L'ivresse des flammes

Dans la campagne neuchâteloise, par une nuit d'hiver froide et pleine de brouillard, un homme marche furtivement dans la forêt. Il se rend dans un domaine isolé du Val de Travers qu'il incendie avec grand plaisir. Dans le même temps, Marco, commissaire de permanence, et son équipe sont appelés pour un corps trouvé en bas d'une falaise. le procureur Nydegger, très peu apprécié par les policiers, se montre aussi odieux et méprisant que d'habitude, et reproche à Marco de l'avoir tiré du lit pour si peu, sûrement un ivrogne qui passait par là et est tombé en dessus du muret. le procureur lui-même semble bien imbibé, et après la découverte d'un deuxième corps au Val de Travers, un toxicomane qui semble avoir succombé à une overdose chez lui, Marco décide de le mettre hors d'état de nuire pour le reste de leur semaine de permanence. Il est remplacé au pied levé par Rachel Weiss, une procureure d'un tout autre calibre et ancienne maîtresse de Marco.

C'est tant mieux car le lendemain un nouvel incendie se déclare au Val de Travers, cette fois le criminel ne s'est pas contenté de brûler l'écurie mais aussi l'habitation et la famille en a réchappé de justesse. Cet homme a sévi déjà un an auparavant, mais Nydegger avait refusé toutes les propositions de la police trouvant ces investigations beaucoup trop coûteuses, puis les incendies avaient cessé. Rachel accepte de mettre les grands moyens pour arrêter cet homme qui semble monter en puissance. On suit également Angelo Chiesa, un employé de la déchetterie au lourd passé et son amie Nina.

Les parties alternent entre le récit de l'enquête au présent et la narration de la vie difficile d'Angelo, qui est un acteur clé du livre, même s'il ne croise jamais Marco. Ce polar est magnifiquement écrit par un commissaire de la police neuchâteloise, la langue est riche et belle. Il se distingue surtout par sa construction très aboutie en roman choral où chaque chapitre donne la parole à un des protagonistes, les personnages principaux parlant plusieurs fois au fil de chapitres courts. Ce roman a de grande qualité littéraire, ce qui est loin d'être le cas pour tous les polars, il faut le souligner. Les rebondissements s'enchaînent, il y a des fausses pistes et beaucoup de suspense. Angelo nous permet de nous immerger dans la mafia, calabraise et sarde et leurs pratiques violentes. Les descriptions des lieux sont précises et exactes, on sent que l'auteur connaît son sujet sur le bout du doigt, pour les lecteurs locaux c'est un plus appréciable, nos paysages prennent une nouvelle couleur et on pourra repenser au roman en les traversant, en particulier la route du Val de travers.

L'histoire est totalement vraisemblable et aurait pu se passer ainsi, l'épilogue souligne que c'est une fiction… ou pas. Sans doute un mélange d'éléments de différentes affaires vécues par le commissaire Benoît dans la réalité et réagencés en fiction avec des ajouts. Un seul des aspects du roman sonne faux : deux des protagonistes utilisent des téléphones portables avec des faux noms, l'un d'entre eux étant Plexy Glaz. C'est tout à fait impossible dans la législation actuelle, on ne peut pas acheter de cartes sim sans la faire enregistrer avec ses papiers d'identité, donc il faudrait en avoir des faux pour pouvoir se procurer des cartes sim à d'autres noms que le sien, on ne peut pas non plus en acheter sans les enregistrer, ici pas de téléphone jetable si cher aux auteurs de polars américains. Mais à part ce détail tout à fait pardonnable, tout est parfait. Notons aussi que j'ai trouvé le nom de l'incendiaire bien avant la fin, ce qui ne m'a pas dérangée du tout. Ce roman est le troisième de l'auteur et je compte bien découvrir les deux premiers, car celui-ci est un coup de coeur.

Nous avons ainsi deux excellents auteurs de polars à Neuchâtel, tous deux professionnels de la justice, le commissaire Benoît et le procureur Feuz. Leurs univers sont proches et mettent en avant notre belle région, ce livre a nettement plus de qualités littéraires que ceux de Nicolas Feuz, même si je les apprécie beaucoup tous les deux. Je note que tous les deux ont des personnages de procureurs odieux et incapables, on se demande si ce sont des expériences vécues !

Pour moi cette découverte est un coup de coeur que je recommande chaleureusement. Un polar original et vraiment très bien écrit, avec une construction élaborée.
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Fabio Benoît nous embarque dans son dernier roman dans l'oeuvre d'un pyromane, du monde de la mafia…
J'ai eu beaucoup de mal à entrer et à accrocher à l'histoire de ce roman. La construction complexe qui va plaire à certains lecteurs à pour moi été un frein (d'habitude ça me gêne pas plus que ça). Il est construit de manière chorale, chaque chapitre on change de point de vue, de voix de personnage. En plus il y a une alternance de période entre le « avant » et « le maintenant ». L'auteur m'a malheureusement perdu surement du à un manque de concentration de ma part. Un livre que je relirai peut être plus tard car là c'est moi qui étais dans le brouillard comme lorsque que les incendies criminels ont lieu

Merci à Lecteurs.com et aux éditions Favre de m'avoir permis la lecture de ce bon polar dans le cadre du Cercle Livresque.La police de Neuchâtel est sur les dents depuis qu'un pyromane sévit dans les campagnes environnantes ,multipliant les actes criminels sans laisser d'indices.Elle va même faire appel à une profileuse de Lausanne qui va vite se rendre compte que deux des incendies ne sont pas l'oeuvre du pyromane mais pourraient être liés à une autre affaire .
Un polar construit de manière originale puisque ce sont les protagonistes ,chacun à leur tour ,qui font défiler l'histoire,une histoire beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît .
A déguster sans attendre.

