La Réforme protestante, de Luther à Calvin : La réponse aux abus de la religion catholique

La Réforme protestante. /Jonathan Bloch
Un bref résumé de cet opus remarquable de précision s'impose.
La Réforme protestante commença en 1521 et se prolongea durant tout le XVIe siècle, en Allemagne avec Luther, moine augustin (1483-1546), dans le Benelux sous l'influence d'Érasme(1467-1536) chanoine augustin hollandais, prince des humanistes, en France avec Calvin (1509-1564), en Grande Bretagne avec l'anglicanisme sous l'influence de Thomas Moore chancelier d'Angleterre (1478-1535), en Scandinavie, en Suisse avec Zwingli, aumônier et prédicateur (1484-1531) face à la corruption de l'Église catholique. (Montaigne dans les Essais se lamente : « Notre religion est faite pour extirper les vices : elle les couvre, les nourrit, les incite. ») Elle renie l'autorité du Pape et propose une réforme du clergé et de la théologie du culte.
Les premiers théologiens à se poser des questions sur le besoin de rénovation de l'élan spirituel au sein du catholicisme furent John Wycliff (1320-1384) en Angleterre et Jean Hus (1369-1415) en Bohème. Par la suite le scandale survint quand plusieurs papes rivaux s'affrontèrent en s'excommuniant mutuellement (1439-1449). Enfin de nombreuses hérésies avaient vu le jour depuis longtemps comme celle des Vaudois (Pierre Valdès : 1140-1217) en Italie du Nord, - celle des lollards en Angleterre avec John Wycliff qui critique vivement le commerce des indulgences et la simonie conjointe ainsi que la richesse de l'Église, - et celle des hussites dont le chef Jean Hus mourra sur le bûcher pour hérésie. Mort qui entrainera une guerre de vingt années (1417-1437) entre l'Église et les hussites rejoints par les vaudois. La Bohème devient alors un foyer naturel pour la Réforme.
La Réforme viendra au secours de l'opportunisme des princes qui voient là en se convertissant un moyen d'échapper par leur particularisme à la tyrannie des souverains.
L'antagonisme avec l'Église catholique, qui lança un vaste programme de Contre - Réforme à partir du concile de Trente (1545-1563) conduisit aux guerres de religion. Plus tard Henri IV promulgua l'Édit De Nantes (1598) qui accordait la liberté de culte. Même chose un peu plus tôt en Allemagne avec la Paix d'Augsbourg (1555) et Charles Quint. C'était alors un premier pas vers la laïcisation de l'État.
Il faut savoir que l'invention de l'imprimerie dans la seconde moitié du XVe siècle a joué un très grand rôle dans la diffusion de la Réforme protestante avec un rayonnement international. Entre 1517 et 1520, 3 000 000 d'exemplaires de écrits de Luther furent vendus. Il fut l'auteur le plus lu de son temps. Il sut légitimer sa rébellion avec l'aide de puissants alliés politiques. de plus il travailla à une nouvelle traduction en allemand du Nouveau Testament à partir du grec et de l'Ancien Testament à partir de l'hébreu. Il établit aussi les principes fondamentaux de la Réforme, avec notamment la non autorité du pape et la non vénération des saints.
La querelle philosophique et théologique qui oppose Erasme et Luther est aussi évoquée en détail dans cet ouvrage.
En Allemagne, la Confession d'Augsbourg de 1530 traite des questions de doctrine et des pratiques culturelles. Ce texte vise à une réconciliation entre protestants et catholiques. En 1555, ce texte devient la profession de foi officielle de l'Église luthérienne.
En France, François Ier condamne le luthéranisme en 1540 et ordonne l'arrestation de tous ses disciples. Calvin s'exile en Suisse.
En Angleterre, Henry VIII se déclare en 1535 seul maître de l'Église d'Angleterre et fait de l'anglicanisme la religion officielle. La réforme est purement politique et n'apporte aucun changement théologique : la liturgie et le culte catholique sont intégralement conservés. Toutefois sous le règne d'Édouard VI (1537-1553) sont adoptés des pratiques protestantes concernant la communion, la dissolution des chapelles et le mariage des prêtres. C'est la Confession de Westminster en 1563 sous le règne d'Élizabeth 1ere (1533-1603) qui fonde véritablement l'Église anglicane.
La Suisse fut avec l'Allemagne le premier pays à reconnaître la Réforme. Calvin fit alors de Genève la nouvelle Jérusalem.
Les conséquences de tous ces changements furent d'abord la guerre de Trente ans qui opposa les princes catholiques aux princes protestants, dans l'Empire de Charles Quint, de 1618 à 1648, avec en conclusion le traité de Westphalie qui met un terme à cette guerre.
En France le 24 août 1572, le jour de la Saint Barthélemy, Henri de Navarre, converti au protestantisme, futur Henri IV, se marie avec la petite fille de François Ier, Marguerite de Valois. Tous les gentilshommes huguenots présents à la cérémonie sont assassinés, ainsi que l'amiral de Coligny. La violence alors se propage dans tout le royaume.
Henri de Navarre succède à François Ier en 1589 ; il se convertit au catholicisme et devient Henri IV. Aussitôt il promulgue l'Édit De Nantes qui reconnaît la liberté de culte des protestants. Mais en 1685, Louis XIV, son petit fils, révoque cet édit. Les Protestants quittent en masse le royaume. Il faudra attendre le siècle des Lumières au XVIIIe pour que l'idéal de tolérance règne sur le pays.
Un livre à lire, clair et concis. Une importante bibliographie permettra aux amateurs qui veulent en savoir plus, de trouver matière à leurs investigations.