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Alexandre Skirda (Autre)
EAN : 9782846210416
288 pages
Les Editions de Paris (30/10/2003)
4/5   2 notes
Résumé :
Dans ce livre, publié initialement en 1981 et aujourd'hui introuvable, Marcel Body restitue à la fois l'atmosphère des coulisses du Kremlin et de la tragédie révolutionnaire. Témoin privilégié et acteur discret, il n'est en rien le mémorialiste froid et distant d'une époque révolue. Son récit précis, sans se contenter de dresser une fresque haute en couleur, analyse minutieusement ce qui faisait déjà l'essence du système soviétique. Certains épisodes, dont celui de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Après avoir lu « La Mémoire Des Vaincus » de Michel RAGON – que je recommande chaudement – j'étais curieux d'en apprendre plus sur la vie de Marcel BODY, qui a en partie inspiré le personnage de Fred BARTHELEMY, protagoniste de l'ouvrage de Ragon.

Marcel BODY est né en 1894, à Limoges, d'un père ouvrier « céramiste-tourneur » et d'une mère couturière. Très tôt il témoigne d'un certain intérêt pour les lettres, alors plutôt que de suivre les traces de son père dont il connait bien l'atelier, il se dirige vers la typographie. Son accès à la littérature et son penchant socialiste lié à la tradition familiale l'amène à se politiser très jeune.

C'est Tolstoï qui, sans le savoir, avait orienté la voie qu'allait emprunter Marcel BODY. Lors de la lecture de « Résurrection », le jeune Marcel est émerveillé mais ne parvient à se satisfaire de la traduction française : il se met alors en tête d'apprendre le russe. le destin au garde-à-vous lui fournit l'occasion rêvée de rencontrer un émailleur russe qui l'aidera dans son ambition.
Lorsque la Grande Guerre éclate, il a la vingtaine, et déjà un bon bagage littéraire derrière lui. C'est en 1916 qu'il est appelé et que ses connaissances en russe sont remarquées : il décide de s'engager pour partir en Russie avec la Mission Française pour suivre les évènements sur place.
Il débarque à Mourmansk début 1917 et rompt avec la Mission un peu plus d'un an après, avec d'autres, dont Jacques SADOUL, se désolidarisant de l'interventionnisme française sur le territoire et il intègre le groupe Communiste Français de Moscou. C'est ainsi que débute son implication dans la Révolution Russe qu'il vivra aux premières loges.

En tant que lettré, parlant le russe, ses compétences sont rapidement mises à profit dans la transcription et traduction des discours et de la propagande (entendue dans son sens large et pas uniquement péjoratif) du Parti Communiste russe. Marcel BODY restera tout au long de sa présence en Russie, notamment les premières années, toujours dans les petits papiers des hommes d'influence du Parti ; non pas qu'il cherchait un quelconque prestige ou pouvoir, il était juste à sa place, cherchant à faire le mieux sans jamais se départir de son sens critique, surtout lorsque les évènements commencent à prendre une tournure qu'il désapprouve entièrement…
Durant ses années en Russie, Marcel aura vu bien du pays et aura pu constater par lui-même tous les aspects de la Révolution, des plus glorieux aux plus atroces.

En fin observateur et en lecteur averti, Marcel BODY nous relate en détail ses années de Russie. Un peu moins de 300 pages qui s'égrainent rapidement et offre à voir toute la complexité de la Révolution de 1917 de l'intérieur. La « Réaction » et la guerre contre-révolutionnaire, les dissensions politico-stratégiques et les jeux de pouvoir interne, les campagnes militaires dans les territoires reculées de Russie, la reprise du commerce avec la Norvège, la mort de Lénine et l'émergence de Staline, les purges… le panorama est large et il parait incroyable qu'un seul homme ait pu vivre autant d'évènements d'aussi près et s'en être sorti indemne.

Fatalement Marcel BODY, ayant quelques accointances libertaires, a dû se rendre à l'évidence : il y avait un monde entre l'idéal révolutionnaire qui l'avait conquit et la Russie qu'il avait sous les yeux. La fièvre du pouvoir n'épargne personne, même ceux ayant les ambitions les plus nobles. Malgré sa proximité avec les dirigeants du Parti, il a toujours fait au mieux pour rester fidèle à ses convictions propres. Il aura notamment aidé à faire passer des documents du Parti vers le PCF (le Parti Communiste Français), notamment le fameux « Testament de Lénine ».
Il finira par « fuir » la Russie avant qu'on ne s'attarde trop sur son cas, mais surtout désireux de témoigner auprès du PCF des ravages de la Révolution et de l'esprit dictatoriale et despotique qui règne à Moscou. Il se fera d'ailleurs exclure du PCF peu de temps après, la frange dirigeante alors incapable d'ouvrir les yeux.

Ce que je dépeins ici est excessivement superficiel. Il est difficile de se faire un avis sur Marcel BODY (on pourrait critiquer une certaine naïveté, et encore...) sans prendre en compte toute la complexité de la situation historique et politique, baignée dans une atmosphère de tensions internationales.
Je ne souhaite pas non plus que ce cours résumé puisse servir une fois de plus à clouer au pilori « le Communisme » comme il est pourtant coutume de le faire chaque fois qu'il est question de Russie, qui serait « la preuve que ça marche pas ! ».
Non. Je l'ai volontairement répété plusieurs fois : les choses sont plus complexes, et d'ailleurs, la Russie post-1917 n'a jamais été « communiste » au sens originel du terme. Une analyse objective sur le plan politique et économique témoigne plutôt d'un « Capitalisme d'État », ce qui n'a rien à voir.

L'ouvrage se lit vraiment bien, la vie russe de Marcel BODY tient presque du roman et même quelqu'un qui n'est pas forcément intéressé par la thématique peut trouver plaisir à la lire. Si jamais vous y étiez amené, je me demande toutefois si je ne recommanderai pas de lire « La Mémoire Des Vaincus » en premier lieu : malgré son protagoniste fictif – toutefois abondamment inspiré de personnes réelles, dont Marcel BODY – la fresque historique dépeinte y est plus vaste et offre à voir le XXème siècle sous un prisme bien différent de ce qu'on voit dans les programmes d'Histoire.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Elle lui rappela ses origines libertaires et lui reprocha son attitude passive, face à la révolte de ses frères, car pour Emma Goldman et Alexandre Berkmann, l'insurection de Kronstadt était surtout d'inspiration libertaire.
Emma Goldman fit honte à Victor Serge de son attitude qui l'amenait à se cramponner à un régime qui, non seulement, arrêtait et fusillait les libertaires, mais écrasait ses propres soutiens aujourd'hui révoltés contre la faim et le dénuement.
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Il ne restait plus à Lénine qu'à déclencher l'assaut contre les insurgés de Kronstadt et à noyer, dans le sang de ceux qui avaient largement contribué à le porter au pouvoir, des revendications qu'il allait, en partie, reprendre à son compte pour justifier la nouvelle politique économique ( la N.E.P.) qu'il fit adopter aussitôt par le Congrès du Parti.
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