dans la même situation que lui. Pendant les séances d'inclusion (pour certains cours ou activités, les élèves de Segpa rejoignent d'autres classes), Clément se retrouve malgré lui confronté aux autres élèves et comprend que "c'est l'ignorance qui crée les clichés": si certains ont des idées reçues sur les Segpa, c'est parce qu'ils ne connaissent pas leur profil (dyslexie, trouble de l'attention, de la socialisation, etc.). le rôle de la directrice est d'expliquer tout cela afin d'éviter la différenciation. Et s'il y a encore "des idiots qui jugent sans savoir", pas de temps à perdre avec eux!
Lien : https://www.takalirsa.fr/tou..

Clément n CM2 et n'arrive plus à suivre à l'école. Sa mère a beau consacrer beaucoup de temps à lui faire faire ses devoirs, rien ne va plus, aussi sa maîtresse propose de l'orienter en 6e SEGPA. Ses parents s'effondrent et Clément a l'impression de les décevoir, encore une fois. En plus, ce serait quitter ses copains, alors il refuse.
Pourtant, lorsqu'il va visiter le collège avec sa mère, il est tenté par le discours de la directrice, qui lui parle de classe à petits effectifs, où il aura le temps nécessaire pour avancer à son rythme. Bon gré, mal gré le voici donc en 6e SEGPA au collège Jacques Brel, où il va devoir se faire de nouveaux copains parmi ces élèves un peu particuliers , tout en se faisant accepter des autres élèves de 6e, qui ont parfois du mal à comprendre qu'ils sont des élèves comme les autres.
C'est le premier livre que je lis consacré à un élève de SEGPA et ça me fait très plaisir de voir mis en avant ces élèves qui trainent souvent une réputation peu flatteuse, alors même qu'ils sont tous différents. le livre montre d'ailleurs avec justesse que ces préjugés, douloureux, sont autant le fait des enfants que des adultes et comment scolarité et vie familiale sont liées. À travers le personnage de Monsieur Kolie, c'est aussi un hommage à ces enseignants qui rivalisent de patience et d'imagination pour s'adapter à ces élèves atypiques mais attachants. Sophie Benastre n'occulte pas les difficultés rencontrées, comme le rappellent la violence d'Alex et les "Tut-tut" de Lenny, mais montre que chaque enfant a derrière lui une histoire compliquée.
Parce qu'il parle aussi de l'amitié, des premiers amours, ce livre devrait intéresser toutes sortes d'enfants, qui changeront peut-être ainsi de regard sur la SEGPA. Mais parce qu'il est constitué de chapitres courts, que commencent un petit rappel du précédent, il pourra aussi être lu par des petits lecteurs, qui pourront s'identifier à Clément et comprendre, comme le suggère ce titre magnifique, que malgré leurs difficultés ils ont toute la vie pour réussir.