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EAN : 9782874021541
317 pages
Mols (17/10/2013)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Comparant les paroles de l'évangile de Thomas avec celes des évangiles canoniques, l'auteur en dégage le sens précis... Cette nouvelle compréhension amène une série d'éclairages passionnants... cet évangile remet radicalement en cause le rôle de l'autorité religieuse... De multiples arguments sont avancés qui permettent d'affirmer que l'évangile de Thomas est antérieur aux évangiles canoniques et contitue très probablement l'écrit le plus ancien de la chrétienté qui... >Voir plus
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Cet évangile, le plus ancien texte du christianisme, apporte un éclairage fondamental. Croyant ou non, l'histoire de ce qui constitue la base de notre civilisation est un objet d'études important, en se gardant des a priori - anticléricaux comme apologétiques ou friands de spectaculaire. François de Borman, a publié son livre après 12 ans de recherche, et les autres commentateurs sont en gros sur la même longueur d'onde.
Cet évangile fut redécouvert en 1945, dans une jarre, en Egypte et longtemps gardé dans une banque belge, mais il est connu en partie depuis le 3ème siècle (papyrus d'Oxyrhynque). Au 4ème siècle, l'Eglise a fait détruire les textes non approuvés, et c'est par miracle que le témoignage dérangeant de Thomas a survécu avec d'autres retrouvés dans la jarre, dont un décret de l'évêque Athanase d'Alexandrie ordonnait la destruction.
Contrairement aux quatre évangiles canoniques, Thomas ne relate pas la vie de Jésus mais une série de 114 «logia», recueils de ses paroles. Ce texte court (17 pages) ne parle donc ni de miracles, ni de crucifixion, ni de «rachat», ni de résurrection !
Cette édition commentée juxtapose le texte de Thomas (page de droite) et ceux, sur le même sujet, des canoniques (page de gauche). Ce sont sauf exceptions (mais elles sont majeures) des paroles de Jésus bien connues, quoique traitées dans un autre esprit. Marc, Mathieu et Luc relatent souvent les choses dans le même ordre, mot pour mot, ce qui prouve une source unique. La transmission est surtout orale mais Luc (I, 1-4) explique «Plusieurs ayant entrepris d'écrire l'histoire des choses dont la vérité a été connue parmi nous... j'ai cru aussi... que je devais les écrire... après m'en être exactement informé». Il confirme donc l'existence de plusieurs autres évangiles avant lui.
Comme d'autres spécialistes, F. de Borman date l'évangile de Thomas des années 40 ou du tout début des années 50, ce qui en ferait le texte le plus ancien de la chrétienté (pp. 21 et 36), antérieur aux épitres et aux canoniques, suivant donc de très près la mort de Jésus, et donc a priori plus fiables et moins déformés par le temps. Avec la révolte juive de 66-74, les évangiles en forme de recueils de paroles cèdent la place à un genre narratif (biographies de Jésus).
On trouve confirmation de la date car Paul (1Cor 2.9) reprend quasi littéralement le logion 17 de Thomas après les mots : «mais, comme il est écrit...»,.or son épître date du début des années 50.
Thomas rejette toute approche doctrinaire et culpabilisante, tout comme Jésus (la femme adultère et la Samaritaine). Thomas veut faire prendre conscience, pas condamner ni imposer. Quant à Jésus, Thomas l'appelle «maître», et jamais «christ», «seigneur», «sauveur» ou «messie» termes tardifs, bien que dans le logion 13, Jésus dise «Je ne suis pas ton maitre» car il ne faut pas suivre des prescrits religieux imposés par un maitre, mais chercher les réponses en soi. Thomas ne parle pas de Jésus comme d'un Dieu, mais comme d'un homme d'une autre nature (logion 13). le rôle de l'institution religieuse n'est pas d'édicter des dogmes ni de dicter la conduite (logion 6). La critique des scribes est plus vive que chez les canoniques (logion 39): ils s'attribuent un rôle qui n'appartient à personne. La preuve que Jésus s'opposait à l'idée d'une autorité religieuse normative est que les prêtres du Temple ont voulu sa mort (Jean 18, 19-24) car «son discours rendait leur autorité caduque et leur fonction obsolète» (p. 31). Jésus eut des disciples, mais pas d'institution sacerdotale. Il avait «un discours libérateur reposant sur la confiance, au lieu d'imposer une doctrine» (p. 31), donc l'Eglise n'a pas à imposer des dogmes et des obligations, mais «la communauté des croyants a cependant son rôle en ce qui concerne la transmission de l'enseignement de Jésus» (p. 32).
La vision de la liberté (logia 13 à 15) se rapproche de celle de Paul (Galates) et de Jean (chap. V), lequel ne serait pas l'apôtre Jean, mais un autre Jean (voir le très intéressant livre de Jean-Christian Petitfils, Jésus, Fayard, 2011, et même le Jésus de Benoît XVI).
La différence capitale avec les canoniques est au logion 12. le successeur que Jésus désigne en réponse à une question (littéralement, «Qui sera alors grand au-dessus de nous»?), n'est pas Pierre mais Jacques, le solide chef de l'église de Jérusalem et frère, demi-frère ou cousin de Jésus (Mathieu 12, 46-50 et 13.55, Luc, 8, 19-2, Marc, 6.3 et Thomas, logion 99). Un leader succèdera donc à un autre. Thomas les met au même niveau. La phrase «Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Église» est douteuse, même pour E. Brow (Que sait-on du Nouveau Testament ?, Bayard, 2000, livre monumental résumant une vie de recherche, par un auteur catholique mais séparant foi et travail scientifique). D'ailleurs quel sens cela aurait-il pour les apôtres de parler alors d'une Église? Luc relate un conflit entre Paul et Jacques, et cite Jacques avant Pierre comme l'une des trois «colonnes» des apôtres (Galates, 2-9). le témoignage de Thomas en faveur de Jacques est d'autant plus crédible que Jacques était le plus rigoriste des apôtres, à l'opposé de Thomas.
Jacques, lapidé en 62, son courant a disparu après le sac de Jérusalem, au profit de Pierre dont les canoniques sont proches, ce qui expliquerait la défaveur du témoignage de Thomas. Que celui-ci désigne Jacques comme chef de la communauté est donc un indice majeur de l'antériorité de sa rédaction. Les Pères de l'Église comme les théologiens actuels confirment l'existence de groupes aux perceptions différentes et donc de témoins indépendants.
Reste un point que le livre n'approfondit pas. Thomas, témoin le plus ancien, ne parle pas de Jésus (disciple de Jean-Baptiste, voire un moment des Esséniens) comme d'un dieu, mais comme d'un «maitre» et il ne trouve digne d'être relatées que ses paroles, Pas un mot de la résurrection et du "rachat".
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Un ouvrage qui m'a inspiré dans l'écriture de mon livre sur l'évangile selon Thomas, "Explorer son Royaume Intérieur". François de Bormann a été le premier, à ma connaissance, à découper cet évangile en plusieurs parties et à proposer un titre pour chaque logion.
Le fait d'avoir accès aux citations des évangiles canoniques sur la page de gauche est très pratique.
Merci monsieur de Bormann pour votre contribution afin de mettre en lumière ce joyau de la spiritualité qu'est l'évangile selon Thomas.
Lien : https://luguernbernard.blogs..
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