AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9791030704556
160 pages
Au Diable Vauvert (04/11/2021)
4/5   4 notes
Résumé :
Perle Vallens, Lauréate 2021
Luna Baruta, Selma Bodwinger, Tinam Bordage, Nicolas Brulebois, Sophie Cattanéo, I Garcia Gomez, Marguerin le Louvier, Ludivine de la Plume, Jean Pouëssel, Anaël Verdier

Créé par les Avocats du Diable, le Prix de la Nouvelle Érotique propose un nouveau défi littéraire : écrire durant la nuit la plus longue une nouvelle inédite en respectant la double contrainte d’un contexte et d’un mot final.
Les nouvelles d... >Voir plus
Que lire après Toucher à la hacheVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Éloignez, je vous prie, les enfants de votre écran d'ordinateur durant quelques minutes, je vais vous parler d'érotisme... Comme il m'arrive de raconter parfois des histoires du mercredi pour des élèves d'une certaine classe de CE2, je ne voudrais pas que ma réputation prenne un méchant coup dans les choses de la vie...
Créé par les Avocats du Diable, le Prix de la Nouvelle Érotique propose un nouveau défi littéraire : écrire en un temps restreint, durant la nuit la plus longue c'est-à-dire aussi la veille de la Journée mondiale de l'orgasme, une nouvelle inédite en respectant la double contrainte d'un contexte et d'un mot final. Ma candeur sur le sujet allait jusqu'à ignorer l'existence d'une telle date. Cette performance littéraire s'accompagne d'une double contrainte (contexte de situation et d'un mot final, afin d'obliger chaque participant à développer un imaginaire de circonstance). Cette sixième édition s'est déroulée dans la nuit du 19 au 20 décembre 2020. La double contrainte, tirée au sort, était cette fois-ci « soigner le mal par le mâle » et le mot final « enfer ». 165 nouvelles ont été reçues au petit matin. Après un an de lecture passionnée menée par le jury officiel assisté d'un comité de lecteurs avisés, le Prix de la Nouvelle Érotique 2021 a été attribué à une lauréate le vendredi 18 juin 2021 : Perle Vallens pour sa nouvelle Toucher à la hache. Voilà pour les présentations !
Je vous avoue n'avoir jamais été friand de littérature érotique. Faire de ce genre une spécialité relève selon moi davantage de l'exercice de style que de la littérature. Et souvent l'écriture manque de beauté et de nuance... du reste, de magnifiques oeuvres littéraires ont parfois convoqué avec délice de doux et excitants passages érotiques. À ce titre, je ne résiste pas à vous évoquer un de mes personnage féminin préférée, Emma Bovary. Dans Madame Bovary, Gustave Flaubert use de ses talents d'écrivain pour contourner avec audace la censure de l'époque et nous planter une succulente scène érotique qui ne dit pas son nom. En effet, rappelez-vous. La relation amoureuse et clandestine d'Emma Bovary avec un certain Léon Dupuis, permet d'offrir, selon moi une scène à la fois cocasse, coquine et finalement d'une portée profondément érotique par la mise en situation : c'est celle du fiacre qui n'en finit pas de sillonner les rues de Rouen avec le couple adultère à son bord. Nous pouvons imaginer aisément ce qui se passe et pourtant aucun mot direct n'y fait allusion à proprement parler. Ici le procédé du style permet au contenant de révéler le contenu. Cette scène m'a fait penser à la scène finale d'un film d'Hitchcock, la Mort aux Trousses, qui pour contourner la censure du maccartisme, suggère la scène érotique qui s'apprête à se dérouler dans un compartiment du train entre les deux héros du film, par la vision des pistons de la motrice lancée à vive allure et de la locomotive pénétrant alors dans un tunnel. Je vous laisse imaginer la métaphore…
