Je remercie Babelio et les Éditions Quae pour le magnifique ouvrage reçu dans le cadre de la masse critique.
Voici un livre superbe qui redonne leurs lettres de noblesse aux légumes qui n'avaient leur place autrefois qu'à la table des pauvres, l'aristocratie les rejetant au profit de la viande.
Par bonheur ils ont fait du chemin avant d'être appréciés dans les assiettes de tous.
Légumes-feuilles, légumes-tiges, légumes-fleurs, légumes-fruits, légumes-racines, tubercules (pommes de terre), légumes-graines, mais aussi bulbes, tous les légumes sont classifiés selon les familles botaniques avec leur histoire au fil des siècles et des illustrations.
Dédaignés un temps par la noblesse, les légumes font pourtant partie de l'alimentation des hommes depuis la nuit des temps. Et quand on parle d'eux on pense voyages et grandes explorations puisque grand nombre d'entre eux sont arrivés d'Extrême-Orient, acheminés par les marchands persans et arabes.
Les légumes ont donc traversé le globe, ont été domestiqués par l'homme avant d'arriver dans nos assiettes, remplis de saveur, de couleurs parfois étonnantes.
Il fallait entendre
Proust parler on ne peut plus poétiquement des asperges dans "
du côté de chez Swann " :
" Mon ravissement était devant les asperges, trempées d'outre-mer et de rose et dont l'épi, finement pignoché de mauve et d'azur, se dégrade insensiblement jusqu'au pied - encore souillé pourtant du sol de leur plant - par des irisations qui ne sont pas de la terre. "
(Page 90).
L'auteur nous apprend pas mal de choses méconnues. Par exemple que la pomme de terre avait mauvaise réputation en France et que le tubercule était jugé juste bon pour nourrir les cochons. L'aubergine et la tomate n'étaient pas non plus en odeur de sainteté, les botanistes les considérant comme dangereuses car rappelant la mortelle Belladone. Elles furent donc de belles plantes ornementales dans les jardins anglais.
On apprécie les anecdotes amusantes qui ponctuent le fil du récit concernant notamment les légumes aux vertus aphrodisiaques ou au contraire ceux qui font baisser la libido.
Une belle découverte de la diversité des légumes au fil des saisons, y compris les anciens. Certains, parfois oubliés, font partie intégrante de notre patrimoine gastronomique. Les légumes d'hiver sont ennuyeux ? Allons donc ! Il suffit juste d'oser les revisiter. Une bonne purée de carottes avec de l'ail, du persil, un chouïa de crème et de cumin, ou de courge patidou avec une pointe de muscade. de quoi réveiller les papilles et se régaler tout au long de l'année.
Plus question de bouder les légumes, surtout à l'époque actuelle où la consommation de viande devra être réduite drastiquement pour privilégier une alimentation végétale, bien plus saine pour la santé.
La formulation " Manger au moins cinq portions de fruits et légumes par jour " est remise au goût du jour. Redécouvrons le plaisir d'un potager, ou de choisir les meilleurs produits maraîchers sur les étals des marchés locaux, de manger autrement en conjuguant plaisir et équilibre. Prenons d'autant plus le temps de cuisiner les légumes de saison, de les apprécier, de les savourer.
Eric Birlouez, ingénieur agronome et sociologue de l'alimentation, nous démontre dans "
Petite et grande histoire des légumes " qu'avec leurs vertus thérapeutiques insoupçonnées, les légumes sont nos alliés au quotidien et pour la vie.