Certes, les hommes et les femmes de la Renaissance n'ont fait que rejouer une histoire ancienne déjà contée par les chantres de l'amour courtois, et auparavant même par les poètes de l'amour andalou et arabe, véritables créateurs du mythe de la femme divinisée. Mais, si l'histoire se répète, en l'occurrence, c'est pour mieux s'élaborer et s'affiner dans la promotion de l'amitié entre les sexes, remède à une défiance ancestrale instaurée par la séparation arbitraire des univers masculins et féminins.
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François, incarnation du dieu Amour, entraînant a sa suite une soeur intrépide, jusque-là invulnérable aux "flèches dangereuses" de l'amour, et provoquant ainsi la fatale rencontre avec cet "homme de guerre" énigmatique: rien ne nous interdit de lire, dans le rébus des allégories tramé par Aubert, un "scénario" bien véridique. En tout état de cause, vrai ou faux, cet épisode avait sa nécessité dans l'imaginaire collectif: il fallait donc le faire accéder au statut de mythe et, de ce qui ne fut peut-être qu'un jeu, une joute sportive, faire une réalité, comme pour reproduire ou prolonger l'aventure de la "Pucelle d'Orléans", dans ce qu'elle conservait d'actualité; à savoir: la lutte implacable qu'un roi doit mener contre ses ennemis pour l'édification d'un grand royaume!
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Ô longs désirs, ô espérances vaines,
Tristes soupirs et larmes coutumières
A engendrer de moi maintes rivières,
Dont mes deux yeux sont sources et fontaines.