Marcel Proust, aussi, nous régale dans Sodome et Gomorrhe par de belles métaphores érotiques, comme celle mêlant le bourdon à l'orchidée dans cette truculente rencontre entre le baron de Charlus et Jupien...
Mais je diverge... Et vous m'attendez avec frénésie et impatience sur le sujet...
Cependant, c'est bien sur le défi d'un exercice de style que repose ce recueil de nouvelles, Toucher à la hache. C'est la critique de mon amie Nico (@NicolaK), - que je remercie au passage, qui m'a invité à sortir de ma zone de confort pour pénétrer en terre inconnue et découvrir ainsi ces textes coquins, audacieux, cocasses, parfois dérangeants aussi, qui portent un regard singulier et sans entrave sur le monde et sa sexualité...
C'est un recueil à effeuiller du bout des doigts, à lire d'une main attentive et émoustillée, tandis que l'autre main distraite tente de deviser sur l'avenir de l'humanité.
Ces dix nouvelles sont de factures et de styles différents. Souvent les auteurs n'y vont pas par quatre chemins et appellent un chat un chat. Oui, j'ai bien dit un chat... Je vous vois déjà venir avec vos yeux de minous, je n'aurais pas dû vous mettre l'eau à la bouche en vous parlant de métaphores... Cela dit, c'est sans doute ce que je reproche à la littérature érotique, sa trop grande crudité peut-être, bien que je ne sois pas né de la dernière pluie...
Étant un incorrigible romantique, j'aime aussi découvrir en littérature le goût des préliminaires... J'aime me laisser prendre par les mots, ceux qui effleurent, qui caressent, qui s'immiscent, qui précèdent le geste, ceux qui s'arriment au bord du vide.
J'aime ces instants fragiles comme lorsqu'on déballe soigneusement un cadeau de Noël pour faire durer le plaisir de la découverte, ou bien lorsqu'on sort une tablette de chocolat de son emballage d'aluminium et qu'on savoure déjà la gourmandise à venir.
Je me suis laissé emporter par certaines nouvelles, plus que par d'autres. J'ai découvert la pépite au tournant des pages, le bonbon, la friandise, la péninsule, le joyau, la chosette, le bijou, le tison, le casse-noisettes, la mignardise, le matou, la cerise... Et j'ai trouvé des qualités incontestables d'écriture.
La première nouvelle au titre éponyme, écrite par Perle Vallens et qui a remporté le prix, m'a touché par la grâce de sa douleur. Il y a une infinie solitude dans ce texte, évoquant « l'invisible attrait des corps et des âmes ».
Ou bien encore Rêves de marbre d'Isabel Garcia Gomez, qui évoque avec émotion et cocasserie la rencontre au musée du Louvre et le désir d'un homme pour une statue, un corps de marbre, immobile, d'un autre temps, celui de l'Hermaphrodite endormi... C'est un texte qui ne m'a pas laissé de marbre.
Ou bien enfin, Un homme attaché de Selma Bodwinger, pour les amateurs de musique classique comme moi, que les doigts de fée d'une harpiste ne laisseront pas indifférents.
Même si d'autres me sont tombés des mains, il y a dans certaines de ces nouvelles l'émotion des premières fois, la saveur d'un fruit défendu, des paupières ourlées de songe qui attendent le désir, tandis que le vertige plus tard nous fait entrer dans sa lumière oblique, comme une saison en enfer... Si la littérature érotique ressemblait à cela, je viendrais lui rendre visite plus souvent.
Commenter  J’apprécie          46137
Ludique, interrogeant et parfois dérangeant.

