Parler de l'amitié dans notre société dévolue au règne de la logique marchande est devenue acte étrange et dérangeant. Car combien ont de véritables amis désormais ?
Des relations, des connaissances, des collègues, des « copains » éventuellement, mais des amis point. Si bien qu'à la simple évocation de ce terme, chacun détourne le regard pour dissimuler sa gène et même quand il dispose d'un reste de conscience, sa honte. Car cette quasi disparition d'une manifestation centrale de la relation humaine reste inexpliquée et inexplicable pour le plus grand nombre. Elle est donc vécue sous le mode de la culpabilité et plus souvent encore sous celui du simple déni de réalité. Et les nouvelles générations en ont oublié jusqu'au sens.
Fort légitimement, ceux qui savent encore penser par eux-mêmes se demandent quelle monstrueuse organisation sociale a pu ainsi anéantir une passion humaine aussi fondamentale.
Ce livre parle des circonstances d'une amitié avec un homme qui incidemment est probablement celui qui a su le mieux donner les raisons de cette disparition à travers son oeuvre, à commencer bien sur par « La société du Spectacle ».
Ceux qui se soucient encore d'amitié verront donc ici de forts bonnes raisons de lire ce livre.
Commenter  J’apprécie         30
Un très beau témoignage d'amitié qui tord le cou aux légendes sans prendre de grands airs !
Commenter  J’apprécie         10
Cette notion de l'indivision de l'être (...) trouve en la personne de Guy l'exemple significatif du contraire de l'homme spécialisé.
L'homme indistinct se différencie de l'homme spécialisé parce qu'il a choisi de faire usage de ses goûts et de ses capacités personnelles pour la conduite de sa vie, plutôt que d'exercer une activité ou une fonction déterminée par d'autres, pour des objectifs qu'il ne partage pas.
Le savoir-faire de l'homme indistinct est un pied de nez au savoir-faire de l'homme médiatique.
(...) L'homme indistinct est naturellement rétif à toutes les injonctions supérieures de la raison d’État, de la Nation, de l'ordre économique et de la morale institutionnelle. Il ne s'en remet qu'à lui-même et au bon sens pour juger de ce qu'il a à faire et refuser toutes formes de non-vie imposée.