Octobre 2021. Ce récit démarre sur les chapeaux de roues avec un cadavre « tombé du ciel » sur une fontaine au milieu du jardin du Hilton de Yaoundé. Appelé sur les lieux en pleine nuit, le Colonel Ronin se heurte à l'hostilité ouverte du commissaire chargé des premières constatations : les Français ne sont plus les bienvenus au Cameroun… loin s'en faut !
Tout en haut du Hilton, dans une suite louée à l'année, Eric Ronin et son ami directeur de l'hôtel découvrent ensuite 2 cadavres ; celui d'une femme qui semble être une employée du locataire et celui de l'occupant habituel des lieux : Paul Bazzali, un français d'origine corse dont les activités passées étaient tout sauf légales… mais qui n'a jamais été inquiété par la police ni la justice.
De part ses accointances avec les milieux troubles, les hypothèses sur le meurtrier de ce vieux ressortissant français sont nombreuses et le Colonel Ronin va devoir enquêter dans de multiples directions… tout en tentant de ménager les susceptibilités des instances gouvernementales…
Mais ce récit se passe au Cameroun, où tout est possible…
Après avoir rencontré
Thierry Bonneau au salon de Nemours et découvert avec bonheur son 1° roman : Wahala, je me suis jetée avec enthousiasme sur L'expatrié dès sa sortie 😊
Avec Wahala, j'avais été séduite par une plume efficace qui n'est pas sans rappeler
Caryl Ferey, une ambiance décrite à travers ce Colonel Ronin dont on se demande s'il n'est pas un doub
le de l'auteur…, et la mise en lumière des rouages pervertis des instances dirigeantes au Cameroun,
Dès les premières pages de L'expatrié, je suis surprise et déstabilisée par le changement de comportement et de vocabulaire du Colonel Ronin
Là où il était dans la retenue, on
le découvre utilisant fréquemment un langage « olé-olé »… ce qui ne colle pas avec l'image que je m'étais faite du personnage ☹ d'autant moins que j'ai inconsciemment calqué ses traits et son attitude sur celles de l'auteur (lui-même Colonel, en retraite de la gendarmerie) … dont le comportement m'a semblé aux antipodes d'une attitude grossière.
Au fil des pages, il s'avère que le ton de l'auteur est beaucoup plus « cru » avec une avalanche de tournures vulgaires et de vocabulaire grossier dans la bouche de la plupart des protagonistes… dommage car cet excès qui me gêne n'apporte pas grand-chose à l'intrigue je trouve…
Bien que perturbée, j'ai décidé de passer outre et d'aller au bout pour 2 raisons :
- L'intrigue est bien construite avec une alternance de scènes entre 1968 et en 2021, accrochant au passage des événements réels de cette période et des personnes existantes,
- Ces jours-ci, l'actualité met la lumière sur le Cameroun et les exactions commises par des factions armées dans le Nord qui provoque une famine récurrente dans la population… hasard qui colle avec le roman et sa description sans filtre des instances dirigeantes de ce pays et des retombées sur les habitants…
Au final, un ressenti en demi-teinte avec un intérêt pour l'intrigue et ses liaisons avec des événements réels mais un certain malaise engendré par le ton souvent « graveleux »…
J'attendrai un prochain roman pour voir si ce tournant se confirme… ou pas 😊