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Stéphane Bikialo (Autre)
EAN : 9791092173628
120 pages
L'Ire des marges (11/01/2022)
4/5   1 notes
Résumé :
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Pour inaugurer une collection de critique littéraire contemporaine qui s'annonce précieuse, une formidable « enquête à propos d'enquêtes » conduite par cinq investigatrices et investigateurs en présence de Marie Cosnay elle-même.


Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2022/08/21/note-de-lecture-marie-cosnay-traverser-les-frontieres-accueillir-les-recits-collectif/

Ils se sont mis à cinq, Stéphane Bikialo, Warren Motte, Alain Nicolas, Jane Sautière et Pierre Vilar, avec la collaboration de Marie Cosnay elle-même, pour tenter de mieux saisir pour nous la magie intense de cette autrice contemporaine pas comme les autres, naviguant inlassablement entre des pôles magnétiques à la fois fluctuants et résolus, que le titre choisi pour ce recueil poétique d'essais et d'entretiens critiques, « Traverser les frontières, accueillir les récits », rend déjà à merveille. Publiée en janvier 2022 dans la collection Bruits de langues (dont on peut lire le manifeste ici) de L'Ire des Marges, dédiée à l'écriture de recherche, qu'elle inaugure, cette somme provisoire est d'emblée précieuse, y compris pour la lectrice ou le lecteur qui se préparerait seulement à découvrir Marie Cosnay dans sa profuse richesse et son obstination multivariée.

Autour d'une démarche pas si fréquente, celle d'échanges très libres avec l'autrice, dont la structure sera éventuellement travaillée ex post (ce en quoi il faut aussi souligner le travail de l'éditrice Bérengère Pont, dont la présence irrigue le recueil de plus d'une manière), Marie Cosnay a pu ainsi réagir à une foule de questions directes, mais aussi d'hypothèses de travail, lancées par le spécialiste Stéphane Bikialo, de l'Université de Poitiers, mais superbement relayées, élargies, creusées ou déployées par le critique littéraire Alain Nicolas, l'autrice Jane Sautière, le spécialiste de poésie contemporaine Pierre Vilar, de l'Université des Pays de l'Adour, et le professeur américain Warren Motte, de l'Université du Colorado. Généalogie de l'oeuvre, présence physique des corps, vie matérielle, violences du présent et violences de l'Histoire, écriture dans les intervalles du souvenir, mise en scène du présent de l'écriture, travail du nommage et de la désorientation, attente (celle des personnages surtout, moins nécessairement celle du lectorat), présence de la traduction (logique pour une latiniste aussi distinguée), transposition, réécriture et création ex nihilo (et là, à propos de « Cordelia la Guerre », Alain Nicolas fait merveille), surgissement du récit dans le récit, incarnations détaillées, au sens propre, de la « grande » politique (et ici Jane Sautière, fort logiquement, est à l'oeuvre) : en un peu plus de 100 pages, assorties de précieuses annexes bio-bibliographiques, voici à la fois une visite guidée de l'oeuvre, sans trop de spoilers qui plus est, et une audacieuse spéculation sur ce qui se joue sous nos yeux de lectrice et de lecteur, entre les textes et par eux.

Comme dans le travail si précieux de Fabrice Thumerel, lorsqu'il orchestre de savants colloques universitaires (à propos de Christian Prigent ou de Valère Novarina) pour en effacer le risque d'austérité et en dégager une pluri-tonalité joyeuse et fusionnelle, ce petit ouvrage inaugural réussit ce pari toujours particulièrement difficile, entre création et recherche, comme il le revendique courageusement : celui de proposer un éclairage pointu et décisif sur une oeuvre qui ne se laisse souvent pas entièrement déchiffrer du premier coup, et de simultanément communiquer une intense envie de découverte pour les textes non encore lus. Souhaitons donc d'ores et déjà longue vie à cette collection qui s'annonce bien comme essentielle à nos yeux !

Et c'est peut-être Pierre Vilar qui exprimerait le mieux, comme incidemment, ce que ses quatre partenaires ont tracé tour à tour, à savoir la joyeuse complexité d'une oeuvre qui associe étroitement le foisonnement du multiple et l'obsession de l'unique, d'une oeuvre capable de mobiliser tous les genres littéraires connus ou presque, et de conduire (sans véritable hasard pour une aussi magnifique traductrice d'Ovide) en continu ses propres « Métamorphoses » dans une constante fidélité à soi-même.

