Et si le Christ avait été une femme ?

"Plus que la pilule, le droit à l'avortement ou l'accès au travail, c'est la machine à laver qui a contribué le plus à la libération de la femme."
Ca pourrait ressembler à une mauvaise blague, hélas c'est tout à fait sérieusement que l'Ossevatore Romano - le journal du Vatican - a publié cet article le 10 mars 2009.
Voilà la vision préhistorique qu'a l'église catholique de la gente féminine. Et croyez-moi rien n'a changé en treize ans.
Mais il y a bien pire.
"Le Vatican justifie l'excommunication de la mère d'une fille de neuf
ans qui, enceinte après un viol, a avorté."
Les faits se sont déroulés le au Brésil et ont été relayés le 09 mars
2009 par Ouest-France ou le Journal du dimanche. Voici l'article dans sa totalité, pour les plus curieux :
https://www.lejdd.fr/Societe/Violee-avortee-puis-excommuniee-76789-3076460.amp
"Les jumeaux conçus étaient des personnes innocentes et ayant le droit de vivre."
Belle argumentation.
Et la fillette qui a été violée par son beau-père, elle n'était pas innocente ?
Déjà que la pauvre gamine devra vivre avec un traumatisme à vie, et pourtant peu importait aux grands cardinaux qu'elle soit en danger de mort : Une double grossesse dans un corps d'enfant qui n'est absolument
pas encore conçu pour cela aurait pu être fatal.
Pour parachever l'innommable, toute l'équipe médicale ayant participé à cet avortement a subi le même sort et a également été excommuniée.
Mais comme Dieu est bon et miséricordieux, le beau-père lui n'a pas été puni par l'église.
"Le viol est moins grave que l'avortement."
Même si la loi des hommes n'a aucune valeur comparée à celle du tout-puissant, il a quand même fait quelques années de prison.
L'histoire ne dit pas combien de fois il s'est baissé pour ramasser la savonnette sous les douches. Souvent j'espère.

"Je vous dois la vérité : les institutions religieuses - quelles que soient la religion - sont à rejeter avec véhémence."
C'est ce que pense l'auteur, et ça retranscrit également mon rejet des
croyances.
Je vais passer sur les 330.000 mineurs victimes de pédophilie ces soixante-dix dernières années par 3.000 prêtres prédateurs sexuels. Ils ne représentent qu'une minorité. A peine un sur trente. Pas De quoi remettre en question une institution archaïque.
Je ne vais qu'effleurer la tolérance catholique pour l'homosexualité : dans la Grèce antique ils étaient plus ouverts d'esprit qu'une religion qui prône soit disant l'amour de l'autre.
Souvenons-nous que Jésus a dit : « Tu dois aimer ton prochain comme toi-même ».
Faites ce que je dis mais pas ce que je fais.
Revenons plutôt au sujet qui nous intéresse ici : Les femmes.

En plus d'être écoeurants, les deux articles mentionnés plus haut ont pour particularité d'avoir été écrits le lendemain et le surlendemain de la fête de la femme. Qui a généreusement doit tous les ans à sa journée
: le 08 mars. C'est même une journée internationale et reconnue par l'ONU parmi 87 autres ! Comme celle du jazz ( le 30 avril ), celle du thon ( le 02 mai ), celle des astéroïdes ( le 30 juin ). Enfin voilà. Quel progrès. C'est sûr qu'une journée par an ça va énormement aider à faire avancer les mentalités.
Mais pas celle de l'église catholique pour laquelle la femme n'a que deux fonctions : Servir l'homme et procréer.
Et on peut se demander de façon tout à fait légitimes si ces idées véhiculées depuis deux millénaires ne sont pas responsables des inégalités hommes / femmes qui subsistent.
"Le christianisme n'est-il pas la seule secte à avoir réussi ?"
S'il faut chercher plus loin les origines des disparités professionnelles et sociales, des différences salariales, du harcèlement moral et sexuel.
De ce constat déplorable a jailli pour Christian Blanchard une idée de
pamphlet reposant sur un seul petit détail, le sexe d'un enfant il y a 2000 ans.
Et si le Christ avait été une femme ?

