???? La Petite Librairie, c'est tous les quinze jours ! Vos libraires Gérard Collard et Thomas Raymond vous présentent leurs dernières pépites littéraires. Ils sont accompagnés de chroniqueurs : Jacqueline Pétroz, Didier Debroux, Mélanie Cheymol ou encore Jean-Edgar Casel ! Un programme qui vous réservera des surprises et des rencontres exclusives ! A NE PAS MANQUER !!!!!!! ????
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? le c?ur de l'Angleterre de Jonathan Coe et Josée Kamoun aux éditions Gallimard
https://www.lagriffenoire.com/1008930-romans--le-coeur-de-l-angleterre.html
? Doggybags, Tome 14 : de Collectif, Neyef aux éditions Ankama
https://www.lagriffenoire.com/1013955-achat-bd-doggybags-t14-shadow-of-death.html
? Je m'appelle Lucy Barton de Elizabeth Strout aux éditions Livre de Poche
https://www.lagriffenoire.com/1012841-divers-litterature-je-m-appelle-lucy-barton.html
? La Fabrique des salauds de Chris Kraus et Rose Labourie aux éditions Belfond
https://www.lagriffenoire.com/1011860-romans-historiques-la-fabrique-des-salauds.html
? Belgiques de Jean Jauniaux aux éditions Ker
https://www.lagriffenoire.com/?fond=produit&id_produit=1019922&id_rubrique=1
? L'éternité, brève de Etienne Verhasselt aux éditions le Tripode
https://www.lagriffenoire.com/1013811-romans--l-eternite--breve.html
? Paris - Bars & restos planqués de Antoine Besse aux éditions Parigramme
https://www.lagriffenoire.com/58204-cuisine-paris---bars---restos-planques.html
? Paris Restos du Monde de Vanessa Besnard aux éditions Parigramme
https://www.lagriffenoire.com/141954-livres-de-cuisine-paris-restos-du-monde.html
? A chacun son resto - 120 adresses pour inviter sans se tromper de Vanessa Besnard aux éditions Parigramme
? Paris zen & relax de Sophie Herber aux éditions Parigramme
https://www.lagriffenoire.com/1015157-livres----vie-pratique--paris-zen---relax.html
? le thé à Paris de Caroline Da-chavigny aux éditions Parigramme
https://www.lagriffenoire.com/1015158-livres-de-cuisine-le-the-a-paris.html
? La Police des fleurs des arbres et des forêts de Romain Puertolas aux éditions Albin Michel
https://www.lagriffenoire.com/1017324-nouveautes-polar-la-police-des-fleurs--des-arbres-et-des-forets.html
? L'Aviatrice de Paula McLain aux éditions Livre de Poche
https://www.lagriffenoire.com/76336-divers-litterature-l-aviatrice.html
? La Troisième Hemingway de Paula McLain et Florence Hertz aux éditions Presses de la Cité
https://www.lagriffenoire.com/138906-divers-litterature-la-troisieme-hemingway.html
? L'ultime mystère de Paris de Bernard Prou aux éditions Anne Carrière
https://www.lagriffenoire.com/1019357-nouveautes-polar-l-ultime-mystere-de-paris.html
? La Chorale des dames de Chil
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« Le 17 février 1918, lors de la contre-attaque menée par l’armée soviétique contre les forces allemandes, un des écrous de type B14P, qui fixaient l’axe de transmission du char commandé par le lieutenant Baykov, céda.
« Cette rupture déséquilibra le serrage des autres écrous qui se dévissèrent. Sous l’effet des vibrations ainsi engendrées, l’axe de transmission quitta son logement et se bloqua dans la chenille gauche, entraînant son déchenillage. Devenu incontrôlable, l’engin percuta une demi-douzaine de véhicules blindés dans nos propres rangs. Les tanks ennemis s’engouffrèrent dans la brèche ouverte sur notre aile droite.
« La bataille fut perdue au prix de pertes incalculables en hommes et en matériels et le camarade Lénine dut signer la paix désastreuse de Brest-Litovsk.
« Cet écrou défaillant nous coûta l’Ukraine, la Pologne, la Finlande et les pays Baltes.
« Il est avéré que l’écrou de type B14P à l’origine du désastre avait été fabriqué avec de l’acier provenant de la coulée C415-1917 effectuée dans la fonderie de Kharkov dont vous étiez le directeur.
« Vous êtes accusé de sabotage en temps de guerre en ayant sciemment dégradé la qualité de l’acier par un surdosage de carbone lors de la coulée. »

— T’éternues : dix ans ! Tu pètes de travers : dix ans ! Double tarif si on détecte l’odeur !