Lien : https://charybde2.wordpress...
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
PIERRE VILAR : Évoquons la somme infinie des récits, ou bien si l’on veut le vertige des lecteurs. Un mythe, c’est à proprement parler illisible parce que partagé sans limite. Sans lecteur parce que sans auteur. Barthes appelait ça à sa manière un « signifiant second ». je dis « Orphée », je lis « Orphée », et immédiatement ce qui vient désigne un espace sans fond, passe la lecture, remonte et redescend et remonte encore. Il y a déjà quelque chose au-delà. Un roman d’espionnage, comme une épopée (c’est toi qui fais le lien, entre Le Carré et Homère) vous remet en mouvement à partir de ce fond commun : l’histoire irracontable, le mythe illisible. Beaucoup de tes livres sont nés, on pourrait le penser, d’un récit de ta lecture, une expérience d’alternance, des choses vues et des choses sues, ou bien de l’altération d’un récit premier et d’un second, d’une lecture poursuivie au-delà, donc. Et même tu désignes l’entretien, l’archive, les sources, les retrouvailles, les audiences de justice, les secrets, comme l’un des sujets de la lecture (même Vie de HB parle de cela). L’altérité a une langue, et bien sûr la traduction est là aussi pour alterner, altérer, sinon pas de métamorphose. Ce que tu conduis avec Ovide, est-ce d’une nature totalement différente de ce que tu mènes avec l’histoire racontée d’un mois de mai aujourd’hui plus sanglant encore qu’hier, avec la mémoire d’une guerre entre soi autant qu’entre deux, des enfants convertis en convertis, etc. ? Ta lecture décrit, souvent, ses étapes, ses errances, ses accidents. Et pourtant elle insiste (d’où une question d’ailleurs : le roman dit noir, ou dit policier, celui d’espions après Le Carré ou Trevanian ou Perez Reverte, n’a plus grand-chose à faire d’un dernier mot ou d’un fin mot, quand tu les lis, quelle lecture est-ce que tu estimes poursuivre, de quoi au fait ?), elle insiste tellement que l’on a pu te lire comme enquêtrice, et témoin compromis.
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STÉPHANE BIKIALO : Pour commencer ce dialogue, je ne savais pas si je devais partir du début ou de la fin. Et j’ai pris conscience à ce moment-là du décalage possible dans nos discussions au niveau de l’actualité des œuvres. Entre tes premiers textes publiés et aujourd’hui, il y a presque 20 ans et une vingtaine d’ouvrages. Donc cela fait longtemps que tu as quitté la narratrice et le dispositif de Que s’est-il passé ?, et j’imagine la difficulté pour toi de réagir sur ce texte. De mon point de vue, de chercheur, 20 ans, c’est assez peu pour une œuvre, et l’ensemble de tes textes sont dans une historicité commune relative. Il y aura donc dans notre dialogue entre « création » et « recherche » ce rapport au temps, à l’actualité des œuvres qui sera très différent.
À cela s’ajoute que dans tes textes on peut supposer qu’il y a une relative identité ou proximité entre certaines narratrices, comme celle de Que s’est-il passé ?, et la Marie Cosnay avec qui je peux parler, lors d’une rencontre, au téléphone, ou par mail.
J’ai donc d’abord envie de te demander si cette double temporalité – de création et de réception – te pose problème ? Est-ce que tu as la mémoire de tes propres livres ? de leur contexte d’écriture ? des personnages ?
Et puis donc, pour revenir à mon hésitation initiale, j’ai finalement décidé de partir du début et de la fin en même temps, en te faisant réagir sur deux extraits : de Que s’est-il passé ? et d’If, publiés donc à 17 ans d’intervalle. Est-ce que, en presque 20 ans d’écriture, tu en sais plus sur ce qui s’est passé ? Et comment as-tu réussi à en dire autant sur toi dans tes livres et aussi peu sur toi dans les entretiens ou rencontres ?
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MARIE COSNAY : Il y a une liaison entre les corps arrachés à une histoire (l’enfant mort d’un accident) et ce qui malmène les corps dans l’Histoire. Un exemple très contemporain : au moment où je fais tout (juillet 2021) pour essayer d’enterrer le corps d’un jeune homme dont on ne connaissait ni le nom ni la famille, mort dans la Bidassoa à ma frontière (et je remonte le cours de son histoire, j’apprends son nom, prénom, village, sa mère et sa sœur), à ce moment précisément, l’ami très cher, Philippe Aigrain meurt d’un accident de montagne. Et en même temps, toujours juillet 2021, les corps exposés de 170 grévistes de la faim, qui demandent à être régularisés, à Bruxelles, sont en train de prouver au monde entier (qui ne veut pas savoir) qu’en Europe, on est passé à autre chose : on pose très tranquillement que certaines vies non seulement ne comptent pas, mais n’existent pas. Entre les trois événements, il n’y a pas de lien. Et pourtant, si, et pas seulement le lien personnel, ou singulier, que je fais, moi. Il y a un autre lien. Le personnel (l’accident en montagne) s’est hissé à l’impersonnel comme je le disais, mais on peut dire : à la collectivité, à l’indéfini, à la mort en soi, au drame en soi ; je crois que ça plairait bien à Philippe de n’être pas que Philippe.
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Vidéo de Stéphane Bikialo
Dans le cadre du colloque "Lydie Salvayre, écrire avec" en partenariat avec l'université Bordeaux Montaigne, Lydie Salvayre vous présente son ouvrage "Depuis toujours nous aimons les dimanches" aux éditions Seuil. Entretien avec Stéphane Bikialo.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/3055513/lydie-salvayre-depuis-toujours-nous-aimons-les-dimanches
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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