Alors que les élections municipales approchent et que les programmes des candidats, toujours audacieux et novateurs (!!!) , emplissent les boîtes à lettres et que les visages( radieux) de ceux qui aspirent à diriger les communes s'affichent partout, la lecture de ce bref roman est tout à fait recommandée. Roman ? Ne s'agirait-il pas plutôt d'un essai biographique ? La question se pose tant l'analyse des tribulations du héros est pertinente et crédible en plus d'être terriblement drôle.
Antoine Duplanquier jeune fonctionnaire issu de l'administration territoriale se retrouve nommé sous-préfet en Corrèze et doit mettre de côté ses idéaux et son sens de l'état quand il est confronté aux réalités locales
"avaler des couleuvres, courber l'échine ,cela ne fait-il pas partie du métier...souplesse et loyauté ne sont-elles pas les deux mamelles de la Préfectorale ?"Avec cette première citation, le ton est donné.
Et malheureusement pour le jeune idéaliste, sa hiérarchie ne se montre guère à la hauteur de la noble tâche d' "
incarner l'état". .En effet que lui dit le Préfet nouvellement nommé à l'issue d'un cocktail (bien arrosé) de bienvenue :"Caressez les élus et les bouseux dans le sens du poil et vous les conduirez comme un seul homme droit à l 'abattoir;"
Il est vrai que les projets examinés à grand renfort de concertation , comme faire pousser des tomates bio à 800 mètres d'altitude dans les plateaux glacés de Haute Corrèze, ne plaident pas vraiment pour le bon sens des habitants...Il faut cependant contre vents et marées, tenir bon et ne mécontenter personne ("quand la FNSEA tousse, l'Etat obtempère "). L'auteur s'en donne à coeur joie dans sa charge héroîque contre les incohérences administratives, la langue de bois à l'oeuvre dans les discours officiels, le temps perdu en commissions qui ne servent qu'à produire des rapports parfaitement inutiles que personne ne lit...Chacun en prend pour son grade syndicalistes, élus locaux, personnel territorial....
"A quoi sert donc un sous préfet d'arrondissement ?" se demande t'il avant de conclure " je peux désormais tranquillement vous répondre : à rien"
Si ce livre est extrêmement drôle et criant de vérité ,il n'en demeure pas moins qu'il met en évidence des vérités pas toujours bonnes à entendre pour le contribuable qui se désole de voir ses impôts servant à financer ce qu'il convient de qualifier de "gabegie administrative".. le poids des institutions ne contribuerait-il pas à plomber l'avenir économique de notre pays ? Et ce d'autant plus que ceux qui sont investis du pouvoir de gestion des affaires étatiques ne sont pas toujours à l'abri de tout reproche ....
Un problème posé avec un bel humour qui ouvre le champ à la réflexion.