Ce recueil, lauréat du prix de poésie de la ville d'Angers, alterne prose et poèmes en vers.
Le lecteur découvre, dès les premières pages, le visage de la mère, personnage tutélaire que l'on « déchire » pour venir au monde. La mère qui nourrit, tricote des pulls et veille l'enfant lorsqu'il a la fièvre. La mère qui raconte une fable
De La Fontaine :
« La mère creusait la voix profond sa route inexorable dans l'histoire qu'elle roulait comme ses yeux quand on aurait voulu d'un cri arrêter les crocs les mots arrêter tout. »
Quant au père, il faut lui obéir. Parfois, il parle de sa guerre
« Les épluchures, ça me connait
J'en mangeait à la guerre
Et du rutabaga
Nous dit le père
Assis dans la cuisine
Me servir d'un couteau
Le devoir militaire
M'aura appris cela. »
Parmi les membres de la famille, et les souvenirs d'enfance apparait la figure de ce frère pas tout à fait comme les autres et qui n'a pas acquis le langage, ce frère vulnérable qu'on doit protéger.
« Il lui faudrait un bout d'éternité pour tout reprendre du monde, en repasser les lignes, élever une digue autour de la nuit, séparer dans sa tête les cailloux et le ciel, les mots et les nuages. »
On croise aussi un vieil oncle, on assiste à des enterrements, on s'interroge sur la petite mémère derrière son rideau, et c'est la vie qui s'écoule sous la plume de
Bruno Berchoud, la vie avec son cortège de nostalgie, ses éclats de bonheur et ses morts.
Tout est dit simplement, avec pudeur et tendresse, et l'on se prend à rêver à nos familles qui ont peuplé nos enfances.