Partant de ce postulat, l'écrivain breton s'en donne à coeur joie pour réécrire l'histoire. L'humour, parfois en dessous de la ceinture, n'est pas très fin, mais l'église catholique en prend pour son grade et qu'est-ce que ça fait du bien de blasphémer contre une religion qui n'a pas grand chose d'estimable.

C'est ainsi que naîtra Christie, fille de Marie et d'Hassan, son amant.
Dans une étable pleine de mouches parmi les moutons galeux.
"Merde, c'est une fille ! Ce n'est pas ce qu'avait prévu la Prophétie ! "
Nous assisterons à la venue de Christie au temple tandis que Joseph préparera des crêpes ( évènement qui sera à l'origine de la chandeleur ).
L'épisode du buisson ardent est revu et corrigé : Christie avait pris beaucoup de substances psychotropes ce jour là.
"Complètement explosée la nana."
"Y avait un buisson qui cramait, là, à côté de moi."
Lors des noces de Cana tout le monde était torché et personne n'a vu Christie échanger deux amphores d'eau contre des équivalents pleines de vin.
La distribution des pain est à prendre au sens propre : Avec le gang des Apôtresses Christie volait aux riches pour donner aux pauvres ou, le plus souvent, pour garder pour elle.
Jude finira par la trahir auprès de Paule Pilate, également surnommée la belle PP.
C'est rempli d'anachronismes évidemment volontaires.
"Ce fut un coup de boule à la Zidane qu'il reçut en échange."
"Tout le monde se tordit de rire en la voyant sortir une baguette de buis, style Harry Potter."

Dans une seconde partie, l'auteur étudie - si l'on peut dire - les répercussions passées et présentes de la religion christienne.
Bien évidemment tout en haut de l'échelle nous retrouvons la papesse qui donne ses instructions : Envoyer les hommes en croisade à Jérusalem reconquérir le tombeau de Christie ( même si elle n'est pas morte là-bas ) pour être un peu tranquilles et qu'ils aillent violer, piller et tuer ailleurs.
"Des conflits actuels actuels, des haines ethniques et religieuses toujours présentes puisent leur origine de cette époque."
Et ça hélas, ça n'a rien d'une bêtise. Je reste stupéfait quand les hommes s'entretuent pour des territoires, mais qu'on puisse s'écharper pour imposer ses croyances me laisse nager en plein surnaturel.
Il est question d'envoyer des missionnaires faire du lobbying pour accroître l'influence de Christie partout dans le monde, grâce à un chantage assez simple : La vie après la mort. Paradis, Enfer et Purgatoire.
"Il faut convertir les autres. La véritable Foi n'était pas de croire en la doctrine christienne mais d'y faire croire les autres."

Et bien entendu l'homme n'a qu'un rôle très secondaire à jouer dans cette société dominée par les femmes. Il est utile pour les travaux dans les champs et pour sa paire de testicules. A part ça il est totalement con et indigne d'intérêt.

Le roman s'achève de nos jours, avec le petit Mohamed qui ne se comporte pas très bien en classe et ne s'intéresse pas au catéchisme.
"Si tu es viré de l'école officielle, que vas-tu devenir ? Nous n'avons pas les moyens de te payer une scolarité dans une école laïque !"
Les femmes ont dans ce récit de toute évidence bien mieux réussi leur embrigadement que leurs homologues masculins.

Alors non, ça n'est pas de la grande littérature.
Surtout, si vous êtes une grenouille de bénitier et que certains de mes propos / des écrits de l'auteur, vous ont heurtée alors ne lisez jamais cette uchronie.
Libre à chacun de croire en ce qu'il pense mais sans se laisser envoûter pas des propros mysogines.
Je ne suis pas que haine pour l'église dont les bâtiments sont souvent magnifiques et qui jouent toujours une importance solennelle dans les mariages et plus encore dans les enterrements.
Mais ce culte dirigé par des hommes d'un autre temps au détriment des femmes qui sont nos égales fait incontestablement partie des aberrations qui provoquent ma colère.