Sixième édition du concept. Écrire en une nuit sur un concept. Ici « soigner le mal par le mâle » et finir par un mot : « Enfer ».
10 nouvelles qui ratissent large, évitent la lassitude, mais qui, comme pour beaucoup de nouvelles, ne vont pas au fond des choses, ce qui est un comble pour de la littérature érotique.
Alors que c'est écrit à la va vite, on sent l'auteur derrière chaque nouvelle, c'est bien écrit. En tout cas, mieux que certains récits anglophones crées à la chaîne et à l'IA (?) et traduit de la même façon.

Un littérature érotique de qualité à découvrir donc.
Commenter  J’apprécie          502
Voilà, j'ai donc lu ces quelques nouvelles, au sujet desquelles il est écrit ceci dans la 4e :
Créé par les Avocats du Diable, le Prix de la Nouvelle Érotique propose un nouveau défi littéraire : écrire durant la nuit la plus longue une nouvelle inédite en respectant la double contrainte d'un contexte et d'un mot final.
Les nouvelles de cette sixième édition déclinent la contrainte « soigner le mal par le mâle » et la chute « enfer ». Les meilleurs auteurs de littérature érotique, débutants comme confirmés, se sont pris à ce jeu qui replace l'érotisme au coeur de la littérature d'aujourd'hui, et vous proposent des textes coquins, queer, transgenre, avec pour points communs le refus des tabous, une voix bien à eux et un regard singulier sur le monde et la sexualité.

Vous allez me dire que vous pouvez aussi bien la lire sans mon aide, tout comme j'aurais pu le faire avant d'ouvrir ce recueil... sauf que comme très souvent, je ne l'ai pas fait et j'en ai besoin pour écrire ce retour, parce que je ne sais pas quoi dire et qu'ainsi vous saurez à quoi vous attendre.
Quant à moi personnellement, pour commencer, je n'avais jamais lu de littérature érotique, donc je ne pouvais même pas vraiment imaginer ce que j'allais lire et j'ai été un peu étonnée de voir qu'il y avait autant de sexe très détaillé, parce que je pensais l'érotisme "soft", et ce n'est pas le cas.
Je me suis donc retrouvée tellement loin de ma zone de confort et de ma vitesse de croisière que j'en ai perdu la plage de vue... mais bon, j'ai lu.
Alors je vais essayer de vous donner mon ressenti sur cette lecture. Ce n'est pas du tout un genre qui me plaît et je n'en lirai probablement pas d'autre. Mais ça c'est moi, ce n'est pas la faute des auteurs.
Et justement, parlons-en des auteurs. de très bons auteurs, toutes les nouvelles sont parfaitement écrites, je n'ai absolument rien à redire sur le style, fluide, efficace. Je n'ai rien à redire sur le fond non plus ; chaque nouvelle raconte une histoire aboutie, qui se tient, avec une chute. Tous les récits sont maîtrisés de bout en bout, alors chapeau bas pour ça.
Je mets donc une très bonne note à ce livre, parce qu'il le mérite et que tout amateur du genre devrait apprécier ces écrits. Un sans faute à mes yeux.
Commenter  J’apprécie          2825

Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
La suite, on le devine, n’a été que phéromones et fluides, faim et moiteurs, explorations des sens qui ne seraient rien sans transcendance, ni sentiments. Il y a eu l’amour (ou la passion amoureuse mais à première vue les deux se ressemblent tant). L’amour irrésistible, l’amour infaillible. L’invisible attrait des corps et des âmes. Ce qui va chercher loin la corde qui mène du plexus au cœur, du sexe au cerveau dans des travées sans cesse renouvelées. Rites anciens. Rythmes retrouvés. Les acrobaties du cœur, fil de fer tendu entre les corps, sans filet. Le risque zéro n’existe pas, n’est-ce pas ? Et vivre c’est risquer, dit le philosophe. À vivre à mille mètres au-dessus du sol, c’est forcément risquer la chute mais c’est surtout voir les cimes, vivre au-dessus de la mêlée.
La suite, on le devine, n’a été que mots crus et silences pleins. Pleins d’amour en tension du ciel, instants suspendus dans leurs émois démiurgiques. Car il y a eu ça aussi (elle en était sûre du moins), quelque chose de plus, qui touche au divin. Il n’aurait pu en être autrement, sinon elle n’aurait été qu’une traînée.
Commenter  J’apprécie          224
Parfois, je me demandais si elle avait bougé : je découvrais un détail nouveau, un pli de la peau, une ombre que je n’avais pas remarqué, et qui provoquaient un frémissement encore inconnu dans mon corps. Mais non, c’était la lumière qui changeait, ou mon regard qui cherchait encore, aux aguets de voluptés nouvelles.
Jamais elle ne m’avait regardé, et moi je connaissais par cœur tout ce que je pouvais connaître d’elle. Un jour je contournerais le matelas sur lequel elle reposait, et je découvrirais ce qui m’était encore caché. Je connaîtrais son ventre, je connaîtrais ses genoux, je connaîtrais ses seins, je connaîtrais l’arrière de sa nuque chatouillée par ses mèches torsadées. Ne vous méprenez pas : jamais je n’ai cherché à connaître une femme par la force. J’attendais seulement de n’avoir plus rien à découvrir de ce côté d’elle. Les temps seraient certainement longs dans ces salles, j’avais le temps. Un jour plus rien d’elle ne me serait inconnu.
Et puis j’ai commencé à rêver d’elle.
Commenter  J’apprécie          112
La blonde au comptoir a la langue bien pendue, au propre comme au figuré. Elle sait, dit-elle. Elle bave sans qu’on lui demande rien. Une source non tarie sort de sa bouche. Mais ce n’est peut-être que rumeurs, racontars promis aux oreilles d’un soir, par le désœuvrement plus grand qu’elle du goût de la chair.
Quand on est prisonnier d’une bouche qui ne fait que parler…
— Elle est là à chacune des soirées. Sinon, elle est toutes les semaines en boîte libertine. C’est une acharnée du cul. Il lui en faut toujours plus.
Le moulin à paroles repart de plus belle. Un grand amour dit-on. Une passion. Une déception. Une tentative de suicide. Puis la baise comme automédication au mal d’amour.
— On soigne le mal par le mâle. Paraît que ça marche, j’ai jamais essayé. Jamais eu besoin.
Et de poursuivre, inlassable, jusqu’à ce qu’on sache tout, hormis le prénom de la brune.
Commenter  J’apprécie          126
Rien. Elle ne ressent plus rien. Elle ne cherche que l’oubli désormais, étrangère aux autres, incomprise et s’en fichant de l’être.
La blessure, si vive, qu’elle a pensé soigner dans d’autres bras, est-ce un leurre ? Un mâle pour un bien ? Vrai baume ou placebo ? Notre besoin de consolation est impossible à rassasier. Seule la chair pourrait peut-être se rassasier.
Elle a touché à sa propre hache, celle du sexe ne tue pas. Dans ces excès choisis, elle s’absente, elle se disperse, s’efface un temps. C’est sa façon d’ignorer la douleur.
Elle s’est mise à fréquenter des soirées libertines, sombrant dans d’autres corps, se laissant sombrer, naufragée volontaire. Nymphomaniaque. Une maladie paraît-il. Elle s’inscrit en faux. Sa maladie c’est le manque, c’est l’amour de sa vie, c’est ce qu’elle a perdu. Le sexe, c’est une guérison possible. Elle a juste dérapé sur la posologie.
Commenter  J’apprécie          100
Très vite mes journées se sont laissé rythmer par ces quelques secondes, ces deux fois quelques secondes par jour où mon corps croisait son corps. Elle avait le visage tourné vers moi mais elle ne me regardait pas.
Elle était dans ses rêves. Insaisissable. J’avais peur de la réveiller par mon regard : il aurait dévoré son corps tout entier d’un grand coup de paupières s’il avait pu. Je n’osais pas m’arrêter, à peine je ralentissais le pas, à peine ma tête, non un œil, juste un œil, obliquait vers elle, et cela suffisait à me donner le vertige
Commenter  J’apprécie          162

autres livres classés : nouvellesVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (10) Voir plus



Quiz Voir plus

L'érotisme en littérature

Lequel de ces romans de Diderot, publié anonymement, est un roman libertin ?

Le Neveu de Rameau
Les Bijoux indiscrets
Le Rêve de D'Alembert
La Religieuse

6 questions
354 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature libertine , érotisme , érotiqueCréer un quiz sur ce livre

{* *}