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Extrait 2
D'abord la piste. Une route étroite. Les virages. Des lames de silence, d'inquiétude, d'aggravations.
Un mince lacet caillouteux serpente entre les chênes et les châtaigniers. Au débouché de l'avant-dernier raidillon, bordé de ronces, semé d'un gravier mêlé d'ardoises cassées, se dresse l'austère façade de pierre qui n'offre, sur ce versant, aucune ouverture. Un escalier de grosses pierres irrégulières mène à une porte qui ouvre sur un couloir desservant deux chambres, une douche taillée à même la roche, un WC. Un escalier intérieur, bordé d'un garde-corps construit de minces tiges de pin frais, mène à l'étage supérieur, de plain-pied avec la terrasse d'où l'on aperçoit, au loin, la vaste étendue de vignes. L'étage supérieur n'est pas aménagé. S'y empilent cartons, meubles, vaisselle. Un évier est placé au centre de la pièce, des lits de camp empilés au fond. Une vieille luge en bois, surmontée d'une lampe, semble avoir servi de table de chevet. Un buffet est recouvert d'un drap blanc.
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Extrait 4
As-tu vu l'écureuil ?
Le faisceau de la lampe de poche glisse sur les murs,
à la recherche d'une ombre.
Le scorpion tombera au fond d'une bouteille en plastique.
Une espèce très rare de libellule a été observée près de
la rivière.
Quant à l'utilité de l'âne en de telles équipées, Stevenson
a écrit là-dessus tout ce qu'il y avait à savoir, me dit-on.
Ceci est mon corps dit le maçon.
Mon rêve n'est pas terminé. J'ai laissé cette fenêtre ouverte,
répond l'architecte.
« Il y a toujours à faire ».
Le pont, pourtant, ne s'enjambe pas les yeux fermés.
(Y regarde-t-on de trop près)
Les murs épais comme trois hommes solides retiennent la
fraîcheur d'autres souvenirs.
Volume de paysage, la plaine, la roche, les vignes.
De quelle durée, poncée aux angles
(La variation des pertes.)
Forces, insectes, enfouissements.
Courbures.
Clous rouillés.
Blessures potentielles sur de vieilles portes retournées en
guise de table.
S'il se penche moins vite, indiquant par où fuir en cas de
brasier :
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Extrait 3
Quelqu'un, en marche, écarte une ronce.
Depuis la petite terrasse un sentier mène à la deuxième
maison, un mazet d'une trentaine de mètres carrés.
Cette maison est secrète.
L'intention qui la désire n'est pas lisible.
La vision n'est pas adaptée à cette dimension du paysage.
Ce défaut protège les plus vulnérables.
Au loin la plaine, les plis du paysage, vignes et châtaigneraies,
une rivière court.
Matière de temps, pâte à faire, une suite de gestes sans autre
destination que le temps lui-même.
La maison appartient à un homme seul.
Il est possible que son habitant soit un lointain descendant
de Thoreau.
Compost humain de rêves, de projets, mêlés d'odeurs, de
lumières, mêlés de regrets, d'évitements, de refus peut-être.
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Extrait 5
Arbres couchés.
L'horizon des châtaignes vertes.
Insectes nommés sans exactitude.
Façade de langage.
Habitants multiples dans l’invisibilité.
Et si l'on contourne la masse fenêtres — meurtrières —
où feuilles bougent.
Dans le sable — les pierres.
L'eau de la rivière pourrait monter rapidement, submerger
les berges, faire vaciller les embarcations, lit-on sur les
panneaux de la centrale hydraulique installée à quelques
centaines de mètres de là.
On se baigne pourtant dans cette eau parfaite.
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Extrait 1
Les maisons de passage. On ne réussit à y inscrire que des empreintes partielles, indécises, troublées par le désir qu'on aurait parfois de s'y enraciner plus profondément, d'une inscription vouée à s'approfondir, se transformer, dans une durée pacifiée, partageable.
Ce nœud de broussailles percées, qu'épuisent les restes d'enfance, ou plutôt ce qui d'enfance s'obstine sous la forme du manque.
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