Le lotus (padma) est au regard du Tantra le vivant symbole de cet état d’esprit : n’est-il pas cette fleur resplendissante, ce chef-d’œuvre d’équilibre floral qui s’élève vers le ciel tandis que ses racines tirent leur nourriture de la boue ? L’expression vivante, en somme, de la « magie » tantrique et alchimique consistant à relier les extrêmes (ciel/terre) et à marier les opposés (boue/or après les avoir purifiés. Si la fleur de lotus fait figure du joyau issu de la fange, la feuille n’est pas en reste et éclaire un autre aspect de la « folle sagesse » tantrique : « Le péché n’adhère pas plus à celui qui connaît la nature intrinsèque que l’eau à la feuille de lotus », dit le Guyasamâjatantra. Privilégiant quant à elle l’image de la rose, l’alchimie occidentale lui confère sensiblement la même portée symbolique tout en suggérant qu’il faille, pour en respirer le parfum, en avoir d’abord, comme le Christ, enduré les épines.
Au pouvoir rédempteur de la souffrance, acceptée pour le salut de l’humanité, le bouddhisme oppose l’épanouissement serein de qui parvient à s’élever au-dessus de sa propre confusion et à s’émanciper de la boue karmique. Le lotus est d’ailleurs une fleur si emblématique de l’alchimie tantrique que Padmasambhava, son principal propagateur au Tibet, en porte le nom : « Né du lotus ». (p. 75)
Françoise Bonardel évoque pour nos caméras son dernier ouvrage: Des héritiers sans passé (Ed La Transparence, 03/2010).
La modernité doit-elle créer des déracinés ? Cette errance à l’échelle planétaire fait-elle partie de la marche progressiste de l’histoire ?
Loin de toute forme de passéisme idéalisant « le bon vieux temps », ou d’une vision duale (donc sotte) opposant Tradition et postmodernité, haute culture et basse culture, Françoise Bonardel nous exhorte à une réappropriation de notre passé sans aucune clauses restrictives, sans cette lancinante culpabilité qui voile notre discernement et nous empêche de prendre conscience de ce point de départ. Sans lequel aucune route n’est possible.
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