« Ici tu peux péter tout ton saoûl, tu ne risques plus rien. D’ailleurs, personne ne se gêne pour péter. La nuit, c’est comme au pensionnat, ça pète dans tous les coins. Les pets fusent comme des cris de liberté aux multiples accents. Ah, qu’il est beau le pet du zek !
« Pète, je te dirai d’où tu viens !
« L’accent traînant du pet géorgien est reconnaissable entre tous ; le Caucasien a le pet guttural, le Sibérien pète, en sifflant, comme une marmotte ; on ne peut pas se tromper sur la perlouze raffinée du Pétersbourgeois et le Moscovite, toujours plus fort que les autres ! Le Tchétchène est identifiable à ses flatulences fuyantes et le Tsigane te tire des larmes.
À ce moment, un des malades alités ne put se retenir ou voulut mettre Chakhmatov à l’épreuve en laissant échapper bruyamment un gaz.
— Et celui-là, d’où il vient ? s’exclama-t-il.
— Toi, l’Ukrainien ! Tu croyais passer incognito ?
Et tous se mirent à rire comme des potaches dans le dortoir.
Encouragé par son succès, Ivan Ivanovitch continua : « Tel pet, tel maître ! »
— Pète, je te dirai qui tu es !
— Le pet révèle ton caractère : le timide pète avec retenue, le m’as-tu-vu pète interminablement, le bureaucrate pète menu-menu. Contre toute attente, les grandes gueules dégazent petitement, le faux-cul se trahit par son pet foireux et le pourri emboucane !
— Quand on sortira, faudra se visser un bouchon dans l’trou du cul !
— Ah oui, les bottes ! Avant la guerre on les importait d’Allemagne, nos bottes. Dans les tranchées on attendait qu’ils nous les livrent, nos bottes !
— Z’aviez qu’à les chercher vous-mêmes, vos bottes !
— C’est bien c’qu’on a fait ! On détroussait les cadavres ! Mais encore fallait-il trouver chaussures à son pied !
— Avant de l’flinguer, le mec, t’avais qu’à lui demander sa pointure !
J’ai atteint l’âge où la mort taille des coupes claires dans les rangs de mes amis. Tant qu’on suit les enterrements, on repasse toujours le portail du cimetière, mais plus les enterrements défilent, plus on se rapproche de la tête du cortège, avant qu’à son tour on finisse entre les six planches du cercueil.
Un gaillard, ce Maupassant ! Jouisseur, paillard et ripailleur, à la carrure d’athlète et aux coups de gueule redoutés. Admiré par une foule de lecteurs enthousiastes et vilipendé par une méchante meute de critiques qui aboyaient dès qu’il publiait un recueil de nouvelles.
Au début du mois d’avril, elle rendit visite à Maupassant. Il l’accueillit avec empressement, elle le serra sur son cœur.
— Où en est ton Angélus ? demanda sa compagne.
— Il sonne le glas de l’écrivain. J’entends déjà tinter la cloche des ténèbres.
Les journaux ignorèrent quelques jours la tentative de suicide de l’écrivain, mais on ne pourrait longtemps cacher la vérité. Liouba prit l’initiative de regagner Paris avec Guy et obtint son admission dans la maison de santé du docteur Blanche, à Passy, dans l’ancien hôtel de Lamballe.
L’événement fut à la hauteur de la renommée de l’auteur du Horla. À Paris, les salons caquetaient :
« Fou ! Ce pauvre Maupassant est fou ! »
Le bourgeois exultait :
« Enfermé ! Maupassant enfin enfermé ! »
La rue se lamentait : « Maupassant agonise ! »
Staline était le maître absolu. Ses soupirs étaient des ordres exécutés dans l’heure. Une fois désigné, celui qui avait cessé de plaire était un coupable déjà condamné.
Nul besoin de prétexte pour être arrêté, emprisonné ou exécuté. À l’origine : une histoire à trois kopecks ! Les tchékistes étaient chargés d’écrire une intrigue si bien ficelée, que les prétendus traîtres avouaient des crimes inventés, persuadés de les avoir commis.
Le 21 septembre 1892, Liouba accoucha d’un garçon prénommé Alexis. Conçu durant une aurore boréale, il naissait le jour de l’équinoxe d’automne. Ces signes célestes annonçaient sans aucun doute un destin exceptionnel.
« Dis-moi, pourquoi j’ai pris cinq ans ? J’ai rien fait. / T’as pas encore compris ! Les innocents n’existent pas. Et d’abord, t’es un menteur : quand t’as rien fait, c’est dix ans ! » (p. 104)