Deux incendies en moins de vingt-quatre heures : Marco comprend que le pyromane est de retour. L'an dernier, treize incendies criminels lui ont été imputés. Quel monstre faut-il être pour brûler des animaux vivants ? L'enquête révèle que les feux sont toujours allumés par des nuits de brouillard. le commissaire Marc-Olivier Forel reçoit l'appui d'une profileuse expérimentée afin d'établir le profil du criminel. Lorsque les flammes ravagent, également, une maison d'habitation, avec le propriétaire à l'intérieur, Marco est interpellé par les différences de mode opératoire. Un homme, Angel, comprend que les méthodes sont liées à la mafia. Il connaît ce milieu, qui l'a obligé à fuir ses terres de Sardaigne.


L'ivresse des flammes est divisé en neuf parties, dans une alternance « D'avant » et « Maintenant ». Chacune d'entre elles est séparée en quatre ou cinq chapitres, écrits à la première personne du singulier, dans lesquels s'exprime un personnage différent. Nous sommes au plus près du protagoniste concerné. La temporalité navigue entre les enquêtes actuelles et l'héritage duquel Angel a souhaité s'émanciper. Ce dernier relate son apprentissage dans le monde du banditisme, alors qu'il était très jeune et qu'il ne rêvait que de peinture. Cependant, son père et son oncle envisageaient un autre destin pour lui. Il a appris le protocole pour faire parler, a découvert l'appétit des cochons pour certains mets surprenants, il lui a été enseigné qu'il ne fallait pas tremper dans la drogue, etc. Mais ce n'est pas la vie qu'il souhaite. Pourtant, quand la mafia s'en prend à certains de ses proches, il se transcende.


L'ivresse des flammes est la suite de Mauvaise personne et de Mauvaise conscience. Chaque tome peut se lire indépendamment. Pour ma part, je n'avais lu que Mauvaise conscience et une similitude m'a frappée : les femmes sont en retrait, même quand elles influencent les évènements. Un autre point commun est l'humour. Au milieu de scènes qui devraient être glaçantes, l'auteur insère des formules et des précisions amusantes, qui font hésiter entre l'effroi et le rire. Cela crée un décalage original et réjouissant. Malgré le changement de narrateur, il est aisé de savoir qui raconte, en raison du contexte. C'est essentiellement l'intrigue qui demande de l'attention, car les rebondissements sont nombreux. J'ai bien aimé L'ivresse des flammes. le format est atypique, cependant Fabio Benoît maîtrise les ficelles à la perfection.

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Visiblement je découvre cet auteur en commençant par la fin. Ou plutôt en lisant le troisième volet d'un triptyque dont les deux premiers romans sont Mauvaise personne (Prix Valora 2019) et Mauvaise conscience. Heureusement tous les volumes peuvent semble-t-il se lire indépendamment les uns des autres.
L'ivresse des flammes c'est l'histoire d'Angel, le héros récurent de cette trilogie, cette fois, tandis qu'une série d'incendies criminels ravagent des domaines agricoles en Suisse et en France, Angel, qui a fui la mafia calabraise, se remémore sa jeunesse en Sardaigne et craint de voir le spectre de la violence le suivre. Aidé de sa compagne Nina et d'une profileuse expérimentée, il tente de démasquer le pyromane et les forces obscures qui l'animent.
Voici un roman choral riche en rebondissement. Ce qui nous marque c'est ces chapitres courts où chaque protagoniste s'exprime à la première personne du singulier. L'auteur altère ainsi les points de vue qui nous permet d'avoir une vue d'ensemble. Outre le flic Marco qui voit revenir un pyromane qu'il croyait disparu, il y a Angel que l'on retrouve aujourd'hui et qui mène lui aussi son enquête sur ces nouveaux crimes incendiaires qui lui rappelle sont passé en Calabre. Et d'un coup nous plongé dans le passé d'Angelo, pardon d'Angel. Car vous l'aurez compris cette histoire oscille aussi entre présent et passé.
Voilà donc un bon polar, bien écrit, le style de l'auteur est fluide. Il ponctue les situations graves avec un trait d'humour, il manie aussi les jeux de mot afin de détendre parfois l'atmosphère pesante qui règne dans son roman. Je l'avoue, cette lecture, fut pour moi une nouvelle belle immersion en terre polardesque suisse. Je sens que je vais retenter l'expérience

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