Aujourd'hui je vais évoquer
le miroir de Bali récit autobiographique sincère de
Linda Bortoletto. Cet ouvrage s'apparente à un récit de voyage teinté d'une quête spirituelle et personnelle. L'auteure est une quadragénaire française dont la mère est indonésienne.
Le miroir de Bali raconte la traversée pédestre solitaire d'ouest en est de la partie septentrionale de Bali. A l'écart des sentiers battus, des plages bondées et des hordes touristiques
Linda Bortoletto est portée par le projet de marcher, de vivre Bali de l'intérieur sur des sentiers ne figurant pas sur les cartes pour s'approcher de villages isolés et de temples perdus. Ce voyage vers ses racines maternelles n'est pas immédiatement perceptible comme tel. Ce projet fait suite à un viol subi en Turquie synonyme d'une destruction et d'un traumatisme difficile à surmonter. Cela s'inscrit donc dans la poursuite d'un lent processus de réconciliation avec soi. Au fil des chapitres elle explique sa motivation et décrit les phases de sa rédemption et de son retour progressif vers la vie.
le miroir de Bali comporte plusieurs récits entremêlés : tout d'abord, la narration du périple de ces quarante jours entre rizières, volcans, jungles et plages. Finalement, l'autrice s'attarde assez peu sur le détail du parcours, sur les descriptions des chemins, de la nature et des paysages. Elle raconte les rencontres, la gentillesse des balinais et s'intéresse à leurs traditions et à leurs cultes. le récit de voyage est ponctué de nombreux éléments familiaux évoqués avec délicatesse et parfois une certaine rudesse. Sont ainsi mentionnés ses parents avec son père militaire, pilote, devenu alcoolique, et mort au moment du récit et sa mère indonésienne débarquée dans le nord de la France qui après sa séparation avec son mari part s'installer dans le sud. Cette femme immigrée qui après plusieurs décennies ne parle pas bien le français est l'archétype d'une intégration partielle même si elle n'envisage jamais d repartir en Indonésie. Linda reconstitue des fragments de son enfance, évoque son grand frère, dit l'amour de son père et son désamour vis-à-vis de sa mère. Ce voyage introspectif est l'occasion d'accepter et de comprendre qui elle est, de qui elle est la fille et d'où elle vient. Elle recherche ses racines maternelles, ses origines asiatiques longtemps reniées. Elle tente de reconstituer la scène épouvantable de l'excision de sa mère et de ses tantes. Ce récit n'est pas uniquement situé à Bali, elle retourne aussi à Jakarta et à Java sur les traces de sa famille. Enfin
le miroir de Bali est également la présentation de l'initiation spirituelle et religieuse d'une européenne yogi et intéressée par l'hindouisme et le bouddhisme. Son rapport à l'islam (religion maternelle) est plus distancé et fragmentaire. Ces allusions spirituelles sont centrales dans ce bouquin parfois avec des allures de développement personnel et quelques aphorismes ou formules un peu simplistes. C'est pour moi la partie la moins intéressante du livre même si force est de constater que cela en fait pleinement partie.
Le miroir de Bali est plus qu'une ode à la découverte de Bali ; c'est un texte de guérison, le récit d'un parcours de vie qui signe une émouvante réconciliation de l'auteure avec sa mère et ses racines indonésiennes. Elle décrit ses émotions, ses failles et ses forces, sa résilience après son viol qui n'est possible qu'en creusant dans les douleurs transgénérationnelles.
Voilà, je vous ai donc parlé du Miroir de Bali de
Linda Bortoletto paru aux éditions Payot.
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